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CRIS DU COEUR 02

Publié le par modimodi

1 A CŒUR OUVERT (SUITE)

Lettre à distance  1/3

9 Vous avez la chance de vivre dans votre couple une relation stable et continue.  Vous multipliez les petits gestes d'attention et de délicatesse, vous partagez dans la confiance les mêmes valeurs, vous construisez ensemble des projets, vous vous aimez tout simplement. Pourtant, vous avez beau être en état de claire voyance et capables d'entrer aisément en communion avec les pensées de l'autre, il est des impondérables, des jours d'absence forcée où même en tendant l'oreille, le vide instille le doute et fait craindre l'oubli. Rassurez-vous, nul danger ! Soutenez l'autre, expliquez-vous avec toute la tendresse patiente de votre cœur !

 9 Éloignement    Mon amie, mon bel esprit, c'est souvent que vous me dites ou m'écrivez: "Vous me manquez".

Ce soupir, cette plainte, ce reproche ou ce cri m'obsèdent. Qu'expriment-ils au juste ? Les ratés de notre liaison ? Ma maladresse qui a échoué à vous atteindre ou à vous toucher profondément ? L'envie ou le besoin exaspéré de me voir ou de m'entendre ? Le vide que mon absence crée en votre cœur ? N'est-ce pas plutôt une expression toute faite, corrélative du dicton : "Loin des yeux, loin du cœur !"

Dans les relations humaines qui unissent socialement ou affectivement deux êtres, la distance est une question primordiale. Comment se tenir ni trop près, ni trop loin pour éviter les confusions et les amalgames, l'oppression jusqu'à l'étouffement ou à l'indifférence ? Comment être en adhésion et pas en adhérence ? Quel espace choisir entre l'interstice et l'étendue, l'ouverture et l'impasse ?

En effet, sauf à choisir les tendres effusions d'un corps à corps, n'est-il pas préférable de veiller à conserver un espace instinctif ou négocié dans le face à face ? La fusion mène à la confusion et le miroir de soi en l'autre n'est qu'une psyché narcissique.

Dans les échanges de nos communications comme en amour d'ailleurs, je me plais à vous répéter : "Le plus délicat, c'est de gérer l'intervalle !" Cette gestion est d'ailleurs autant matérielle qu'affective. Qu'il s'agisse d'un départ ou d'une absence, elle s'exprime en intonations, en mesures de longueur et en temps ! Mais nombreuses sont les nuances entre "hors de vue ou hors de portée", entre "au bout du monde" ou "à des années-lumière" ! Importante est la différence entre : "ça me paraît long !" ou "mais, c'est un siècle !" ou encore "c'est une éternité !" 

L'absence, quand elle n'est pas synonyme de disparition brutale provoquée par l'exil ou la mort n'est souvent qu'un éloignement. Les degrés d'intensité de notre perception, notre sensibilité plus ou moins écorchée, notre humeur du moment peuvent nous faire croire à un abandon, alors qu'il ne s'agit souvent que d'une vacance limitée dans le temps.

Bien sûr, ce temps est un temps vécu et c'est le nôtre ! Inutile d'en démontrer ici, l'importance psychologique. Nous avons tous ressenti un jour, le poids de la durée de moments qui s'éternisent ou d'instants passés trop vite ! Le simple effet des intervalles de temps, pourtant strictement identiques, suivant qu'ils sont appréciés objectivement ou subjectivement, modifie notre perception !

Quand je vous dis, "Amour, je serai là dans une heure !" Le laps de temps peut être vérifié sur votre montre mais cette courte absence peut être aussi vécue différemment par vous. La conscience que vous éprouvez de la durée de ce temps est alors fonction de votre activité plus ou moins prenante ou de l'impatience irrépressible que vous manifestez pour mon retour ! Gérer l'intervalle, c'est admettre les décalages de nos sensations !

Je me permets d'aviver votre érudition. Vous savez fort bien que les philosophes Husserl et Bergson ont précisé ces notions en parlant, l'un de temporalité liée à l'activité et, l'autre de durée vécue, de temps ressenti ! Ne trouvez-vous pas que nous voilà d'un coup, l'esprit plus léger pour vivre ce manque, ce vide de l'absence ! Évidemment, chacun trouve et donne sa réponse dans le dialogue intérieur entre son cœur et son esprit !

Ne vous alarmez pas ! Comment pourriez-vous admirer le soleil qui vous éclabousse de ses rayons dans la flaque juste, devant vous, s'il n'y avait pas une distance entre lui, l'eau et vous ? Comment vous réjouir du chant de l'oiseau, s'il n'y avait pas un espace, entre votre oreille et lui, niché dans le feuillage ? Vous vous enchantez de cette vision et de cette perception sans vous inquiéter le moins du monde de cet écart de position... Alors, pourquoi vous contrariez-vous de l'éloignement passager entre vous et moi puisque l'amour rayonne en nous et que nos aveux fredonnent leur tendre mélodie !

Nous sommes vous et moi, en conjonction de pensées et d'intentions. Nous sommes étroitement attachés l'un à l'autre. Sachant que les parallèles de notre intervalle se rejoignent à l'infini d'un absolu d'amour, nous nous aimons, cœurs battants, d'élans en soupirs, à intervalles rapprochés. Nous convergeons dans l'attente d'une prochaine jonction. Notre couple est une alliance d'espoirs, une mise en regard dans la coulisse de notre intervalle.

10 - Soupirs romantiques 

Ma tendre amie, mon cher amour, je vous entends encore me murmurer : "Vous me manquez". Oh ! Je crois deviner ce que vous souhaitez !

Qu'à l'échelle du temps, je vous fasse la courte échelle, la plus courte possible !... Que l'espace entre nous demeure un espace vital !... Que cette interruption momentanée de l'image et du son ne soit pas la relâche de la représentation... Que nous ne soyons pas des intermittents du spectacle... Que mes acrobaties du cœur ne vous fassent pas le grand écart !

Mais je vous l'ai déjà expliqué, tout est relatif dans l'appréciation de l'intervalle de contacts entre deux êtres. Pour l'un, trop loin, pour l'autre, trop près !... La distance et le temps évoluent et se conjuguent dans l'estimation de l'attente des retrouvailles ! Hier, nous allions l'un vers l'autre, à pied, à dos d'âne, en diligence, en omnibus, aujourd'hui, c'est en avion !

Tout s'accélère, nos battements du cœur et nos mots d'amour ! De la missive en malle-poste, au télégramme et au mail instantané ! Hier, ma douce, nous avions nos soupirs pour faire entendre notre souffle, aujourd'hui, de la voix dans le téléphone au direct sur Skype, nos cris du cœur sont désormais parlants et expressifs !

Certes,  en voyage ou en mission, nous sommes tous deux, dans un intervalle espace-temps distendus et provisoirement séparés par nécessité. Mais comme nous savons garder le contact, nous ne nous perdons pas de vue !...  Vous apprécierez ici, l'ironie de cette expression populaire...

***Alors ? Même si chacun tourne dans son bocal, ne sommes-nous pas comme on dit "heureux comme des poissons dans l'eau"... même si, nous sommes vous et moi, bouche bée et inexpressifs, paralysés d'attendre. Nous nous efforçons simplement de ne pas nous écraser la tête sur la paroi de l'aquarium de la vie, où depuis belle lurette, nous avons appris à nager.

Attention mon aimée, ma chère absente, entendez-moi ! Je vous exhorte ! Ne souffrez pas de cet interlude, de ce simple battement du temps ! La non-présence d'un être cher ne signifie pas non plus l'oubli temporaire ou définitif. Elle peut n'être qu'une privation momentanée par impossibilité physique d'être ensemble.

Le rêve utopique de l'ubiquité pourrait prendre alors toute sa force dans "Être à la fois ici et ailleurs." Si physiquement, hormis en hologramme, cela reste impossible, par la rêverie ou les rêves nocturnes, par l'élan amoureux ou mystique, tout est depuis toujours réalisable.

Vous, sans doute, ne vous l'ai-je pas assez exprimé, mais vous réalisez ce prodige ! Vous êtes en moi, omniprésente sans le savoir et parfois même contre ma volonté, quand de manière inattendue, par flashes, vous vous insinuez en mes pensées, vous êtes une part de moi-même, une douce et charmante habitude, la volupté fugace d'un infini délice.

Il est admissible que l'absent qui fait défaut puisse laisser à son partenaire une impression de vide et de désertion. Celui-ci peut se sentir alors seul ou abandonné. Il peut comme le poète, s'isoler et se retirer dans "le vallon" pour épancher son cœur aux sources fraîches. Il ira peut-être se percher sur un promontoire pour orgueilleusement braver la tempête de son désordre amoureux ! Dans sa quête d'amour absolu, il déclamera aux nues sa mélancolie en traînant son ennui. Laissons-le tendrement souffrir et pousser son lamento romantiquement lamartinien : "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé !"

Mais cet état de retrait orgueilleux, de réclusion apitoyée traduit peut-être un manque de confiance dans la solidité de la relation vécue. En effet, l'incertitude spécifique de nos propres sentiments peut provoquer la crainte de tout perdre. Plus l'amour qu'on croit profond est effondré ou creux, plus nous nous enfonçons dans l'abîme de la dépression. Plus l'impression de vide nous happe et plus la séparation est un gouffre qui creuse notre cœur. Mais, je vous l'affirme, il ne saurait en être ainsi pour nous deux !

Au quotidien, le coude à coude, le côte à côte et la main dans la main sont bien sûr préférables au dos à dos ! Pour traverser l'existence, mieux vaut être proches dans l'effort qu'en opposition ou confrontation. Mais nous ne pouvons pas toujours être collés serrés, il faut aussi laisser de l'espace pour agir et individuellement prendre sa place dans l'action.

Mon exquise, il nous faut encore réserver de la marge pour permettre les ajustements du cœur et prévoir des interlignes pour que s'expriment ses silences. Il devient souvent nécessaire de prendre du recul pour garder la lucidité, conserver la vue d'ensemble et faire le point. Une relation est ainsi faite de constants réglages et de régulières accommodations pour conserver, à distance calculée, des perspectives constructives.

Se replier dans l'introspection douce et recueillie ne signifie pas prendre le large, se détacher de l'autre ou l'abandonner. Les sentiments ont besoin de la mécanique de précision du cœur. Le mien, vous le savez, bat au métronome du vôtre.

Pour vous, pour moi, les poètes l'ont chanté ! Amants unis ou séparés, nous ne pouvons nous approcher du soleil sans nous brûler les yeux. La lumière comme la liberté exigent de se tenir à distance du feu et des entraves. Tout au plus, pouvons-nous vivre les fulgurations de l'amour et tenter d’attraper comme les papillons le font, en frôlant les lucioles, quelques fugitives étincelles. Aimer, c'est chasser les ombres dans la transparence du cœur.

Mon amour de plein ciel, chacun de nous vit et parcourt ainsi son chemin de poussières et d'étoiles. Mais personne ne sait exactement estimer et précisément quantifier le temps des différentes périodes de la vie. Quels intervalles, quelles limites à l'enfance ? Quid de la maturité, de l'automne, de la nuit qui s'avance dans les ténèbres ? Y a-t-il des bornes à la douleur quand le temps coupe les liens ?...

Se plaindre de la distance est parfois le signe d'une propre crainte, celle de ne pas tenir soi-même la distance. Qui ne supporte pas l'espacement, souvent doute de lui. Alors, dans sa course contre le temps, celui-là ne sait pas prendre de pause et n'a pas encore perçu que le silence participe de l'harmonie.

Ainsi, en est-il pour tout homme de la petite musique du cœur. La pause, humble complice du silence n'est pas l'arrêt de la sérénade. Entre nous, pas d'arrêt définitif, pas de brisure, juste une interruption de la ligne, une discontinuité dans l'échange et la présence.

Nous devons être rassurés. Au lieu de nous séparer ou de nous diviser, nous prenons matériellement conscience que l'intervalle nous relie indéfectiblement l'un à l'autre. Il assure nos cœurs d'une permanence de sentiments. "Heureux les amants séparés / Et qui ne savent pas encore / Qu'ils vont demain se retrouver."

Lettre à distance    3/3

11 - Ultime intervalle

"Vous me manquez !" m'avez-vous crié ! Et souvent même, vous vous êtes montrée pressante.

Ma douce amie, vous devez savoir et vous en convaincre. Il faut des intermèdes dans une relation de couple, le désir d'amour se régénère pendant l'entre-actes ! Dans ces moments forts, il ne s'agit pas de manques mais de surabondance de plaisirs et de débordement de jouissances. La plénitude a besoin de transitions pour se ressourcer et subsister.

L'immédiateté ne fait pas durer l'amour à travers le temps. Entre la satisfaction et le désir, il y a parfois loin de la coupe aux lèvres. Alors loin de moi l'idée, mon amie, qu'une tendre relation peut survivre si on ne s'y attache que de loin. Il faut de la complicité et de la proximité mais paradoxalement aussi de l'audace pour expérimenter, jusqu'où aller ou ne pas aller trop loin.

La gestion de l'intervalle entre deux êtres suppose de la fermeté dans le sentiment qu'on éprouve. Elle requiert aussi de la chance pour ne pas être en porte-à-faux ou en décalage d'attentes et de désirs... Se rejoindre en ses pensées ou en ses rêves ne suffit pas.

A moins de mépriser l'autre, il n'est permis à personne de devenir hautain et lointain. Mais comme le voyageur en avançant croit voir reculer l'horizon, la passion qui nous anime repousse sans cesse nos limites. Non ! L'intervalle entre deux êtres n'est pas un piège dans lequel, on tombe comme dans un cul de basse fosse ! L'autre bien qu'absent est toujours présent au plus profond de notre moi secret ! Aimer c'est prendre sur soi, avec soi et en soi ! Aragon l'a chanté :

« Mon bel amour, mon cher amour, ma déchirure

 Je te porte dans moi comme un oiseau blessé

Et ceux-là, sans savoir, nous regardent passer

Répétant après moi, les mots que j'ai tressés

Et qui pour tes grands yeux, tout aussitôt, moururent.   

Il n'y a pas d'amour heureux. »             

Tâchons l'un et l'autre de faire mentir le poète ! Le manque n'est un risque que pour les défaillants, ceux qui se renient eux-mêmes en manquant à leur parole intime. Qui se dédit se trahit lui-même ! Les fugueurs des amours buissonnières se volatilisent comme leurs serments de sable gonflés par les tourbillons du vent. Le mot "lâche" porte en lui cette richesse sémantique du pusillanime faible, du traître méprisable et du capitulard qui a desserré le nœud de sa promesse.

Même dans les intervalles d'une relation, il faut se tenir de près, à ses convictions. Vous avez raison. Y mettre trop de distance, c'est s'exposer à être soi-même distancié, à errer entre deux souvenirs, à s'égarer entre deux engagements. L'homme n'est fait ni pour l'esquive ni pour le renoncement mais pour l'affrontement avec l'avenir. Il doit d'ailleurs y laisser sa vie. Ainsi moi, je ne passe pas, je demeure. Vous êtes en sûreté avec moi, près ou loin de moi.

Vous et moi, nous ne sommes ni ne serons jamais divisés. Nous nous tenons dans l'unité du temps, la poésie, la beauté et le vent. Vous êtes la fleur qui se donne au fruit. Moi, j'habite à jamais votre mystère, l'espace secret de votre solitude et je cours heureux comme un enfant, vers la source de votre regard intérieur. Nous ne sommes qu'une trace, un sillage dans l'azur, la preuve du risque d'aimer.

Oh ! Amie, je sais que vous savez, qu'il nous faut rester encordés et ne pas distendre le fil du vivant. Sur notre chemin de vie, il vaut mieux aller et progresser sans se retourner. Je veux à jamais chanter et murmurer en vous. L'amour dans notre intervalle aura toujours le dernier mot... Mais un jour, j'espère lointain, il faudra provisoirement se séparer. La mort comblera définitivement l'intervalle d'avec la vie !...

Ce jour-là, dans le bruit des cymbales sonores du destin, retentira le "dies irae, dies illa". Alors, porté par les anges qui nous ont escortés, viendra se poser à jamais en votre cœur, cet oracle des mots de René Char : "Ne te courbe que pour aimer. Si tu meurs, tu aimes encore."

DEUXIÈME partie : coups de cœur

12 CDC - Tendres assauts

Le quotidien de ceux qui s'aiment et se le prouvent tient dans la constance. Dans les cris de joie, les soupirs ou les tendres déclarations, les amants s'abandonnent et se confient. Ils s'étonnent parfois du merveilleux d'une telle longévité qui bouscule l'urgence habituelle qui s'impose en cas de raison impérieuse.

Quand un écrivain avoue son amour, il cherche à exprimer les raisons de sa passion et à comprendre comment le sentiment amoureux a pu à ce point le troubler et l'envahir de toute sa puissance. Peut-être vous-mêmes, vous êtes vous interrogés ?

12 Force majeure

Ma douce amie, au début, je croyais que je n'écrivais que pour moi, pour le plaisir étonnant des mots, pour exprimer la multitude incontrôlée de mes sensations, dénouer mes idées de leurs imprécisions, confier mes sentiments à cette confiante page blanche et donner vie au dialogue interne entre mon esprit et mon cœur.

Je pensais que composer m'apportait une densité et un équilibre, tel le funambule sur le fil de la plume. Tout en grâce et légèreté mais à la force du poignet ! A présent, je sais que j'écris aussi pour Vous. Et même si vous me trouvez trop sérieux dans cet exercice jugé pontifiant, je viens vous prouver ici que je suis bien votre captif dans l'empire de vos sens.

Je vais encore vous parler d'amour de ma voix mélodieuse et vous faire mes yeux doux. Laissez-vous lentement enchanter. Mes doigts qui se nouent aux vôtres tissent la tendresse avec la force des fils de soie. Mes mots ont la force d'un vin qui enivre. Nulle dysharmonie, je suis à l'encontre de vous comme l'ombre dans le tableau. Vous pouvez vous abandonner, les yeux mi-clos, je me glisserai dans le demi-jour.

Ma douce amie, ici-bas, chacun choisit son mode d'approche et cherche à en doser l'intensité. Vous le savez mieux que moi ! La relation que nous portons aux événements ou aux individus dépend bien souvent de nos intentions personnelles. Prendre connaissance d'une situation, aborder quelqu'un, réaliser une tâche, etc, nécessitent en permanence d'ajuster nos actes à la situation. Rien n'est constant, ni figé.

Entre les rubans de vos bras, comment pourrais-je jouer les gros bras ! Non ! Me glisser avec bonheur et en langueur, en puissance contenue comme en finesse délicate sont chez moi des différences d'approche, à chaque fois que je me blottis contre vous. Ma force n'est pas uniquement physique, elle est de caractère, de grandeur d'âme, de noblesse de cœur ainsi que d'éloquence. Nulle impression d'y être obligé, aucun besoin de me forcer car votre finesse, votre gentillesse et votre grâce sont vos vertus et des exemples à suivre comme à atteindre...Vous m'offrez le paradoxe de donner de l'intensité à mon existence par votre simple douceur de vivre.

D'ailleurs, en général, personne n'aime la contrainte. Quand la nécessité s'impose par la force des choses, l'inéluctable est rarement apprécié. L'absence de choix ou de liberté d'action est plutôt vécue comme une atteinte personnelle et un obstacle au droit d'indépendance.

C'est ainsi et vous en connaissez la rigueur ! Dans les cas extrêmes de force majeure, nous n'avons pas la possibilité de faire autrement. Dans ces inévitables situations, si les causes comme les conséquences varient de l'une à l'autre, elles ont pourtant un point commun, celui d'ôter le poids de notre responsabilité humaine. Un tremblement de terre, un raz-de-marée, un cas imprévisible nous libèrent ainsi de nos obligations. Sauve qui peut !

D'ailleurs au risque de vous interloquer, je m'interroge sur notre propre situation. L'amour passionné que je vous porte n'est-il pas lui-même, un cas de force majeure ? Souvenez-vous en ! J'ai frémi à votre vue puis tremblé de peur de vous perdre. J'ai été emporté par vous, submergé par l'émotion, noyé dans la houle argentée de votre regard marine. Je n'y étais pas préparé. J'ai sombré, je suis un rescapé...

Ce fut soudain et brutal, semblable à l'expression du coup de tonnerre dans un ciel serein. J'éprouve encore la sensation contrastée de sa douceur ouatée et de l'intensité de la déflagration. Vous êtes venue à moi, délicate et violente à la fois. J'ai vibré, j'ai fondu dans l'alliage secret des éclairs et des couleurs de l'arc-en-ciel de vos yeux. Je fais partie de vous comme l'oiseau à la brise avant le vent d'orage. Je suis noué à vous, vous m'avez graduellement serré dans les nœuds de l'amour, je suis enrubanné d'une écharpe d'iris.

Évidemment des questions se bousculent. Suis-je seul responsable de cette surprise fortuite ? Est-ce un bienfait du destin ou une catastrophe naturelle ? En cas de dommages futurs entre nous, pourrai-je invoquer la clause accidentelle du cas de force majeure ? Sous le coup de quelle puissance suprême, suis-je tombé ? Fait-elle force de loi ? Si je suis forcément impliqué, suis-je à jamais engagé au point d'aliéner définitivement ma liberté ?

Donnez-moi de l'assurance avant notre prochain assaut d'amour !

13 - Tour de force

Ma douce amie, le proverbe a sans doute raison : "Plus fait douceur que violence." L'inattendu nous a, un jour, saisi le cœur et troublé notre esprit.

Au-delà de la bouleversante brusquerie de notre rencontre, c'est ensemble que nous avons choisi la tempérance et l'aménité. Passé le choc du premier contact, nous  avons décidé, en partage, d'accepter les coïncidences de nos bouts de chemin commun. Nous nous prenons par la main pour mieux tenir la route.

Pas besoin de passer en force pour imposer à l'autre, une position. Personne n'a la haute main sur l'autre ! Quand nous cherchons à prendre le dessus, c'est pour camper sur la meilleure des positions, celle du plaisir et demeurer le plus longtemps possible, sous son emprise. En confidence, je vous avoue que je ne refuse jamais votre excitante emprise et votre jouissive domination. J'admire même le doigté avec lequel vous dominez et maîtrisez votre sujet. Ô combien ! J'adore mourir d'amour, écrasé par vous !

Dans ce quotidien apaisé et serein, inutile de faire montre de véhémence pour distiller un avis ou avancer une opinion même divergente. C'est en dehors de toute volonté d'inféoder ou d'aliéner l'autre que nous favorisons le dialogue. Pas de désapprobation imprécatrice, la voie de nos coquines réjouissances se parcourt à pleines voix de jouissances.

Nous dominons nos instincts et nous matons nos révoltes internes lorsque l'agacement nous gagne. C'est ainsi que nous gardons notre vigueur pour mieux nous cabrer dans l'intimité. Notre force d'endurance s'affirme toute entière dans la durée de notre ténacité. Nous résistons aux coups de boutoir des jours et nous rions de l'affolement des tempêtes dans nos verres d'eau et nos tisanes.

A force de vivre, nous n'échappons pas au commun des mortels. Bien sûr, la routine cherche toujours à nous prendre par subtile force en imposant ses rituels. Mais nous luttons contre ces habitudes du quotidien qui, dans la recherche de sécurité, chloroforment nombre de couples. Nous ne voulons pas à toute force d'un bonheur sans nuages !  Par delà les caprices de notre ciel changeant, ses brumes et ses grisailles, ses tourments d'ardoise ou de plomb, nous aspirons sans cesse à la lumière.

A l'abri des orages, nous cherchons à nous étonner l'un et l'autre de nos différences. Si nous nous affrontons, c'est dans de tendres et délicieux duels. Et, mon Dieu, quel bonheur quand nous tombons à la renverse ! Nul besoin d'être une force de la nature pour laisser parler la force de nos natures !

Nulle sauvagerie où nous chercherions à contraindre l'autre et à le prendre de force. Non ! Par surprise à la rigueur mais toujours sans effraction. Je n'ai jamais eu besoin de le fendre ou de le briser pour que vous m'ouvriez spontanément votre noble cœur. Bien au contraire, nous nous donnons libres et consentants, à cœurs ouverts, à corps offerts.

Ma douce amie, nous nous aimons en réinventant les mots et en augmentant les preuves d'amour. Nous cherchons inlassablement à en varier les expressions et les nuances dans toute la force du terme ! C'est même là, notre constante obligation comme notre tour de force : créer de la durée en multipliant, à longueur de temps, de minuscules instants comme autant d'étincelles de petits bonheurs.

Ces lucioles d'éclats de joies et de rires dansent sur nos vies sans faire peser le fardeau de l'âge. Nous restons jeunes, nous pourrions dire, encore et toujours, dans la fleur comme dans la force de l'âge ! Si nous prenons de l'âge ingrat, c'est toujours de l'âge tendre, c'est à jamais de l'âge d'or.

14 - Force d'inertie et de frappe

Ma douce amie, où réside donc cette force qui nous porte et nous transporte ?

Même si nous nous donnons corps et âme, je ne parle pas ici, de force d'âme ! Nul courage particulier, nul acharnement comme nul effort de volonté pour affirmer notre vigueur amoureuse ou prouver notre endurance. Nul besoin de nous faire face, il suffit de nos tendres face-à-face !

Il faut bien l'admettre, il n'est qu'une seule force qui soit irrésistible, c'est celle de l'amour. Bien malin qui pourrait en connaître la manière forte avec laquelle, il nous enveloppe de son armure et nous rend sans résistance.

J'oserais prudemment avancer que sa plus grande puissance réside peut-être, dans son apparente force d'inertie. Car voilà, qu'il nous saisit en douce au moment où nous croyons dur comme fer, que rien ne peut nous arriver ou nous atteindre. Il endort notre vigilance.

Peut-être même qu'il s'infiltre en nous dans la léthargie de nos pensées rêveuses, dans l'atonie de notre cœur lent, dans l'indolence de notre volonté quand nos désirs se font poussifs et nos besoins passifs. Il trompe ainsi notre confiance et subitement emballe nos émois, réveille nos appétits, excite nos envies, exalte nos sentiments.

Nous voilà vivaces comme des plantes longuement engourdies, au sortir de l'hiver, comme de la sève impatiente, en promesses de fleurs... Nous nous réalisons alors dans l'éclosion de nos élans, dans l'amplitude de nos intentions et la fougue de nos attentes. L'impatience nous provoque. Nous voilà aiguillonnés, piqués au vif, attirés et attisés. L'amour déploie ses attaques et fait parler sa force de frappe à petits coups de cœur.

L'aveuglement qui nous saisit et que d'aucuns appellent éblouissement est une feinte violence et une tendre agression que nous transfigurons pour l'être aimé en parlant de son éclatante beauté. Nos sens sont avivés dans une extrême exaltation. Nous nous brûlons les ailes au brasier qui les enflamme. Notre raison chavire quand nous parlons d'aimer à la folie, notre vie s'abandonne quand retentissent les murmures et les cris de mille : "je t'aime, je t'aime à la folie". Et chacun se donne à bouche que veux-tu, et chacun se jette impétueux, à corps perdu.

L'ardeur donne de l'audace. On se griffe, on se mordille, on brûle sur des charbons ardents. Au paradis des divins bonheurs, l'amour a la beauté du diable et même le diable au corps ! Qu'on se le dise et qu'on le proclame par prévention ! Lucifer est un ange qui vous fait perdre patience et vous dote de la ruse d'un fieffé diablotin. Sans sauvagerie, il vous contraint à en venir aux extrémités, jamais les pires mais les meilleures ... Le plus réservé se dévoile sous l'emprise de ses pulsions. Dans le miroir des illusions hypnotiques, chacun est fasciné par l'autre. La liberté se rend. Les yeux et les corps se révulsent. La passion est d'enfer !

Entre cris et murmures, gémissements et soupirs, la volupté est souveraine. Synonyme de délices, elle nous emporte unis, au plus haut point de fusion. Elle n'est plus qu'acmé dans le paroxysme des ivresses, dans le déluge des caresses, dans la frénésie érotique. Les licences de la chair nous élèvent d'extase sexuelle en apogée sensuelle…"Ô mon céleste amour, ne descendons plus !"

Confusion amoureuse : Ordre et désordre des sens 

15 CDC  Entendez combien l'amour nous comble de ces bienfaits. Il est des cris du cœur qui montent jusqu'au plus haut dans l'espace et se glissent jusqu'au plus profond dans votre intériorité. Ils s’accrochent en tremblant aux manifestations de tendresse et de jouissance poussées à leur paroxysme...

15 Ma tendre amie sait fort bien comment m'émouvoir. Qui vous dira les plaisirs subtils d'être dérangé par l'amour, de perdre la notion du temps, la raison et le souffle ? Ah ! Le divin bonheur des désordres amoureux, de la confusion des idées et des sentiments : l'exaltation, la crainte, la folie et les manques !

Ah ! Comme sont troublantes ces amourettes apparemment sans queue ni tête, qui finissent par vous la faire perdre dans le désordre d'un tête-bêche ! Oui ! Je connais cette impression de ne plus savoir ni qui on est, ni où l'on est, quand la perte totale des repères vous rend illuminé, ébloui, incertain, indécis et hagard ! Quand vous êtes à la fois et la glace et le feu, la pâleur et la fièvre !

La volupté des plaisirs et la perturbation de toutes les sensations exacerbent votre perception. Vous êtes magicien, poète et voyant rimbaldien "par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens." Vous perdez la tête, la passion vous grise, vous échappez comme Baudelaire, au spleen, à la fuite du temps et à la pesanteur du présent. Vous êtes lyrique et symboliste. Une incantation s'élève : "Enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise, mais enivrez-vous ! "

Votre cœur est un espace à trois dimensions, vous voyez des étoiles. Vous exaltez vos impressions. Vous pressentez les règles de l'harmonie dans le trouble qui vous envahit. Vous avez tant de plaisir que vous ne cherchez pas à mettre bon ordre à votre désordre intérieur ! Vous murmurez comme Phèdre :

"Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;

Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue ;

Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ;

Je sentis tout mon corps, et transir et brûler."

Oh ! Mes tendres et belles amoureuses ! Ô toi, mon amour absolu ! Dans les licences de l'abandon, nos corps ont des excitations érotiques. Dans le pêle-mêle de nos ébats, nous goûtons aux bouleversements des plaisirs effrénés. La liberté de nos désirs nous met en débauche d'extases et de frissons. L'enfer des sens nous conduit tout droit comme des amants, au septième ciel des jouissances paradisiaques.

Dans la grâce du temps qui nous est donné mais compté, nous frémissons encore de tout notre être. L'espace d'un éphémère moment d'abandon et d'extase, nous nous prolongeons dans les ondes du temps d'aimer. Notre fidélité n'est qu'un sillage à l'écume des jours. Nous savons qu'il faut renaître bien au-delà de nous-mêmes pour engager en nos cœurs et imprimer en nos chairs, les instants de l'éternité.

En amour, la raison est le purgatoire de la sagesse, la pénitence de la réflexion, la convenance du devoir. Aimer, c'est lâcher prise !  Ainsi avant la contrainte sociale, le premier obstacle est d'abord en nous-mêmes. Nous sommes nos propres tabous. Les sentimentaux amoureux ne deviennent pas tous de bons conjoints aimants. Former un couple n'apporte pas non plus la garantie formelle de ne faire qu'un, surtout si l'attachement fait défaut ou si la versatilité cède au moindre trouble.

L'émotion rosissante est toujours provisoire, l'incertitude est l'écrin écarlate de l'éphémère beauté. Seul l'amour est durée, inépuisable dans le temps comme une promesse infinie. Il nous lie jusque dans la mort, par-delà l'oubli. En attendant, nous survivons dans la finitude et "l'insoutenable liberté de l'être". 

Sens inverses : sentimentaux ou insensibles  1/3

16 L'amour charnel et mystique nous transporte sur un petit nuage, pourtant il faut bien à regrets, redescendre un moment et se maintenir dans l'éclaircie.

Intéresser l'autre, éveiller son intérêt et le maintenir n'est guère chose aisée. Se tenir ni trop près, ni trop loin, sans brusqueries, être expressif et explicite pour s'assurer que les sens de l'être aimé soient au diapason des vôtres, que les mots échangés aient les mêmes significations tient du grand art d'aimer.

N'être ni insensibles, ni exagérément sentimentaux, perdre à condition de les retrouver ses sens, éviter les quiproquos et ne pas se laisser berner par ses présupposés peut-être salutaire pour qui veut connaître les délices de l'amour.

Y aurait-il un sixième sens ?

CDC 6 16 Cœur de pierre !

Ah ! Mes amis, jusqu'où peut-aller l'esprit critique ou de contradiction ! Je connais des êtres qui ont perdu le sens commun, les cinq sens courants, devrais-je dire !

Ce sont des personnes complexes, expertes en confusions sensorielles et sémantiques de toutes sortes. Jugez plutôt au travers de ces trois cas !

Celui-là n'y voit goutte mais tout aveuglé d'amour, il l'aime ! Ça crève les yeux. Il bafouille. Il n'a plus qu'une vue brouillée en provenance de son pauvre esprit ! Il boit ses paroles comme on boit du petit lait ! Il la dévore des yeux et pour être mieux en vue, la noie sous un flot de mots onctueux et crémeux !

Trop, c'est trop ! Elle s'agace car il la tanne de ses assiduités débitées d'une seule traite ! Il ignore qu' elle est plutôt du genre peau de vache et soupe au lait et qu'il est inutile de lui en mettre plein la vue. Oh ! Pense-t-il, "visiblement, elle n'y comprend goutte".

Elle le repousse aussi sec ! A la longue et à bout de patience éprouvée, il finit même par lui sortir par les yeux. Elle n'a rien laissé voir, il n'a rien vu venir. Il peut aller se faire voir avec ses gros yeux doux et pleurer comme un veau. Tant pis ! Manque de pot ! Plus de roses en boutons que des fleurs de mouron ...

Mais, par bonheur ! Ah !  Mon Dieu ! Cette autre frimousse est bien différente : une petite et jolie fleur bleue, aux yeux iris, appelée Véronique. Il la ressent à fleur de peau. Mais il a beau l'avoir dans la peau, il n'en aura aussi que peau de balle et chagrin !

Il a beau l'approcher avec tact, la frôler, l'effleurer et lui conter fleurette. Peine perdue ! Si, exalté, il ne touche plus terre, elle l'évite puis le fuit. Il en pince pour elle, mais elle ne ressent rien pour lui. Il a le cœur tendre, elle a la peau dure et le cœur dans les chardons et les ronces ! Il s'y écorche vif tandis que rien ne la touche ni ne l'atteint.

Il est pathétiquement attendrissant car il s'émeut à fonds perdus. Elle ne sera pas sa bonne fortune mais il ne ressent même pas venir la ruine de ses espoirs. Elle a mis dans le mille de son cœur mais il n'en tirera pas d'intérêt. Ses cadeaux répétés lui coûtent la peau des fesses mais elle ne se laissera pas toucher. Il ne réussira qu'à toucher le fond de son propre désespoir et y laisser sa fortune et sa peau blême...

Ah ! Celui-là par contre, c'est en toute innocence qu'il a timidement tendu l'oreille pour écouter battre son cœur... Mais entend-on battre un cœur de pierre ?... Pour Pygmalion et Galathée, pour Auguste et Camille, Aphrodite a tous les pouvoirs pour enlacer les corps et sculpter les désirs dans l'offrande d'un Baiser... Mais qui sait ! Sont-ce les sens qui exaltent les sentiments ou les sentiments qui avivent les sens ? Qui peut entendre le cri du cœur dans la pierre froide qui se fend ?

Mes amis, vous en avez déjà tous fait l'apprentissage. L'amour vous retourne et vous met la tête à l'envers... Vous voilà, avec tous vos sens, désorientés, sens dessus dessous. Ah ! Vous pourriez sûrement nous en conter du ravissement tactile de ces plaisirs pêlemêles quand les corps sont sans dessus ni dessous, sens devant derrière et vice-versa !

Oui ! L'amour à la page s'imprime recto verso ! Oh ! Les divins instants des désordres amoureux quand tout s'oppose et se confond. La syntaxe des délices s'applique méthodiquement dans l'inversion des sujets et l'extase déploie sa puissance symphonique dans la gamme accordée des cinq sens affolés.

Admettons-le ! Il est indispensable d'aimer l'amour pour bien le faire comme il est inutile de faire le beau pour apprécier la beauté. Entre force et faiblesses, chaque amant est tenu de faire ses preuves ! La tendresse et la jouissance se nuancent dans le creuset des synesthésies ! L'ivresse du poète se manifeste dans le dérèglement de tous les sens. Il faut être intensément vivant pour pouvoir mourir d'amour.

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 CDC 7  17 Cœur girouette !

Mes amis, en plus de nos cinq sens, peut-être que l'amour est le sixième sens !

Tout le bonheur ou tous les maux sont contenus dans ce mot de cinq lettres. Une fois qu'on le prononce, tous nos autres mots n'ont plus autant de sens ou déjà moins de force. Plus rien n'est simple ni évident tant il trouble notre perception. 

Le son des mots n'est pas palpable ! Nous ne saisissons et n'entendons que ce qui nous convient, sur l'instant. Nous nous jouons nos propres tours. Ce ne sont pas nos sens qui nous abusent, c'est nous qui nous abusons. A tel point qu'on peut se demander si l'amour et la raison sont contenus dans la même conscience...

Dans les échanges amoureux, dans les fascinations muettes entre tendres regards comme dans les dialogues, il n'est aucun de nos sens qui ne soit pas alors, à double sens. Car l'autre en face à face est déjà physiquement et en posture à l'envers de vous. De plus, ce qu'il entend et perçoit de vous est équivoque dès qu'il passe le filtre de son expérience... Ce qui s'est imprimé en lui, en bons ou mauvais souvenirs, vient à votre écoute, influencer et colorer immédiatement dans son regard, ses sensations. La mémoire du cœur est toujours la plus prompte à réagir.

Chercher le bon sens est donc inutile ! En amour, chacun a raison : celle que l'autre a perdue à vos yeux sans le savoir!... Il n'y a pas d'erreur de jugement ou d'appréciations, il n'y a que de mauvaises interprétations. Quand vous le constatez, dites-vous que vos sens vous ont égarés et vous l'ont fait, comme on dit, à l'envers ! Vous êtes seuls responsables !

Au risque de vous choquer, mes amis, j'affirme que, dans les vis-à-vis les plus attendrissants, il n'y a de symétrie que dans les oppositions posturales. Chacun est pour l'autre en réciprocité mais la ressemblance des sourires exprime déjà d'imperceptibles divergences. Ce qu'on croit compatible, un jour, vous rend inconciliables plus tard... Un cœur girouette peut bien perdre le Nord au vent des amourettes. Le coq du clocher "coquerique" toujours, plumes au vent et dans les tourbillons de ses caprices !

L'amour est absence de sens. Seules vos sensations ont le sens de l'exprimable. Car vous donnez aux mots un pouvoir qu'ils n'ont pas, un sens qu'ils n'ont pas. Pour vous rassurer, vous leur prêtez un sens, trop souvent unique. Vous leur donnez la signification qui vous rassure. Vous accrochez ainsi votre raison aux apparences. Ce que vous pensiez être un sens premier est en réalité, un sens figuré. Simple question de bon sens !

D'ailleurs, chacun croit d'instinct avoir le bon sens inné et pouvoir donner ainsi le sens juste à ce qu'il perçoit ou éprouve... Quand vous croyez posséder le pouvoir de donner la signification exacte, au sens large du terme, l'exercice du sens critique devient un art suprême que ne trouble même pas, le sens consommé du ridicule.

L'amour ne vous laisse aucun répit. Il vous interpelle dans tous vos sens. Il réveille vos instincts, éveille votre intuition. Sans un bruit, sans un son, il frappe à la porte de votre cœur, il tambourine, il s'imprime en votre chair, vous fait frémir et rougir. Il brouille votre esprit, parle à votre conscience, trouble votre lucidité, électrise votre sensualité. Il voile votre entendement et déchire le ciel serein des évidences, d'éclairs de déraison.

Vous pouvez chercher à le fuir. En vain ! Nulle direction où il n'exerce pas impérieusement ses sens. Il contrarie vos humeurs et les met en mouvements. Il renverse vos a priori, désarçonne vos convictions, vous fait chuter en tombant sous le sens.

Il n'y a pas un endroit vide de votre existence où ne subsisterait pas la plus petite parcelle de sens, même pour ceux qui pensent que la vie n'a aucun sens ! D'ailleurs, ceux-là rebroussent chemin mais finissent par se retrouver à leur point de départ après avoir  longtemps tourné en rond et en eux-mêmes.

La conviction d'opinion est ainsi !... Un enfermement à sens giratoire et unique, tandis que la contradiction n'est que la prise d'un sens inverse, estimé exclusif et unique par ceux qui vous refusent la priorité... De fait, certains chicaneurs se complaisent à donner de la voix. Ils se perdent pour finir sur la voie de la raison, constatant qu'ils ne parlent qu'à des sourds, gambadant, insouciants, écouteurs sur l'oreille.

Sens inverses : sentimentaux ou insensibles   3/3

 CDC 8  18 Réel ou virtuel ?

Mes amis, chers contemporains, entendre, c'est exercer le sens de l’ouïe en mettant en jeu son intelligence. Entendre, c'est prêter attention et affirmer l'intention de sa volonté. Entendre, c'est comprendre la voie à prendre dans l’écho des murmures ou des hurlements, dans le souffle des voix, dans les craquements de notre conscience.

Voilà pourquoi, il est difficile avec l'autre de se comprendre vraiment mutuellement. Soi-même, on ne fait que se répéter en puisant inlassablement dans son intériorité, tandis que l'autre vous fait entendre jamais rien de pareil. Mais cet autre que vous croyez rencontrer est déjà quelque part en écho, au fond de vous ! Illusion du savoir et de la fausse impression comme de la perception ! Toute connaissance est une reconnaissance, comme l'exprimait Bachelard.

Quand par hasard, entre deux êtres, les pensées et les mots sont identiques, chacun crie au miracle de l'amour et croit comprendre l'autre. Illusions métaphoriques ! Le dialogue n'est qu'un monologue à deux ! Il rassure sur l'instant. Chacun ne comprend que lui-même dans la coïncidence avec l'autre. Il le comprendra un jour, souvent trop tard, en effilochant à regret ses tendres souvenirs.

Les amours virtuelles des idéalistes romantiques comme les échanges sur les réseaux sociaux sont, par nature hertzienne, des vibrations à distance d'eux-mêmes et de leurs interlocuteurs. L'inconnu et l'anonymat sont des refuges qui leur permettent d'exercer sans danger, leurs sens. Mais leur nature facétieuse ou trop naïve s'amuse parfois à le leur faire à l'envers ! Certains ne font plus la différence entre réel et virtuel, s'abusent eux-mêmes et finissent par y croire !

Spectacle affligeant et grand-guignolesque quand une âme éplorée se plaint de la méchanceté d'un internaute, qu'il ne connaît même pas ! Risible commentaire quand quelqu'un en arrive à ressentir le parfum dégagé par la photo d'une rose ! Abusés peut-être par le lointain souvenir de leurs amours épistolaires, les Facebookés et les Googlisés illustrent l'adage populaire de l'amour qui vous met au parfum !

Âmes en peine, en permanence sur votre écran, il vaudrait mieux ne pas répondre sur le champ et demeurer post, restantes ! Votre interlocuteur n'est qu'un leurre pour tromper votre solitude et vous faire croire que vous avez de vrais amis ! Gardez donc vos distances, hésitez à donner immédiatement la répartie aussi facilement que vous distribuez vos bisous à tous vents !... Dites donc ! Qu'est-ce que vous avez comme besoin de reconnaissance et comme manque d'affection !... Allons ! Ayez plutôt l'esprit de l'escalier que celui de l'escalade dans une quête effrénée de virtuels témoignages !§§Le monter marche à marche ou le descendre quatre à quatre n'est qu'une question de rythme, de sens et de souplesse. Mais personne ne parvient comme Escher, à contorsionner son esprit ou son cœur pour les plier en sens inverse afin d'être dans le bon sens ! La conversion est souvent perçue comme un miracle !§§Amis, soyez convaincus qu'il n'y a pas de sens contraire et que vous ne pouvez offenser le bon sens. Ceux qui en parlent le font souvent en rétrogrades, en dépit du bon sens, qu'il soit commun ou pratique, profond ou figuré. Le temps lui-même n'a qu'une sagesse. Quel que soit le sens dans lequel tournent les aiguilles de la montre, la course contre la vie passe toujours devant l'heure fatidique et s'arrête au cadran du destin, sur le bon chiffre. §§C'est le sens de l'histoire, de la grande comme de notre petite qui s'éternise à compter les saisons et à s'effrayer des contretemps. Quand sentons-nous qu'il est l'heure ou qu'il est déjà trop tard ? Serons-nous un jour prêts à affronter l'adversité des jours ? Le faut-il, d'ailleurs pour goûter dans la joie aux savoureux plaisirs de la vie ?§§ Le hasard a sans doute un sens qui reste caché à notre entendement. Nous cherchons vainement à lui en donner un, dans l'aléatoire du sujet pensant ou de la providence. Quand nous en ressortons découragés, nous avons encore un mot, le dernier : nous crions au non-sens !... Alors, si pareil cas s'impose à vous, dites-vous que vous venez à coup sûr, d'atteindre le cul-de-sac et le trou noir de votre lucidité ! Vous ne savez pas répliquer. Vous êtes vous-mêmes, votre propre adversaire en échec de concordance de temps et de sens.§§ Il ne vous reste plus que le sens moral pour constater l'effondrement progressif des valeurs et vous consoler de votre impuissance à surmonter votre ignorance. Il vous faudrait sans cesse entrer en résistance contre vos croyances et combattre la facilité des opinions répandues. Aller à la rencontre de l'amour exigerait parfois de savoir aller à l'encontre de soi-même. §§Aimer exige des amants de savoir exercer, non pas la taquinerie des petits anicroches-cœur mais de pouvoir exprimer leurs sens créateurs. Si on n'invente rien dans l'amour, on ne copie pas non plus. Chacun développe son originalité sensible, sa singularité émotionnelle. §§Vous avez sûrement fait votre devoir quand l'autre ne retrouve plus l'usage de ses sens et juge vos témoignages insensés dans l'abondance des plaisirs que vous lui offrez. Sur la route du bonheur, tout vous est permis sauf la panne des sens !§§Vivre, c'est assurément, se laisser surprendre pour laisser l'amour vous toucher le corps, le cœur et l'âme.

 

 

 

  TROISIÈME PARTIE : DROIT AU CŒUR

Au goût du jour    1/2

19

Les mots du quotidien participent de la saveur et de la croustillance de la vie amoureuse. Au banquet de l'amour, la table est chaque jour dressée et servie.

Vous devez en être convaincus après tant de prévenance. Le feu de la passion doit être entretenu, la flamme doit chatoyer dans les cœurs et le charme de la vie partagée perdurer entre les conjoints.

Dans les dialogues, la créativité du langage, l'expressivité des élans est un gage de longévité dans un climat de douce entente. Il prouve la joie, la vitalité de leurs sentiments, leur tendresse et leur attachement.

Vous-mêmes,  pourriez-vous l'exprimer ainsi...

CDC 62

19 Dégustation

Ma douce amie, ma mie fondante et désirable, je vous livre cette croustillante réflexion provoquée par ma faim brutale de vous.

L'amour, (pardonnez l'image grotesquement gloutonne), c'est un peu comme la cuisine à l'heure du déjeuner ! Le cœur, comme une casserole sur la flamme a des pointes de chaleur et l'un rougit et l’autre frémit... Après le coup de foudre et les éclairs dans les yeux, voilà le coup de feu !

D'ailleurs, à bien y réfléchir, dans l'existence, nous n'avons pas le choix, nous devons toujours être "dans le coup" ! Qu'il soit du tonnerre comme un coup de cœur foudroyé ou retentissant comme un petit coup de canon, entre deux coups de fourchettes ! Il faut goûter la chance de vivre avec son temps et ses contemporains. Pas de temps à gaspiller pour retrouver le temps proustien, perdu à l'inlassable recherche du temps des souvenirs, ces vieux croûtons de pain durcis et de plaisirs émiettés.

Comme disait l'amateur de confitures, il faut avoir du pot en deux coups de cuiller à pot... et ce, bien avant de sucrer les fraises. Bienheureux celui qui près avoir ramener sa fraise devant la jolie "Garriguette", la plus belle de la garrigue comme l'appelait son père, a obtenu un baiser de sa bouche rouge, charnue et sucrée. L'amour est ainsi, tout en grâces comme la vie tout en coups de grâce !

Avant de vivre son dernier jour, il est recommandé de tenir fermement le coup et surtout d'être "au goût du jour" ! Mais une telle expression peut être mal perçue et sans doute semer la confusion chez ceux qui ont tendance à mettre un peu trop souvent les pieds dans le plat des platitudes et des convenances.  Elle risque de tomber au plus mal parmi ceux qui subissent, endurent et dégustent et qui, du coup, ne sont plus du tout dans leur assiette.

La langue française regorge d'expressions pittoresques et saisissantes. Pour exprimer nos ressentis, la nature nous a doté de cinq sens et donné le formidable et facétieux don des doubles sens !

En effet, dire de quelqu'un qu'il est "au goût du jour" peut être une appréciation ambiguë ! Car il est des jours frais, tendres, de mie craquante et moelleuse pour notre pain blanc quotidien et des jours tenaces, cassants, croûteux comme certains pains rassis. Des jours interminables où les heures s'émiettent dans des tas d'événements gris, un peu durs et malgré tout collants de poisse.

Si le jour évoqué fait référence à un jour juteux, couleur d'orange comme le soleil d’Éluard, s'il se réfère à un jour tonique de peps et de punch comme celui qui, en plus de vitaminer votre énergie, vous met l'eau sucrée et le nectar à la bouche, le jugement alors, est assez flatteur. Si, c'est au contraire un jour banal ou pauvre et chiche comme un jour sans pain, la sentence est plutôt péjorative. Cette expression marque autant la pénurie de l'individu dans sa situation la plus ordinaire et la plus désolante que l'indigence de l'avis émis, voire de l'esprit de celui qui l'exprime.

A bien y réfléchir, dans l'épaisseur des jours compacts, tout est toujours affaire de goût ! Notre vocabulaire courant nous trahit et marque nos penchants immédiats. Il montre ce bel appétit que nous avons de mordre à belles dents dans la pomme d'amour de l'existence en laissant de côté les pépins.

De même, il n'est pas non plus ici question de se laisser rouler dans la farine, de faire un four ou de finir dans le pétrin. Certains mettent d'ailleurs tant de cœur au ventre, qu'ils poussent le moelleux raffinement à porter la brioche.

D'ailleurs, excepté quelques chichiteux qui ont tendance à minauder sur le menu de l'existence, nous demandons simplement du bonheur gourmand et voulons le garder longtemps, pour la bonne bouche ! Du prêt à mâcher, à humer, à croquer. Pas du tout cuit !

Nous avons besoin de dévorer des yeux, d'activer nos mandibules et de nous faire titiller les papilles par des plats sans platitude, légers et savoureux. Nous voulons des heures de douceur pas de fadeur, de l'onctuosité et du velouté. Nous voulons de la fraîcheur du jour et de la finesse dans la production des événements comme dans le choix de nos rencontres. La dégustation peut alors commencer. Le bouquet promis est un bouquet garni de senteurs et de saveurs, une explosion de parfums, un feu d'artifices d’arômes exhalés s'élevant au summum de l'extase et de l'enchantement.

Nul besoin de fioritures et de chichis, de risques ou d'audaces pour offrir une élégance naturelle dans une présentation assumée. Il n'y a qu'une apparente antinomie entre classique et original quand la signature affirme une vraie personnalité.

Si tous les goûts sont dans la nature, vous, ma savoureuse, mon délice quotidien, ma douce et parfumée, ma délicate friandise, vous incarnez pour moi, le mystère de la nature dans ce qu'elle a d'essence originelle. Ainsi en est-il de vous dans votre beauté la plus pure et votre créativité la plus instinctive.

Assurément, l'amour exalte nos cinq sens ! Mais mon exquise, encore faut-il être un véritable esthète !... En suis-je d'ailleurs un pour vous ? Suis-je au diapason de votre enchantement, dans le ton et dans les notes de votre symphonie ? Trouverai-je l'accord parfait ? N'ai-je pas un style disgracieux et trop commun, n'ai-je pas tendance au mauvais goût ? Comment me tenir en cohérence et symétrie synesthésique, en eurythmie et en joliesse avec vous ?...

Pardonnez-moi d'insister et de douter. Mais ne suis-je pas trop brut et même un peu maladroit dans mon approche empruntée, trop pauvre, trop simple et trop terne dans ma présentation, trop banal et trop primitif dans l'élaboration des motifs de nos rencontres ? Ne vous apparais-je pas trop artificiel et trop discutable dans ma soudaine sophistication, trop inconsistant et ennuyeux, médiocrement insipide en regard de votre finesse de pensée et l'élégance naturelle de vos propos ? Vous me donnez de l'émotion et de l'inspiration mais sais-je l'exprimer en retour et l'exalter à l’intensité de votre charme comme à la hauteur de votre noblesse d'esprit ?

Oh ! Ai-je raison amour, quand avec votre consentement, vous vous laissez délicatement déguster comme un fruit mûr, de m'exclamer alors, que vous êtes pour moi "au goût du jour" ! Oh ! Non pas à la mode éphémère et visuelle comme dans ces prétendues nouvelles tendances vestimentaires qui, bien souvent sont déjà vues, voire revues. En effet, les nouveautés résident souvent dans les variations infinies du style, des coupes, des formes et des matières ! Alors que l'innovation se crée et s'affirme surtout dans l'inventivité et l'adaptation, le détournement et la transformation. Elle est due à la personnalité non conformiste et parfois excentrique du créateur. Elle est chez vous délicieusement originale et inspirée, brillante et lumineuse.

Si vous êtes naturellement "au goût du jour", vous ne l'êtes pas comme ces snobinardes ou ces ingénues semblables, en quelque sorte à ces plats en vogue, à ces fruits redécouverts ou à ce curieux et savoureux légume de saison oublié. Non ! Évidemment rien à voir avec la dernière et fameuse spécialité du nouveau restaurant branché et étoilé ou à comparer au must publicitaire du moment, à avaler et à saucer au fast food ambulant !

Non ! Vous n'êtes pas seulement à mon goût mais vous êtes surtout "au goût du jour", ce jour parfait, pur et lumineux, toujours nouveau qui m'est offert chaque matin, dès que vous m'ouvrez les bras !

20 Au goût du jour et de la nuit !

Oh oui ! Vous êtes ma douce, ma mie tendre et savoureuse que je dévore à belles dents de la chance. Alors, ne m'ôtez pas ce moelleux pain d'amour de ma bouche !

Oh non ! Quand j'écris que vous êtes mon amour, "au goût du jour, je ne le fais pas sur le mode d'un guide de gourmandises et d'exigences culinaires. Je ne suis pas vote critique gastronomique amoureux. Je n'évoque pas les arômes alléchants qui émanent de la cuisine de nos bons et fervents offices. J'évoque bien plus que la saveur de nos relations. Je parle d'affinité, de prédilection, d’irrésistible attirance, de préférence inconditionnelle, d'un pur et fidèle attachement par la création d'un lien.

Je ne parle pas de savoir-faire et de techniques mais de délices subtiles, d'alliances recherchées, de délectation raffinée, de succulence exquise. Vous êtes au goût du jour : amoureusement sensible en nuances légères, en parfums délicats pour ma langue et mon palais. Je suis gourmet plus que gourmand. Je suis plus dans le désir que dans la faim, prêt à l'explosion de mes sens diurnes ou nocturnes.

Je m'épanouis dans la bonne chère. Vous aimer ne demande pas de faire pénitence pour péché de chair. Vous êtes, au goût du jour ou au goût de la nuit, un plaisir délicieux qui n'exige pas de mortification. Des coquines confidences échangées sur l'oreiller à la célébration érotique en recherche de jouissances extatiques, j'ai le subtil plaisir de goûter à votre beauté et de m'en délecter jusqu'à en défaillir. Je m'abandonne à l'innocence offerte de vos charmes dévoilés dans le raffinement épicurien et fusionnel de nos corps et de nos esprits.

La sagesse populaire nous rappelle qu'on ne discute pas des goûts et des couleurs. Aussi, quand je vous évoque, mon amour, je ne parle jamais en émettant de vulgaires opinions individuelles où le meilleur comme le pire se côtoient dans la médiocrité ou l'excellence. Je ne porte pas de jugements superflus et à l'emporte-pièces où il y a, en général, autant à boire qu'à manger. Je n'ai nul besoin de me tenir dans une faconde bourrative comme le font annuellement les critiques dans leurs guides gastronomiques. Avec vous, j'évoque l'art dans ses codes esthétiques. Je parle d'accords et d'harmonie, de dons et de talents, de secrets et de grandeur d'âme.

Qu'importe que mes jours soient comptés, je ne vis pas au jour le jour ! J'ai la sensation euphorique d'une continuité dans le partage de chaque instant et d'une virtuosité maîtrisée dans votre contemplation.

En votre présence, je ne saurais être un homme en manque de goût. Votre esprit est tout en tact pour approcher délicatement les autres, aborder leurs mystères et pénétrer en intelligence leurs pensées. Vous imprimez votre style, vous les impressionnez par votre grâce naturelle, vous donnez avec constance de l'intérêt et de l'intensité à leurs jours.

En affinité autant qu'en attraits, je peux, jour après jour, affirmer que vous êtes "au goût du jour" et belle, comme le jour qui point. Instantanément, vous lui donnez sa lumière et sa fulgurance. Dès que se déchirent les tentures fauves de la nuit, vous, dans la première étincelle de l'aube, en un éclair vous sublimez le monde par la flamme de vos yeux. De l'aurore à la brune, vous lui donnez votre clarté. Votre regard la tamise à travers la soie de vos cils. Vous cousez la nuit à vos rêves et la lune aux étoiles.

Vous n'opposez jamais les lueurs aux ténèbres, vous les unifiez dans les ondes de votre magnétisme et vous les décomposez en mille couleurs de votre rayonnement solaire. Vous vous propagez en moi, vous vous y condensez et vous éclairez chaque particule et chaque point de mon existence. Vous irradiez chaque vibration pour que nous soyons intensément et ensemble sur la même longueur d'onde. Votre chant d'amour est le cantique des quantiques.

Chaque étoile filante a le goût du jour infini de votre éternité solaire. Vous êtes au goût du jour comme le feu à la flamme, comme la lumière du ciel au travers du vitrail. Vous êtes le pavé mosaïque en la cathédrale de ma vie, vous êtes la flèche gothique qui transperce la nuit des temps de mes jours noirs ou blancs.

Abracadabrantesque !  1/2

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Pourtant tout n'est pas idéal. Avant de partager le festin de l'amour, avant de croiser l'ange tombé du ciel, de rencontrer le grand et bel amour, Éros, ce petit dieu capricieux ose vous résister.

Il vous faut parfois forcer le destin, avoir recours aux incantations et formules magiques pour séduire et plaire à celui ou celle qui prend de plus en plus de place en votre esprit et bouleverse vos sentiments.

Alors, avant de désespérer,  vous pouvez toujours essayer de suivre ces curieux conseils...

CDC 71

Abracadabra !

L'amour est insensé et incroyable, aberrant pour un cœur errant ! Ô ciel, il est démentiel !

Ô vous, que j'ai croisée, vous, qui occupez mes pensées, vous, qui faites battre mon cœur, je voudrais parvenir à vous émouvoir, à mobiliser vos rêves et vos désirs. Je serais prêt à me damner pour y parvenir.

Je sais qu'il existe de vieux grimoires, emplis de puissants secrets, des potions aux effets extraordinaires mais je n'en possède pas. Je ne connais aujourd'hui que deux formules magiques, presque ritualisées : "Sésame, Ouvre-toi !" et "Abracadabra !"

Ma charmante, ma mystérieuse, c'est pour vous que je répète obstinément ces incantations bénéfiques et que je convoque les esprits ! Je veux des sortilèges et des envoûtements ! Je veux vous subjuguer, vous affrioler, vous enjôler et vous ensorceler ! Je veux que vous succombiez, emportée dans les transes de la passion ! "Abracadabra !" vous frémirez, palpiterez et vous envolerez tel un ange. L'amour va vous donner des ailes ! "Abracadabra ! Abracadabra !" Quand vous serez sur votre petit nuage, je vous mènerai, au 7ème ciel !

M'entendez-vous, ma lointaine et farouche, ma fleur sauvage, belle rebelle à mes avances ? En votre absence, je marmonne ma mélopée et je la psalmodie  en ravivant votre image enfouie dans mes souvenirs. Oh ! Je passe probablement aux yeux des autres pour un radoteur bougonnant, un marmottant d'un autre temps.

Oui ! Je récite cet enchantement, pouces et index joints en forme de cœur. Je le répète et le murmure inlassablement en vous lançant, lèvres serrées, cœur grand ouvert, à chacun de vos passages : "Abracadabra ! Abracadabra !"

J'épelle à l'endroit et à l'envers, cet oracle au mot étrange et cabalistique. Je l'ai d'ailleurs définitivement associé à votre nom et rangé dans mon portefeuille, afin de toujours, le porter côté cœur !

Je ne mesure sûrement pas toute sa puissance ésotérique mais je suis convaincu que ce talisman d'origine grecque, formé à partir des noms mystiques des dieux Abrasax ou Abraxas, ne peut être qu'efficace pour enchanter vos sens et entrer en votre esprit pour le enter ! Sa survivance au fil du temps prouve sa force occulte.

"Abracadabra !" La formule a fait ses preuves. On l'utilisait autrefois, comme inscription, sur les papyrus et les amulettes, sous la forme d'un triangle inversé, afin d'éradiquer le mauvais sort et les maladies ! Je m'en sers à mon tour, pour que le destin nous soit commun et favorable. J'attends que mon chant magique chasse les maléfices et combatte tes réticences. Hélas !J'additionne les intentions et vous, sans vous soustraire, les retenues. "Abracadabra !" "Par ce charme mélodieux, vous resterez sous mes charmes et vous porterez comme un charme !"

Par contre, si l'amour est comme on le dit, une maladie et que nous sommes atteints de la même affection, alors je ne veux pas guérir ! Aux grands maux, les grands remèdes ! Notre amour est un amour sorcier ! Qu'il se transforme aussitôt en danses et antiennes rituéliques. Qu'il éloigne les malédictions et prenne la force d'antidote et de contrepoison pour le fiel des pensées et de vos mots ! Qu'il garantisse la longévité de notre future union et l'éternité de notre bonheur ! Personnellement, j'y crois, dur comme fer !

Par Thor, je dresse mon épée flamboyante ! Voyez ! Notre amour rayonne, il est lumière créatrice. Il fertilise vos sentiments et apporte la flamme ardente et lumineuse qui va réchauffer puis incendier votre cœur trop froid !

"Abracadabra ! Abracadabra !" Pour vous, j'ai fait miennes, ces paroles secrètes, attestées par différentes origines orientales. N'ayez pas peur ! Elles parlent de détruire les obstacles pour recréer un monde meilleur, de déchaîner la foudre pour brûler et réensemencer. Sur la terre natale de notre amour, laissez s'exprimer la rosée des bienfaits de cette bénédiction.

Moi, j'en ai fait la sentence de l'amour ! Oui ! Je veux moi aussi, anéantir vos hésitations et vos craintes pour créer un climat de confiance au royaume de nos émois naissants. Je demande pour vous, le plus grand des coups de foudre et pour nous, les protections tutélaires, porteuses de félicité !

Ne prenez pas ma passion à la légère.  Ne restez pas incrédule ! On dit que la formule "Abracadabra" est bien réelle ! Elle a été retrouvée sous forme de sceau. Elle correspond à une formule magique de la Gnose grecque et de la pensée pythagoricienne. C'est un signe symbolique et mystique en rapport avec la totalité céleste et divine ! Que demander de plus ?

Elle se présente parfois sous la forme bizarroïde d'une silhouette humaine, à tête de coq et aux membres inférieurs en forme de serpent. "Cocorico ! Ksss ! Ksss" ! Non ! Ne craignez rien ! Vous pensez bien, qu'avec cette effigie et ces cris,  j'espère pouvoir efficacement, conjurer le sort, inverser les signes et conserver ma noble prestance. Je ne passerai, jamais pour un mariole ou un guignol, à vos beaux yeux ensorceleurs. Ksss ! Ksssss ! Je ne rampe pas devant vous en susurrant : "Ayez confiance ! Ayez confiance !

Si par destin contrarié, je devenais un amoureux, au comportement abracadabrant, peut être même, un ridicule abracadabrantesque, j'aurais alors échoué ! Toutefois, si j'étais incapable de conquérir votre cœur sage et trop fier, j'aurais au moins gagné la rive de la poésie ! Car, c'est Arthur Rimbaud, mon frère, qui aux pieds d’Érato, dans trois versions différentes intitulées : "le Cœur volé", "Le cœur supplicié,"  "Le cœur du pitre", a créé en 1871, le vocable : "Ô flots abracadabrantesques // Prenez mon cœur, qu'il soit sauvé ! // Ithyphalliques et pioupiesques // Leurs quolibets l'ont dépravé !"

Bien sûr, je me suis, moi-même, jeté à l'eau et à vos pieds mais je n'ai pas mérité aucune des tristes infortunes rimbaldiennes ! Je ne vais pas davantage me noyer dans une goutte d'eau ou glisser en perles salées de votre regard noyé par une vague d'émotion.

Pareil sort me parait d'ailleurs invraisemblable, car j'assure avec prudence, ma réussite, même quand pour vous, je n'hésite pas à me jeter à l'eau. Je me ferais nageur-sauveteur et serais même, pourquoi pas, prêt à m'inscrire à l'école du cirque de la vie pour apprendre tours de magie et de passe-passe ! Vous voyez, moi, votre drôle de numéro j'envisagerais pourquoi pas de me mettre aux numéros d’agilité mentale.

Jusqu'à présent, je n'arrive pas encore à vous hypnotiser, mais peut être qu'en vous captivant, je vous ferais captive, et vous emporterais dans un songe étoilé ! Vénus nous attend.

Dans notre monde d'illusions, comiques parfois pour le peuple des naïfs et des incrédules, j'ai compris que la plupart des charlatans ou des prestidigitateurs utilisaient cette formule magique afin d'entrer en contact avec les ondes surnaturelles. Invoquant les esprits du monde paranormal, ils s'exclament et ponctuent leur spectacle d'un solennel "Abracadabra !", pour attirer l'attention du spectateur, au moment de la transformation ou de la disparition de la personne ou de l'objet...

Sans bouger de son fauteuil, on peut, à toute vitesse, tomber de la lune, à la renverse et bouche bée en rester bêtement sur le cul ! La crédulité et l'émerveillement sont alors, vraiment abracadabrantesques.

Je vous avertis donc, ne trouvez pas bizarre, si je me présente à vous, avec cape, chapeau et baguette ! Je veux être l'enchanteur de vos jours et le magicien de vos nuits ! Je veux vous émerveiller, vous sidérer et je promets de vous mettre des étoiles plein les yeux, avec l'adresse d'un illusionniste ! "Abracadabra !" vous ne m'échapperez pas ! "Abracadabra !", d'amour, vous tomberez dans le creux de mes bras !

22 Ultime enchantement : Sésame ouvre-toi !

Vous m'avez subjugué et fasciné, je suis ensorcelé par vous. Vous êtes féerique et magnétique ! Je fais assaut de compliments et de petits cadeaux pour que vous vous intéressiez à moi.

Je croise les doigts, invoquant la clémence des astres et je répète des formules magiques. J'implore Hécate, Erictho, Canidia et Pamphile et je blasphème. Mon chat noir sous le bras, mon corbeau sur l'épaule, mâchant la mandragore, avec lutins et farfadets, je m'adonne à d'étranges rites, toutes les nuits de pleine lune et de sabbat : "Abracadabra, vous tomberez dans mes bras !" "Abracadabra, c'est moi, que vous aimerez !"

Pour conjurer sorts et maléfices, je parcours la lande avec les korrigans. J'implore les fées Viviane et Morgane, Alcine, Mélusine et Merlin l'enchanteur pour qu'ils vous imprégnent de leurs pratiques secrètes. Comme cela ne suffit pas, que vous restez hésitante, que votre cœur balbutie des sons à peine audibles, je redouble mes "Abracadabras" et je vous lance en alternance de vibrantes incantations : "Sésame, ouvre-toi !"

Vous devez être convaincue que, sans fin, je me ferai medium, devin ou exorciste. Je m'adonnerai à l'alchimie, aux magies noire et blanche. Pour vous marabouter, j'écrirai  votre prénom en lettres de sang de poulet sur un papier aux étranges vertus occultes. Je le brûlerai en répétant à mi-voix dans le miroir magique, la formule secrète de l'envoûtement. Vous viendrez à moi à travers les fumerolles.

Je convoquerai les esprits, interpréterai les signes, élèverai des crapauds, des rats, des araignées et des vipères. Je ferai macérer les herbes dans mes cornues, je boirai les potions de mon chaudron bouillant, scruterai les ténèbres et les ombres, inventerai sans cesse des charmes et des philtres d'amour pour multiplier à l'infini, mes chances !

Inutile de me dire : Du balai ! Ce n'est pas sorcier, je ne renoncerai jamais à vous. Je suis, que diable, un esprit biscornu ! Alors, "Sésame, ouvre-toi !" "Ouvre-toi enfin !"

Vous, qui vous présentez à moi, comme une plante généreuse, en promesse de fleurs. Vous, qui me défiez avec l'air de me dire : "Prenez-en de la graine", ce "Sésame" a toutes les chances de vous toucher et de développer ses charmes magiques ! Il va vous ensemencer pour vous émerveiller !

Savez-vous, esprit parfois rebelle, que le sésame est à la fois une plante oléagineuse et une formule mystérieuse ! Comme j'observe d'ailleurs que le sésame a vos faveurs, en boulangerie, en pâtisserie, en hamburger et en nougat chinois, j'ai, je le pense, toutes mes chances. J'ai d'ailleurs subitement une pensée vraiment bizarre. Je me persuade que s'il m'arrivait de vous raconter des salades, votre côté écologique trouverait sûrement réconfort, dans la douceur de l'huile de sésame !

Ce sont leurs fleurs, en forme de doigtier et les fruits capsules, qui produisent les précieuses graines, dont on tire de l'huile. Le dictionnaire des symboles dit, qu'en Chine et dans l'Orient ancien, on attribuait aux graines le pouvoir d'allonger la vie et de fortifier l'esprit. Aujourd'hui, les Indiens en ont fait un symbole d'immortalité !... Puisse notre amour devenir éternel et nous unir à l'infini !

S'il s'agit de donner de la longévité à notre passion, je suis tout disposé à casser la graine avec vous, à en porter en talisman. Je suis même prêt à faire des cures de sésame et à cuisiner à l'huile ! Mais je ne veux pas frire plus longtemps à vous attendre ou finir dans l'huile bouillante de mon impatience énamourée ! Sous prétexte de composer un onguent au sésame, ne m'enfarinez pas non plus et ne faites pas de mes aveux et serments, une collante et pâteuse bouillie !

La formule connue des "Mille et une nuits" : "Sésame, ouvre-toi !", ouvre à Ali Baba et aux Quarante Voleurs, la grotte aux trésors. Elle leur donne accès aux richesses. Elle est probablement à mettre en rapport avec la capsule, qu'il faut briser pour obtenir les graines ! Moi, je vous la dédicace, car je veux, plus que tout, décadenasser votre cœur, mais pas le fracturer ! Il faut cesser de croire que je suis de la mauvaise graine ! Je germerai en vos pensées, fertiliserai vos désirs, triompherai des entrailles de la terre sous la protection de Déméter.

Que cette formule ouvre donc, toutes les portes fermées : le coffre aux secrets de vos sentiments, la cage à l'oiseau volage des mille et un plaisirs et le palais des délices virginaux. Il n'y a pas d'obstacles au véritable amour ni d'interdits au bonheur ! Que cette formule nous donne les trésors, dignes de votre cœur d'or, brulant dans l'athanor ! Mais à moi, d'ouvrir l’œil sur tous ceux qui vous approchent et vous convoitent mais plus encore, à moi, de vous ouvrir mes bras et mon cœur, encore et toujours !

Bien sûr, en apprivoisant les mirages, nous apprendrons ensemble, à prononcer : "Sésame, ferme-toi !" Nous tracerons le cercle magique du bonheur, que nous ceinturerons hermétiquement. Nous y enfermerons les doutes et les peurs, nous retiendrons prisonnières les trahisons et les déceptions, nous tiendrons en séquestre, les fantasmagories et les enchantements. Nous nous tiendrons sans danger, dans la béatitude et la félicité.

Notre couple confiant et serein sera pour toujours une envoûtante caverne d'Ali Baba et notre amour, gardera le précieux "Sésame" !...  Nous passerons à nos doigts l'anneau magique qui nous ouvre à l'éternité. Nous resterons amants car nous avons toujours, nos extraordinaires tous premiers grigris ! "Abracadabra !" "Abracadabra !"

 Revenant : retour à l'envoyeur    1/2

23 Quand la magie de l'amour a fini par opérer, pour faire perdurer la félicité, il convient d'être constant et fidèle, au risque de vous perdre dans les errances de l'amour en fuite et qu'il vienne hanter vos jours et vos nuits.

Vous en connaissez l’implacable raison... Elle s'est éloignée de vous. Vous la cherchez en vain. La maison est vide. Vous guettez le moindre bruit en l'interprétant comme une réponse, comme un signe énigmatique mais providentiel.

Vous seriez prêt à croire en l'au delà, à entrer en communication avec les esprits ! Vous espérez un prodige, vous attendez l'impossible. Car oui ! Vous l'aimez toujours intensément. Vous prenez le ciel à témoin, comme s'il pouvait vous répondre et vous rassurer. Elle, vous la désirez avec une telle intensité que, du fond de votre découragement, vous l'interpellez  de tout votre cœur, en cherchant à faire resurgir l'intimité complice d'un passé récent. Mais le sort vous a ensorcelés.

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Esprit, es-tu là ?

Ma douce amie, mon bel esprit ! Quelle aventure !

Éprouves-tu les mêmes tourments que ceux qui m'accablent ? Toi et moi, jusqu'à quand devrons-nous ainsi subir les assauts de tant de phénomènes bizarres ? Car déjà, nous n'en revenons pas ! N'avons-nous pas l'impression que les ectoplasmes sont partout, errant entre les vivants et les morts ? Ils nous entourent et nous cernent de leur présence invisible et s'agitent silencieusement dans l'ombre. On voudrait les happer, ils nous échappent dans un frôlement, un bruissement, un murmure ou un courant d'air. Présence muette ou bruit indéterminé, illusion visuelle ou suspecte imagination paréidolique... Et pourtant, la feuille s'envole, le rideau tremble, la lampe clignote, la flamme de la bougie vacille projetant des lueurs qui découpent des formes fantasmagoriques au plafond et des figures fantastiques sur les murs, le plancher craque et la lune mouvante agite les voiles pâles des nuages en fuite. Autant de signes et d'appels discrets, autant de phénomènes inquiétants et de manifestations mystérieuses qui nous offrent leurs sortilèges.

L'existence elle-même nous nargue, nous défie, nous prend à revers et dresse en permanence son médius provoquant. Qui nous suit, sans bruit, quelle ombre marche ainsi devant nous ? Pourquoi cette impression troublante de n'être pas seul, d'entendre la voix du vent ? Pourquoi cette fumée, cette brume soudaine et cette pensée insolite qui vient parasiter le raisonnement ? Pourquoi cette intuition illuminative au cœur de cette fugitive idée ?

Te rends-tu compte à quel point l’environnent est devenu étrange ? Un jour, que je lui confiais mon étonnement devant ces signes insolites, quelqu'un a osé me traiter d'imbécile, de faible d'esprit. Voulait-il me faire croire qu'en tant que simple mortel, seul Dieu, l’Éternel était un pur Esprit, insensible à la présence de l'au-delà ?

***Depuis, j'avoue humblement n'en être toujours pas revenu sans pour autant croire fermement aux formes fantastiques, aux paroles énigmatiques, aux fantômes ou aux revenants. D'ailleurs,  pourquoi aurai-je déjà la mort dans l'âme ?... Oh non ! j'affirme que je n'ai pas perdu l'esprit et que malgré les souffles invisibles, Dieu ne m'est toujours pas apparu.

Qui devrait-on charger d'enseigner à nos petits frères humains, qu'ici-bas tout est, en même temps, constant et inconstant ? En général, au fil du temps qui s'étire, force est de constater que les pensées noueuses et tirées par les cheveux se démêlent et que celles qui partent en quenouille, se débobinent et se cassent de manière inexpliquée. D'ailleurs, tourmenté et hanté peut-être, quelqu'un d'un peu retors se croyant de mèche avec l'écheveau de sa conscience, en vient parfois à s'écrier craintivement : "Esprit, es-tu là ?"

Toi, tu le sais d'expérience, la chance et le destin sont souvent de bonheur contradictoires. L'existence elle-même est maintes fois une histoire de retour de fortune voire même de retour d'âge, surtout dans l'amer constat qu'il est devenu trop vite ingrat. Quand ce n'est pas celle tant attendue des revenants, du retour du héros, du soldat ou de l'être cher ! Orphée, Iseult, Pénélope et tant d'autres qui se pressent dans la file des héros mythologiques ou du quotidien ! Tant de voiles blanches ou noires qui transportent nos désirs et nos rêves de lumière et d'étoiles ou qui ramènent de lourds chagrins chargés de pluie pour les ruisseaux de nos yeux tristes et des tourments noircis de suie pour nos nuits d'hiver aux plaisirs engourdis.

La vie qui fait son cinéma permanent nous offre, à longueur de toiles blanches, l'onirisme des tourments d'amour comme de terrifiantes et éthérées apparitions nocturnes. Les êtres venus de l'au-delà nous offrent de lumineuses apparitions de spectres souvent plus invraisemblables que réellement horrifiques ! Beetlejuice en est l'illustration comique. Mais leurs errances dans des cimetières aux croix perchées par des corbeaux ou leurs incursions dans de sombres manoirs enveloppés de toiles d'araignées, exposés aux courants d'air, avec de lourdes portes qui grincent ou aux volets dégondés qui claquent, ajoutent de l'angoisse, du suspens et de la peur croissante d'être à notre tour expédiés dans un autre monde inquiétant de mystères.

A moins, au moment des épousailles, de s'écrier : "J'ai épousé une ombre", le départ dans la vie commune est pour chaque couple une fête promise. D'ailleurs certains n'en reviennent pas de tant de petits bonheurs promis et offerts Il paraitrait même que par la grâce d'une seconde chance, quelques retours d'affection procurent d'identiques joies. Mais n'est-ce pas une légende urbaine pour nous faire accroire aux supposées histoires de revenants ? L'âme sœur passe-t-elle un jour, d'âme en peine à âme damnée ?

En général, chacun a un jour, fredonné : "Le bonheur est dans le pré, cours-y vite, cours-y vite, // le bonheur est dans le pré, cours-y vite, il va filer !" C'est ainsi qu'on  s'efforce, chaque fois que possible, de ne pas ressentir l'amertume des éphémères manifestations de ces heureux instants. Soit dit en passant, est-ce cet argument frappant ou l'effet d'un esprit frappeur qui nous invite à ne jamais céder aux fantômes du passé ! Est-ce ma muse dans cette tache d'encre qui s'étale en me souriant sur la page de mon récit ?

La sagesse nous enseigne que nous sommes ici-bas, provisoirement en transit car nous ne faisons que passer. Nous sommes même stoïquement sensés apprendre à mourir mais on ne sait toujours pas si c'est de rire. Philosophiquement d'ailleurs, les rires qui font écho aux plaisirs de la liesse ou des vives émotions ne devraient-ils pas nous appeler à un retour introspectif, même si c'est pour nous entraîner dans une intime plongée en nous, dans l'angoissante incertitude du lendemain, dans les limbes de l'inconnu et les insondables abysses de nos réflexions ou de notre inconscient ?

***Si l'existence est peut-être, déjà un purgatoire, être heureux ne suppose t-il pas au minimum, une prise de conscience qui éclaire tout à la fois, le cœur, l'esprit et oriente sereinement les choix à prendre durant notre vie terrestre. Alors, pourquoi ces sueurs froides en plein silence glacial ?

Pourtant il ne s'agit surtout pas de revenir en arrière ! Le temps passé a définitivement tamisé les instants qui reposent dans les cendres de quelques souvenirs. Seule, notre liberté de sentir et de penser est un puissant viatique pour la vie et l'amour. Il nous faut aller de l'avant sans arrières pensées ni feux arrières, surtout si déjà, on revient de loin ! Mon bel esprit, entends mes cris du cœur !

Pas de marche arrière ou à côté de nos pompes ! Laissons donc, la marche funèbre à ceux qui ont un pied dans la tombe et qui s'apprêtent à partir les pieds devant. Les fantômes surgissent déjà au pied levé !

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Revenant : retour à l'envoyeur 2/2

L'ectoplasme amoureux

Mon bel esprit, c'est ainsi que nous vivions dans le flot des jours changeants ! La vie coulait de source et le fleuve retournait toujours à sa source ... En ce jour triste, amer constat, notre ruisseau n'est plus qu'un filet d'eau qui s'étire mollement parmi les herbes et les roseaux. Entre toi et moi désormais, devrions-nous nous employer à chercher le cours primitif, à remonter les affluents de nos émois pour retrouver la pureté et l'origine de notre amour.

C'est ainsi ! L'eau coule sous les ponts, on ne s'y jette que par désespoir. A l'inverse de nous qui nous sommes jetés plein d'espoir et de joies dans le frais torrent de nos cœurs en tumulte. Nous le pensions permanent, frais et joueur, déversant ses cascades de plaisirs, jaillissant et rebondissant sur les pierres ou les rochers. Nous le pensions puissant et porteur des crues de nos jouissifs ébats et de notre débordante volupté...

Et c'est ainsi ! Dans le courant des jours, que nos semblables nagent, rament et parfois boivent la tasse. Mais la rivière est sans retour ! L'un apponte, l'autre jette l'ancre, chacun s'attache et s'accroche. On s'amarre dans l'espoir de ne pas être largué. Ultime arrimage, extrême ancrage jusqu'au dernier havre, au point de non-retour ... Au port de l'angoisse !

Ainsi le navire de l'existence chargé du poids des ans et des histoires humaines erre, ballotté sur les flots déchaînés des désirs inassouvis en emportant les souvenirs amers de tous les trépassés. Frères humains, vous étiez de passage et vous voilà, à jamais migrants de l'infernal oubli, sur l'océan sans fin, les passagers du vaisseau fantôme, du Hollandais volant ! Aucune nostalgie, une fin de non retour.

Oui ! La vie, c'est comme la marée, haute ou basse, un sujet vague, toujours en flux et en reflux. Comme tout un chacun, vous pensiez comme moi et la plupart de nos semblables, qu'après avoir traversé la mer, essuyé grains et tempêtes, le bateau rentrerait à son port d'attache. En avant proue... en arrière poupe ! Tout le monde débarquerait avec ses malles de souvenirs. Terre ferme pour pied marin et cœur naufragé ! Vous espériez qu'après le grand départ, ce serait à quai, le retour sans fin et que vous subsisteriez dans l'apparition du fantôme laiteux d'un phare dans la brume. Pierrots lunaires, vous comptiez atteindre la mer de Tranquillité.

On vous avait laissé entendre que l'existence possède son propre rythme circadien. On vous avait affirmé que tout petit apprenti de la vie est irrémédiablement appelé au grand retour à la case départ ! On vous avait préparé et confié que vous étiez d'emblée un futur revenant. Il suffisait de faire d'abord, l'apprentissage "des rayons et des ombres" de l'amour avec quelques maîtresses pédagogiquement appliquées et douées. S'abandonnant à leurs chimères, vous étiez même joyeux et bien impatients de vivre plusieurs rentrées des classes.

Bien évidemment, vous auriez encore à faire, plus tard, sous les drapeaux de la morale et du devoir, vos classes citoyennes en patriote pacifique, loin de la peur du spectre de la guerre. Sans illusions, vous étiez convaincus qu'il serait vain de s'imaginer en héros national et de fantasmer sur une gloire posthume de petit soldat au sommeil de plomb. 

Pour rester dans le rang, vous tâcheriez même d'avoir de la classe sociale, d'être toujours bien classé et si possible à la première place ! Mais hélas ! Tout est inconstant et l'école de la vie ferme, un jour, définitivement ses classes. Voilà, qu'arrivent les Grandes Vacances d'un éternel été promis à la pleine et claire lumière. Plus possible de redoubler !... 

Et c'est irrémédiablement ainsi ! En toute égalité de conditions, chacun de nous prend un jour, congé et découvre alors, qu'après avoir brouté quelques herbes amères et ruminé le mouron de ses pensées toxiques, qu'après avoir été mis en pâture, l'existence lui fait son dernier coup en vache. Elle le rentre pour la dernière traite, avec le troupeau beuglant et bêlant à l'étable ! Fantastique ménagerie humaine ruminant toutes les fleurs du mal.

Après avoir fossoyé tous ses espoirs, chacun s'en retourne enfin à la terre matrice ! Après avoir eu des retours de bâton, avoir pioché dans ses réserves et s'être parfois planté, c'est pour tout un chacun, le retour éternel à la terre nourricière ! Dernier labour, pour tout vieux cheval de retour. Derniers sillons parmi les ombres de la plaine peuplées d'errants et de revenants criant leur désespoir aux corbeaux de l'hiver.

Ô toi, ma douce amie, tu partageais avec moi, la sagesse imposée de la philosophie des jours fugaces Sans l'exprimer ouvertement, nous avions vaguement conscience de notre fragilité comme de notre précarité existentielle. Nous ne savions pas qu'un jour, nous aussi, nous passerions... Qui aurait pu nous dire si nous serions alors, fantomatiques ou si nous garderions nos apparences ?

Devant les Parques et l'échéance programmée du destin, le monde est devenu fataliste, même s'il demeure, devant tant de coups du sort, hétéroclite dans ses manifestions. Quelques esprits retournés comme moi, depuis que tu m'étais pour la toute première fois apparue n'en revenaient toujours pas de ton éblouissante vision, au point de parler parfois secrètement aux revenants et de croire naïvement aux fantômes de l'amour. Loué soit le hasard de notre rencontre, ce jour béni de roses pâles et de tendres flèches d’Éros.

Dis, ma lointaine, mon absente, entends-tu encore aujourd'hui, mes puissants soupirs et mes cris du cœur ? Sais-tu, que dès le premier regard, dès les premiers mots échangés et le trouble réciproque qui nous avait envahi, qu'immédiatement, moi, j'ai cru fermement en toi ! Rêve fugace ou illusion tenace, fiction amoureuse ou déjà grand amour... ? Nous l'ignorions alors et nous nous lançions dans l'inconnu des émois et des aspirations tacites.

Oui ! Dès notre première rencontre, je n'en reviens pas. Je ne doute pas des bienfaits du destin. J'éprouve une ferme foi en toi. Subjugué par ton aura, dès l'instant d’émerveillement, je perçois l'unisson des battements de nos cœurs. Je te crois sur paroles avant même d'en avoir la preuve, celle que tu m'offres en réalisant tes promesses de tendresse. Nous vivons d'intenses moments d'élans et de transports, nous goûtons au bonheur jusqu'au jour fatidique de notre séparation.

Depuis je t'attends impatiemment, j'espère ta présence et ton retour. A chaque instant, je guette chacune de tes apparitions. Tu le sais, avec l'âge, je suis revenu de tout mais pas de toi, ni de tes charmes ni de ta volupté ! 

Passé avec toi, ma douce, de l'ombre à la lumière, je reconnais et t'avoue humblement que j'ai parfaitement vécu heureux et serein... Jusqu'au moment funeste, où un soir, je me suis égaré, en passant de belle de jour à belle de nuit. L'amour m'avait alors transfiguré et vampirisé.

Ah ! C'est ma faute, j'en ai pris et j'en prends encore tous les torts. Malédiction du destin, fatalité de Bacchus célébrant dans le temple de la luxure ! Tant pis pour moi ! Il ne fallait pas que je m'écarte du droit chemin de notre amour ! Au lieu de me vouer tout entier à ton cœur, je me suis voué à la chair facile, lascive, abandonnée, offerte... Inconduite libertine, comportement frivole, incartade impardonnable, tu m'as alors, aussitôt rejeté. Tes yeux brillants comme des éclairs illuminent désormais les ténèbres de mon cœur.

Je vis à présent dans ton ombre et je te parle à mots couverts. J'ai l'esprit qui met parfois les voiles et les idées en compte à rebours. Suis-je en train de tomber dans les tourments de l'abandon et les affres de l'éviction ? Je n'en finis pas de traverser la plus noire des nuits. Retournerai-je en enfance, dans l'épouvante de ces nuits sombres avec les sorcières d'Halloween ? Mes jours à vivre seront-ils un infernal sabbat de rondes et de danses endiablées dans lesquelles je me damnerai au milieu des formes hideuses et frénétiques de mes désirs débridés, épouvantés et échevelés ? Ne me restera-t-il que l’affolement dévergondé de mes trahisons transgressives et licencieuses ?

Oh ! Tu m’obsèdes. Je reviens sans cesse à moi, à nos souvenirs heureux de vie commune, alors que je t'assure, je préférerais tant revenir à toi ! Mais ton esprit vengeur me barre le chemin de ton cœur. Comme Hamlet, du haut des remparts d'Elseneur, je suis la victime de ton spectre, rôdant sur le chemin de ronde, aperçu entre les créneaux. Telle la Horla, je redoute que la puissance de ton esprit n'influence mon destin. Je crains que tes pensées et les sombres intentions de ton cœur ne me soient désormais néfastes.

Je ne m'appartiens plus. Je suis possédé par toi, je déserte mon corps et j'égare mon âme dans les ténèbres maléfiques de l'Oubli éternel. Le temps est un gouffre qui m'avale. Je suis devenu, je le crains, le fantôme de nos amours mortes. Un silence de mort m'assassine en plein tumulte de ma passion. Mon cœur est incendié, en cendres, au point mort de la réalité, je ne suis plus qu'un mort vivant errant en de mortes saisons.

Fille de l'air, réanime-moi ! Le drap de ton fantôme a voilé mon destin. Je flotte comme une âme en peine, au cœur de tes indécisions et de tes sombres refus. Mon bel esprit ne te revient plus. Tu me hantes au logis. J'ai épousé une ombre, j'ai épousé ton ombre, je suis devenu un ectoplasme amoureux qui espère ton retour en même temps qu'il attend son retour en grâces.

Mais cruelle, toi, mon obstiné Poltergeist, tu m'en donnes à l'improviste, des coups et des manifestations sonores. Je me cogne à l'angle du buffet, juste sous la caricature que nous avions fait faire, place du tertre à Montmartre puis encadrée, encore emplis des éclats et de la folle joie que nous éprouvions ce jour là. Je te scrute, vas-tu te décrocher et te briser ? Je m'y attends... Je guette le moindre signe qui me mettrait en connivence...

Oh! Je t'entends, tu es là, tu grinces à l'ouverture de la porte, tu me souffles dans la nuque. Non ! Ce n'est pas un courant d'air.... Cette lueur blafarde et vacillante tombant pâlement du lanterneau, est-ce ton ombre, ton double ou bien ton spectre qui cherche à me faire signe ? Je sens ta présence, je cherche ton apparence, je m'attends à ta vision, mais tout est flou. Alors, n'est-ce pas un fantasme puisque bien sûr, tu n'es pas morte, que j'ai seul, lamentablement failli et que tu m'as naturellement exclus ?

Depuis, je suis un revenant, ton zombie égaré. Je suis sorti du vortex spatio-temporel pour piocher dans mes réserves de lueurs spectrales. Je rôde sans but. J'ai une mine de déterré, remontant des enfers. Malédiction ! Tu m'as envoyé valser avec les Esprits limbiques. Entre deux temps morts de la danse macabre, je flotte comme une âme errante, sans feu ni lieu. J'hallucine, je frôle ton ombre incertaine dans ce couloir, je crois t’apercevoir vacillante, lointaine, fugitive. L'ampoule grésille et clignote. Je pense te saisir ! J'agite les chaînes de notre amour ! Tu n'es qu'évanescente et vaporeuse, le fantôme métamorphosé de ma nostalgie !

Ô ma Dame Blanche, je rentre dans les beaux draps de mon linceul d'illusions Là, au moins, je pourrais toujours repasser !

 

 25 Appel à Pénélope

 

PARTIE 4 : Présence au monde

 Compassion : les grands cœurs 1/2

26 Tout ce qui nous arrive se réalise au plus près de nous, dans la concrétisation des nos pensées et de nos actions en relation avec nos frères humains répartis sur cette terre. Vous mes conyemporains, habitants et citoyens dans le grand univers, vous appartenez tous à la même communauté humaine.

Est-il possible d'ignorer que chacun à son échelle, est informé et impliqué dans la marche du monde. C'est en effet, votre présence active dans votre environnement qui affirme votre qualité civique. L'actualité vous interpelle et vous rappelle que les cris, les SOS s'élèvent un peu partout des souffrances dues à la famine, la violence, la guerre, les injustices et les oppressions...

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26 Générosité publique

Holà ! Généreux amis au grand cœur, pour échapper à la rudesse et à l'adversité, ne cherchez-vous pas de la douceur dans ce monde de brutes !

Autour de vous, des expressions passées dans le langage populaire se font entendre : "Et la tendresse, bordel !" "Dallas, ton univers impitoyable !" "Allo ! Maman bobo !" "Sortez vos mouchoirs !" "Pleurer comme une Madeleine." D'ailleurs, la règle de Musset où le bon spectacle est celui où Margot a pleuré, reste une référence mélodramatique !

Car il faut émouvoir l'auditeur ou le spectateur avec des lys dans la vallée de larmes ! En s'appuyant sur le score de l'audimat, l'appel à la générosité publique se fait essentiellement sur le sensationnel. Le ressort est toujours le même : toucher par l'émotion, en donnant le frisson ou la furtive larme à l’œil ! Même les crocodiles ont les dents qui claquent et les larmes qui montent aux yeux !

Passer d'un extrême à l'autre est une technique cinématographique déjà utilisée au temps du Muet ! Ainsi B. Keaton ou C. Chaplin passaient-ils du genre comique et burlesque à l'intensité dramatique, nous emportant du rire aux larmes, aux simples sons d'un piano et de l'expressivité d'une géniale mimique !

Aujourd'hui, un peu partout, le monde fait son cinéma. L'information se donne en spectacle. Aux heures de grande écoute, il faut soulever le cœur et inspirer de la pitié. Impressionner, faire peur ou verser des larmes sont les sensations qu'on cherche à faire éprouver. L'émotion est de fait toujours garantie mais de loin, à plus ou moins grand intervalle de la situation ! En effet, partager la vision de la misère et de la détresse des autres est une manière de les ressentir et d'y participer, à distance raisonnable, en étant touchés sans être vraiment impliqués.

Cet élan vers l'autre, identifié dans sa souffrance personnelle vous met de suite en souffrance partagée avec lui, i.e étymologiquement en sympathie ! Le but est atteint. Vous voilà envers lui compassionnels et attendris ! Ainsi, les intentions d'un amour affectueux et bienveillant envers l'Autre exaltent la perception exacerbée de ses peines. Les regards sont embués, les larmes sont contenues pour mieux soulever l'émotion, bouleverser et ouvrir le porte-monnaie.

Comme l'Autre est aussi, un autre soi-même, cet apitoiement est également cathartique. Il vous guérit de vos propres peurs et vous soulage en vous disant que pour cette fois, vous êtes épargnés ! Mais demain... sait-on jamais ? L’éventualité sous-jacente d'une telle menace, vous sensibilise davantage en vous projetant car "la peur n'évite pas le danger". Vous voilà, vulnérables dans vos opinions et ressentis.

Alors, cette externalisation de vos propres craintes vous incite d'autant plus à une générosité libératrice de tension. Vous voici miséricordieux et généreux, d'aucuns diraient simplement et profondément humains ! Toutefois, pas d'angélisme naïf, nous avons découvert, parfois à nos dépens, que l'espèce humaine et le genre humain ne sont pas toujours synonymes d'humains compatissants. Il est des cœurs rudes et stoïques qui bien que brisés restent des cœurs de pierre !

Pour fendre l'âme, il faut en avoir une ! Ceux qui restent insensibles à la douleur comme aux misères de l'autre sont moralement, à leur tour pitoyables et misérables. Ils ne sauraient passer pour altruistes ou bons samaritains mais ostensiblement s'affirmer comme des superbes égoïstes, ignorant leurs prochains ! Appliquent-ils ce vieux principe ? "Charité bien ordonnée commence par soi-même !" Pour eux, la fraternité n'est sûrement réservée qu'à l'esprit de famille et aux liens du sang !

A la rigueur, pratiquent-ils, avec une certaine condescendance, dédain et mépris : "le donnant, donnant", au compte-gouttes et la bouche en cœur. La complaisance des cœurs étroits provoque de superficielles réactions d’apitoiement.

Car le drame de notre époque, c'est qu'aujourd'hui, être serviable et secourable n'est plus uniquement une disposition naturelle de l'individu ! L'acte gratuit et désintéressé n'est presque plus possible. Le dévouement est encadré, l'aumône est codifiée.

Et ras le bol parfois ! Trop souvent la casquette vous est tendue ! De partout, on fait appel à la générosité publique, on vous émeut et vous tire par la manche.  De nobles causes : "AFM Téléthon, Sidaction, Les restos du coeur", etc!. Versez amis, dans la commisération sans oublier au passage votre versement".  L'action personnelle qui marque ici, simplement votre bonté et témoigne de votre volonté compassionnelle est détournée et assimilée à de l'humanitaire. Elle participe de la philanthropie !

Vous voilà récupérés et entraînés dans le bazar citoyen de l'altruisme apparent et des grandes campagnes de collecte ! La commisération généreuse est la nouvelle valeur sociale corrélée à la solidarité. Elle consiste à permettre à chacun de vivre en dignité et en égalité !

Tant de questions se posent à vous... Les dons offerts à la naissance doivent-ils être rendus au centuple ? Faut-il croire que "celui qui donne s'enrichit ? Serait-ce cela "payer sa dette" ?... Ad libitum, La réponse est en vous.

27 Si le cœur vous en dit !

Comme personne n'a encore réussi à prouver que la bienfaisance était l'apanage des cœurs d'or, le filon de la générosité n'est pas "las" d'être épuisé !... "A votre bon cœur !" Partout la main est tendue, le don est attendu ! Sans cesse, on vous émeut, sans cesse, on vous implore.

Sur la scène du monde, le tragique frappe ses trois coups au cœur ! Le sensationnel étale ses horreurs à la une ! Le poids des photos donne du poids aux mots, jetés brutalement parfois avec des larmes dans la voix ! Il est escompté qu'en vous fendant le cœur, vous casserez en même temps, votre tirelire. Il paraît que céder à la pitié et laisser parler son porte-monnaie vous permet de tenir le choc, à distance et en bonne conscience ! Comme l'envoyé spécial vous tient par le cœur, vous aurez donc à cœur d'avoir bon cœur.

Vive la nouvelle morale, citoyenne et vertueuse de la main sur le cœur et du cœur sur la main. Dans les médias, la compassion est même devenue un mode de communication qui évite d'analyser ou d'argumenter sur les causes ou les conséquences de l'événement présenté. Le commentaire laconique du reporter vous impose d'évidence un jugement. Il influence et sert ainsi de pensée unique !...

Oui ! On vous l'affirme ! La preuve de la douleur ou de la détresse est là, en direct, étalée sous vos yeux ! La contemplation, parfois malsaine, crée la montée de la compassion en vous soulevant le cœur. Attention ! On ne veut que vous faire crier misère ! La démonstration visuelle, annoncée comme un scoop pour âmes sensibles sert de compréhension immédiate et invite déjà à la pitié.

N'attendez donc pas un commentaire raisonné du journaliste de terrain. Car cette fois, braves petits spectateurs émotifs, c'est pour vous que l'explication reste ici, en souffrance. Inutile d'attendre plus que le choc des clichés ou de la vidéo ! Vous êtes à votre tour, le "souffre-douleurs" du correspondant.

Dans l'opinion publique, la compassion ne concilie plus désormais le cœur avec l'esprit. Être compatissant vous entraîne à abandonner votre jugement critique ! La pensée qui s'imprime dans le sensationnel, se répand dans votre tête. Vous plongez la tête la première dans le pathos des coups et des douleurs. Vous soupirez à fendre le cœur et l'âme ! Les plaintes font échos aux souffrances imaginées et ressenties.

Sous le coup de l'émotion, les quelques mots choisis exercent leur emprise, l'image vous impressionne. Elle oriente et dirige votre réflexion. Elle l'entraîne, vous persuade et vous endoctrine. L'information pesante domine votre sensibilité et l'horreur du sensationnel vous formate à l'emporte-pièce. Votre sensibilité exacerbe votre humanité.

Elle cherche dans l'immédiateté de la sensation à vous ôter "la peine de penser". Alors qu'il faudrait, selon le sens d'un citoyen éclairé, employer plutôt l'expression," elle cherche à vous ôter le plaisir et la joie de penser". Mais non, généreux amis ! Pensez-vous donc ! Elle veut simplement, "sans y penser", vous rendre compatibles avec elle.

Alors gardez si possible, sagesse et prudence ! Vérifiez que celle-ci n'est pas incompatible avec l'ouverture à l'autre, votre humanisme, vos valeurs citoyennes et républicaines. Soyez généreux, gardez bon cœur mais évitez d'être sous l'emprise morbide ou l'influence doloriste de la société ! Ne vous laissez pas manipuler par l'image ni prendre par les sentiments, cherchez toujours à en avoir le cœur net !

Notes boisées

28 Si vous vous tenez informés, vous savez que c'est à juste titre que le monde s'inquiète pour son avenir. La nature se dégrade à cadences accélérées. Devant la surconsommation, le pillage des ressources naturelles, l'indifférence des pays, l'égoïsme individuel, vous demandez-vous, quelle planète vous allez  laisser à vos enfants et petits enfants ?

En constatant la pollution grandissante et les menaces qui pèsent sur la biodiversité, la conservation des espèces et votre propre survie, quel rôle actif et responsable jouez-vous et comment pouvez-vous réagir utilement ?

Un conseil d'ami ! Suivez ces joyeux élans du cœur !

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 28 Éternels écoliers écolos !

C'est le printemps ! Debout les écolos ! Faites la pause nature ! Prenez ma main d'enfant pour une balade enchantée ! Retrouvez la croissance verte de votre jeunesse et réjouissez-vous de votre développement durable.

Ravivez vos souvenirs d’écoliers, ils ont la biodiversité de votre enfance heureuse ! Oubliez pour un temps les urgences climatiques ! Peste soit des pesticides ! Fuyez la pollution ! Il est grand temps de remédier au désastre.

Allons processionner sur les sentiers botaniques. Sautons talus et fossés ! Penchons-nous sur l'eau des mares. Courons dans les layons et les tortilles ! Dans nos cueillettes, nous essaierons de déterminer, de classifier les feuilles, les fleurs et les fruits. Vous verrez ! Si vous partager vos connaissances, nous saurons vite reconnaître les arbres, nommer les animaux, observer les insectes, identifier leurs habitats. Ce sont tout comme nous des êtres vivants. Attention ! C'est beau, mais c'est fragile ! Protégeons l'environnement, c'est le nôtre et le leur et sachons apprécier la générosité de dame Nature.

Allez ! Il ne suffit pas de lancer des slogans et de clamer : "J'aime la nature, sa faune et sa flore ! Elles sont menacées dans leur diversité !" Il faut la respecter et la sauvegarder autrement que par des incantations alarmistes et des cris d'effrois devant l'élevage industriel. Les louanges à la croissance verte et les vœux au développement durable ne sont guère efficaces, s'ils ne sont pas suivis d'actions!

N'ayez pas peur du méchant loup dans les bois et les forêts au point de hurler aujourd'hui et sans cesse au loup ! Sortez des sentiers battus de l'imagerie populaire et retrouvez votre âme d'enfants ! Allez ! Amis, suivez-moi !

Goûtez à la poésie et revivez pleinement ces magiques instants ! Accrochez vite vos regards à quelques fils d'épeires. Semez avec moi vos rêves de Petit Poucet à chaque pas que vous poserez ! Vous êtes si près du ciel et du silence que vous serez exaucés.

Percevez-vous les murmures enchantés des sources claires ? Gardez-les au creux des paumes et retenez les ruisseaux prisonniers entre les pièges de vos doigts. La vie vous offre ce cadeau. Vous pouvez encore nouer l'innocence de votre enfance retrouvée aux boucles des fougères, aux crosses des jacinthes. L’innocence parfumée est de retour.

Souvenez-vous de vos émois adolescents, des belles amoureuses ! Vous pouviez baigner et bercer les oiseaux dans les fleuves de leurs cheveux. Vous saviez ployer leur taille et lier aux délires de l'été ces généreuses gerbes d'un ciel de blé.

Entre elles et vous, vos atomes crochus n'appelaient pas alors à la sortie du nucléaire ! Le risque de voir votre cœur exploser n'entraînait pas de peur de contamination radioactive ni l'appel à l'arrêt des réacteurs de votre libido. A l'époque, vous brassiez déjà du vent comme dix éoliennes !

Vous êtes toujours si vous le voulez, au printemps de votre âge. Gravez sur les pierres de vos cœurs des voyelles d'azur ! Soyez ardents et flamboyants ! Allumez des incendies aux lampes du soleil ! Des rayons piquent leurs jonquilles en vos yeux émerveillés !

Cela fait tant d'années, que le cœur désarmé, à la merci des fantômes de brume, vous espérez encore, vous espérez toujours ! Cela fait tant d'années que vous aimez votre douce amie, votre compagne comme des oiseaux fidèles au rendez-vous des arbres ! N'en avez-vous pas assez de vous endormir sous la couche d'ozone, contre le vent mauvais dans la liberté éperdue des dernières feuilles envolées vers les cieux noirs ?

Oh vous les défaitistes ! Quand cesserez-vous de battre les tambours de la pluie acide et de pleurer sur les déchets qui jonchent terre et océans comme sur les lambeaux de souvenirs de votre jeunesse que vous croyez enfuie ?

Poussez la porte de l'amour, voyez les morsures de gel, entendez-les craquer aux grilles de vos désirs. Voyez la délicatesse de leur dentelle.  Ne vous dissimulez pas derrière l'arbre défolié qui cache tant bien que mal, la forêt ! Soyez prêts ! La sève va jaillir ! Ne craignez pas la déchirure des écorces, elle s'y prépare !

Au lieu d'agiter les grelots de l'urgence climatique et écologique, parez-vous d'écharpes de nuages, de colliers de mousse, des bracelets d'ivoire des lunes de neige ! Abandonnez vos regrets toxiques de morte-saison et la peur des hivers aux aubes bâillonnées. Puisez en vous cette belle énergie renouvelable pour acquérir, maintenir et augmenter le bien être d'un mode de vie agréable, en toute sécurité ! Sans vous étouffer, qu'un plein bonheur décarboné produise un effet de serre qui réchauffe votre vie et votre environnement familier.

Aimez la vie ! Gardez le goût du fruit et de la chair mordue ! Votre enfance est de retour dans une pluie de soleil et non, sous une avalanche de sondages ! Allons ensemble célébrer ensemble le réveil de la nature et le printemps de l'écologie ! Tentons des couleurs, poursuivons de fleurs en fleurs, des papillons plutôt que des chimères de folle décroissance. Nous portons ensemble ce désir de lumière, d'arcs-en ciel et d'étoiles.

Portons-en la conviction, partageons-la. Gardons les pieds au sol et épargnons sans les gaspiller, les ressources naturelles. Préservons la planète, n'affamons pas nos frères, même par une nutrition équilibrée et une agriculture durable. Consommons moins mais mieux. Élevons le niveau de conscience de nos semblables. Celui des océans s’apprête déjà à nous submerger et le réchauffement climatique échauffe les esprits. Citoyens, chaud devant ! Agir ou cuire, il faut choisir !

Battons-nous pour la santé et le bien être de tous. Comme nous avons eu la chance de recevoir une éducation, de l'affection et de vivre en paix, engageons-nous en responsabilité pour une vie en société dans l'équité et le respect. N'est-ce pas cela, la vraie transition écologique qui garantira un réel développement durable ? Pas de nature, pas de futur ! Qui voudrait tuer le bonheur de vivre en beauté et en harmonie ?

Rumeurs : les gobe-mouches 1/2

29 Amis, citoyens et vigilants, au-delà des constats manifestes de cette belle nature en danger, vous ne pouvez échapper aux humeurs et aux rumeurs du temps. S'il ne faut pas tuer le bonheur, en restant collés à l'écoute des bruits de l'époque, il est aisé d'admettre que certains s'en chargent allègrement.

En toutes circonstances, vous devez prendre garde et n'être point trop naïfs... A mon voisin qui grogne sur les incivilités, à mon concierge qui s'alarme de l'ambiance dans le quartier, à mes enfants qui acceptent sans recul, ni esprit critique l'information permanente, je leur dédis en confiance ces quelques recommandations.

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 29 Tchats et on dit

Mon frère en humanité, tu vas, l'oreille tendue aux murmures et au fracas de la vie. Méfie-toi de ceux qui discourent, comme des bruits qui courent ! Ne t’essouffle pas à les suivre ou à les pourchasser. Tu t'égarerais et te retrouverais, pataud, hésitant et te dandinant d'une patte sur l'autre, le bec plongé dans l'eau saumâtre de la mare aux canards.

N'erre pas comme une vieille commère, à la recherche d'un naïf, pour lui narrer un racontar. Tu n'as pas fait toutes ces études pour être pipelette et concierge. Tu n'es pas dans le besoin pour t'abaisser à relever le moindre ramassis de ragots. Tu n'as pas à faire le fouineur en mettant ton nez partout dans le dépotoir des idées reçues ou des qu'en dira-t-on. Laisse le travail aux éboueurs qui en ont la charge !

Halte à la jactance, au baratin et au verbiage ! Le bagou de ceux qui discutent le bout de gras n'en révèle que le bas goût. Laisse-les baver sur leur triple menton ! Ne sois ni barbant, ni rasant ! Ne va pas tirer les vers du nez, tu n'es pas E. Rostand. Tu pourrais tomber sur un bec et courir le risque que plus personne ne puisse te piffer. Sois curieux de découvertes pas de bobards ! Laisse la drosera gober les mouches buzzeuses et imprudentes.

Ami, prête-moi ton attention ! Fuis les geais parés des plumes du paon qui ne bavardent pour rien d'autre que leurs propres mérites. Éloigne-toi des vieilles pies qui te font briller des nouvelles de pacotille. N'absorbe pas tout comme un buvard. Ravale avant d'avaler ! Laisse-les jaser, bavasser et parler à tort et à travers. Ce qui était censé être du tonnerre n'est souvent que "du bruit pour rien". W. Shakespeare en a titré sa comédie.

Souvent, observe que ce qui devait rester confidence s'est enflé et répandu, devenu indiscrétion. Elle même s'est amplifiée et colportée, faisant un boucan d'enfer, un potin du diable, un vacarme inaudible. Alors ami, suis mon conseil : Plus c'est énorme, plus, fais la fine bouche, voire motus et bouche cousue.

Les paparazzi sont des passe-plats raseurs, des gloseurs pour Closer ! Les goitreux ont des borborygmes ! Ici on grince, là-bas on siffle, un peu partout, vlà qu'on persifle ! La nouvelle qui s'ébruite se dépêche pour passer par le bouche à oreille, buguer, bourdonner et faire le buzz à la une des journaux écrits ou télévisuels. C'est le royaume des acouphènes. Mais en dehors du sensationnel, tu es ou seras toujours de la revue ! C'est le tchatcha de ceux qui chattent et de ceux qui tchatchent !

La télé réalité cherche même à faire entendre bruyamment sa "Voix" de crécelle. En place de sonnettes et de sornettes, ce ne sont souvent que couinements d'éphèbes bronzés, de midinettes aux formes généreuses et botoxées ou de stupides criaillements d'adolescents prolongés et débiles. A la une, ils sont dans la lune de miel ou de fiel et souvent cons comme la lune ! On la leur a promise, ils vont en tomber ! Leurs vociférations vous cassent les pieds, vous déchirent et vous rebattent les oreilles de secrets racoleurs. Les bons sentiments s'étalent dans une nauséabonde caca-phonie racoleuse...

C'est partout la mode, à la dernière mode ! La beauté exposée en une de magazine ou en poster prétend être un canon qui déboule dans les médias. A la cadence des scoops, les" chro-niqueurs" la tirent à boulets rouges jusqu'à épuisement du stock et d'intérêt, jusqu'à ce qu'elle devienne enfin un vrai boulet et qu'on lui demande de se tirer.

Le coup médiatique n'est qu'une détonation pour faire grimper les ventes et doper l'audimat. Après coup, il n'est pas rare de constater qu'il n'y avait pas mèche d'y croire et que le pétard était mouillé.

Toi, l'hypnotisé des écrans, on t'a fasciné, jeté de la poudre aux yeux, allumé pour rien. Ce n'était rien qu'un feu de paille et de cendres mourantes, qu'un peu de strass et de paillettes scintillantes...

30 Le chant des sirènes

Toi, mon semblable, en curiosité constante, sois sélectif et vigilant ! Laisse les tam-tams résonner dans la plaine. Méfie-toi des faits divers et de ceux qui raisonnent comme un tambour. Sois rusé et intelligent, il te faut vaincre le signe indien.

Si tu es l'objet de la moindre malveillance, si tu as mauvaise presse, si tu as défrayé la chronique, on ne fraiera plus avec toi, tu n'es plus fréquentable ! Et ce, même s'il est impossible de vérifier l'on-dit et l'ouï-dire. La désinformation est une malédiction pour toi et les tiens. Car l'écho peut se répéter, même lorsque tu es au fond du trou. Tu disparais alors avec pertes et fracas et " dans le bruit et la fureur ", comme chez W. Faulkner.

Frère en humanité, toi, qu'on sollicite sans cesse, ne prête pas le flanc à la critique en prêtant trop l'oreille. N'écoute pas les rumeurs, écoute plutôt ton cœur. Il bat en murmurant dans ton for intérieur. Ton être intime cherche plutôt à se manifester dans des chants émotionnels et spirituels. Il aspire à la sérénité.

Inséré dans le corps social, reste branché et ouvert au monde, pas à radio-couloir ou à radio-trottoir ! De même, tiens ta langue et enrichis-toi des autres, car "le silence est d'or". et "la parole n'est que d'argent". N'oublie pas que les murs ont des oreilles, toujours dressées. Seuls les bruits sont sourds. N’éveille pas l'attention, vis à petits et bas bruits, ne clame pas tes avis ! Ne cause que pour de justes causes et ne prétends pas à l'exacte vérité.

Méfie-toi des bonimenteurs à la langue bien déliée, des vipères à la langue affilée et des accrocheurs à la langue bien pendue ! Ainsi sont les théoriciens du complot. Ne te laisse ni attirer par leurs thèses, ni influencer. Ainsi sont les publicitaires qui font du battage pour te prendre ton blé en te créant de faux besoins. Ainsi sont les prédicateurs qui haut et clercs, discutent du sexe des anges et t'épuisent en querelles byzantines. Plus besoin de courir à Constantinople, il y a des azimutés qui font ton siège. N'écoute pas les barjots, les frigides de la pensée, qui se donnent un genre pour mieux parler de la loi du genre, du b.a, béat baba et des A.B.C.D de l'égalité ! Ils n'ont pas leur égal pour en somme, additionner les bêtises rhétoriciennes.

Si "l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours" est parvenu à te glisser une info culottée dans le tuyau de l'oreille, c'est qu'il t'a pris, par St Claude, pour une bonne tête de pipe ! Une bonne vieille pipelette ! Entends-tu ses propos fumeux qui allument l'auditoire et boucanent leur cerveau ?

Les oiseaux de mauvais augure piaillent, pinaillent et criaillent. Les clabaudeurs papotent, colportent et clapotent dans les marais de l'infamie. Leurs médisances vont plus vite que la musique. N'écoute pas ces maîtres-chanteurs et ne laisse pas distiller en toi, le poison de la calomnie ! 

N'écoute que d'une oreille et surtout pas aux portes ! L'autre doit te servir à laisser sortir ce qui doit être sitôt oublié. Ne crois pas, si on te dit : "qu'il n'y a pas de fumée sans feu !" Ces coups fumants, au style pompeux ou pompier, ne sont que propos enfumés pour faire écran à ton entendement ou te faire foncer dans le brouillard.

Attention citoyen, l'histoire nous a laissé le triste exemple des ravages provoqués par les bourrages de crâne ! Ne te laisse pas endoctriner par les propagandistes, ça ne mène aryen ! Tu en as eu les horribles preuves. Actuellement, je crains que notre époque troublée ne fasse hélas, abus de surmédiatisation du téléphone arabe et nous entraîne à l'intolérance, au rejet et à la haine

Alors, pas de préjugés ! Aie du jugement et de la jugeote, du discernement et de la clairvoyance. Chacun peut être un jour, piégé par l'extraordinaire. C'est le génie d'Orson Welles d'avoir su, à la radio, en 1938, faire croire à la " Guerre des mondes." Sois sourd aux chants des sirènes, à leurs rumeurs et french cancans ! Laisse circuler les idées, ne t'arrête pas à celles qui passent, ne t'y accroche pas, surtout s'il n'y en a qu'une !

Si tu veux t'adonner noblement à la nouvelle, tourne-toi vers toutes les littératures. Lis Maupassant, Tchekhov, Fitzgerald, Calvino, etc., ces faiseurs de rêves étoilés. Fais chanter les sirènes ! Fais-toi conteur de fées et gestes, enchanteur de légendes pour princes et princesses ! Que tous les enfants te dévorent comme des ogres !

Amalgames : esprits simplistes !  1/2

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Qu'on se le dise et s'en méfie, en plus de la confiante naïveté, un autre péril nous guette. La simplification des idées, le mélange des causes et des conséquences, le raisonnement le plus court de la pensée altèrent sérieusement la compréhension des événements. Le raccourci des analyses, les explications sommaires, les poncifs rebattus, le ramassis des opinions populistes créent de dangereux amalgames lorsqu'ils sont pris dans leur sens premier et répandus avec assurance. Leurs débordements font le lit des mensonges médiatiques et encouragent les comportements de rejet et de haine de l'autre.

Prudence et prise de conscience !

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 31Torchons et serviettes

Aujourd'hui, nous éprouvons un curieux mélange des idées dans la confusion des esprits. C'est le grand foutoir de la pensée ! Nous vivons dans le monde des amalgames. Pour un peu, avec quelques déclarations confuses ou des textes hétéroclites et des petits mélimélos dits, des bonimenteurs et des écrivaillons chercheraient même à créer le buzz médiatique...

Oh ! Halte là ! Esprits confus et embrouillés, arrêtez de tout mélanger ! La société est multiraciale, multiculturelle ! Chers contemporains, désorientés et perdus, votre histoire personnelle est le résultat d'un brassage continu de peuplements, d'exodes et de colonisations. L'hétérogénéité est votre fond commun. La combinatoire a créé l'harmonie des planètes et des espèces ! Et Bing pour l'origine et Bang pour l'évolution ! Cantique des quantiques de la physique ! ...Ordo ab Chao... de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière, votre existence a dépassé la dualité et synthétisé tous les caractères de votre atavisme.

Comme il est probable qu'au fil des siècles, les contraires eux-mêmes se soient attirés, la diversité humaine est votre richesse commune. Les différences se sont amalgamées et unies, la fusion œcuménique a créé l'unité de votre ADN ! Nous nous partageons tous un même patrimoine génétique ! Tous héritiers et associés, frères en humanité et membres à part entière de la grande communauté ! Vous êtes les nouveaux croisés de la quête planétaire pour remonter à la Genèse. Vive les lignées et le métissage !

Vous êtes la résultante d'un alliage universel forgé au cours des migrations. Cœurs d'or aux nerfs d'acier, vifs argents au front d'airain, robustes à la santé de fer, athlètes coulés dans le bronze, blondes platines ou cuivrées, insouciants au sommeil de plomb, vous êtes tous un alliage de corps et de cœurs simples aux propriétés conductibles de chaleur humaine. Vous êtes tous fondus dans le haut-fourneau du corps social et dans l'athanor philosophique qui a transformé votre plomb en or.

Il n'y a pas de race pure ni de lie du genre humain. Darwin pensait que nous descendions du singe, décrochés des branches de notre arbre généalogique dont nous partagions des racines et une souche commune. Attention à ne pas juger de l'arbre par l'écorce, mais par ses fruits ! 

Vous êtes, nous sommes des organismes multicellulaires qui se sont adaptés pour évoluer... Debout ! Homo Erectus ... Redresse-toi, lève les yeux sur l'aube d'un nouveau jour et mets-toi au boulot ! Toi, Homo Habilis ... Crée, fonde et institue pour combler tes besoins mais oublie tes désirs... Car même pas dans tes rêves, pensait déjà l'Homo sapiens !

Attention ! Harangueurs péremptoires, vos ancêtres étaient peut-être africains, n'en déplaise aux petits blonds aux yeux bleus... Il n'y a pas d'homme à abattre, vous êtes tous des hommes du monde. Vous composez une pièce infiniment petite de la mosaïque humaine. Soyez en convaincus, si nous avons tous le goût des origines, nous n'avons pas de certitude originelle. Primitif puis primus inter pares !

Toute cette rumination spéculative est même plutôt humaine et dans l'esprit bon enfant d'une mère universelle ! Vous êtes, nous sommes le résultat d'une union charnelle, d'une conjonction physique, d'une merveille alchimique. Bien évidemment, nous composons aussi un curieux et original amalgame de qualités comme de défauts.

Parents, ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier ! Vous éviterez la confusion des vrais jumeaux qui n'en feront qu'à leur même tête !... Mais remarquez, qu'en général, l'existence finit toujours par nous différencier. Dans un couple, s'il n'est pas fusionnel et narcissique, celui ou celle que nous aimons, nous est plus assorti qu'identique. Nous nous en arrangeons en nous attachant l'un à l'autre.

On peut ainsi mélanger torchons et serviettes s'ils se tiennent à carreaux ! L'huile et le vinaigre s’accommodent en salades et chacun peut toujours ajouter son grain de sel ! Tout est dans tout et réciproquement ! Le tableau est même épique, à tendance érotique quand l'un dans l'autre, les libres amoureux se mélangent joyeusement les pinceaux ! Éros offre pan et facettes, risettes et fossettes quand il est comme cul et chemise pour s'adonner aux doux plaisirs !

Vous et moi, aimons sans retenue, ces amalgames, ces assemblages légaux de nos égos ! Nous adorons ces mouillages et ces arrimages quand la Mer de Fécondité et le ciel étoilé se confondent !

32 Clichés et idées reçues

Petits esprits chagrins et étroits, grands obsédés de la pensée unique, nationalistes à tout crin, xénophobes au front plat, ne chargez pas la barque et ne jetez pas le filet des amalgames aux bans de la populace ! Il est primordial de ne pas les vendre à la criée !

Braves esprits bonaces et crédules, attention aux anguilles de la jactance, à leurs faux-fuyants comme à leurs dérobades verbales ! Résistez aux discours qui sèment le trouble et prêchent la division. Ne faites pas d'associations simples et hasardeuses, toujours préjudiciables à la réputation, à la personnalité de l'autre, à son intégrité, à ses croyances, aux spécificités de sa culture ! Car aujourd'hui, par la confusion des notions, on répand insidieusement le fiel, on insulte allègrement et abusivement autrui, ses origines, un groupe, un quartier, une population !

Dans un dangereux et banalisant raccourci de l'histoire, tel dangereux extrémiste est radicalement associé au fascisme et aux horreurs nazies. Le musulman pratiquant est confondu avec l'islamiste radical. Pour un peu, vous voilà revenus au temps pas très catholique de l'étouffe-chrétien ! Les stéréotypes du discours ignorant sont quasi généralisés et permanents. Haro sur autrui ! On vous bourre la cervelle de slogans doctrinaires, de trollismes partisans pour vous éviter de vous la creuser...

"Les juifs sont de riches voleurs et les blondes de belles et stupides naïves". La nation est confondue avec le peuple et le peuple avec la patrie, les origines avec les ethnies, la nationalité avec la race, la nature et le sexe avec la mixité et le genre, l'appartenance avec le communautarisme... Discréditer volontairement par la malveillance est devenu monnaie courante. "Plus c'est gros, plus ça marche, plus c'est énorme, plus ça passe !" Le chameau est passé par le chas de l'aiguille pour déblatérer des harangues brodées et la grenouille a des cuisses plus grosses que les côtes de bœuf.

C'est simple ! "Le chômage, c'est la faute de la trop grande immigration d'étrangers. Il suffit de les renvoyer !... Les chômeurs sont tous des assistés et des fainéants. La misère est une mélasse de précarité et une fosse débordante de fatalité économique. La fonction publique est confondue avec les services publics. Le déficit public, c'est bien sûr, la faute du trop grand nombre de fonctionnaires. Il suffirait de dégraisser le mammouth et d'arrêter la distribution des aides au premier qui pleure, qui frappe à la porte ou entre sans frapper ! Tout présumé innocent est d'ailleurs un futur coupable désigné ! Et puis le déficit des caisses de retraites, c'est la faute des petits vieux qui vivent trop longtemps et des ouvriers qui ne triment pas assez longtemps ! Vivement la prochaine canicule, une bonne épidémie de grippes ou de méchante Covid !..." Pensées et exclamations de la haine ordinaire !

Pour garder l'aisance et les commodités dans la conversation, les échanges sont F.N.A.C. ! (Franchement nuls à ch.… !) Ficelés par les fils ténus des approximations et des slogans populistes, nous sommes le plus souvent, tous mis dans le même sac de nœuds. Pour ne pas déplaire, le médisant reste flou et se glisse dans l'anonymat hypocrite ! " On m'a dit, j'ai entendu dire ..." Ainsi la victime qui s'ignore est toujours consentante.

Prudence citoyens ! On vous ménage dans les feuilles de chou et la chèvre et le chou ! Et vous êtes tous chacun à votre tour, chèvres et bêtes comme chou ! Les incultes, sous la foi de la religion deviennent des paranos et des doctrinaires. Ils rendent profane le sacré pour imposer leur loi et gouverner par la soumission ! Il leur suffit de jeter le voile ou la pierre sur la première qui passe. Ils font même peur pour que d'iconoclastes caricaturistes sur le qui-vive de l'intolérance, sang-mêlent à jamais les crayons !

Mais ne cédez pas au pessimisme alarmiste, vive l'audimat ! Une autre stratégie des amalgames consiste à donner aux opinions les plus contestables, l'insolence du scoop ! Alors les esprits s'agitent et s'échauffent dans des remue-méninges de pensées cafouilleuses ! A l'heure du démenti, en méconnaissance de cause, c'est micmac et bric-à-brac, remous et imbroglios, incohérence des équivoques et erreurs des quiproquos. Celui-là traîne des casseroles mais y'a toujours un ferblantier pour arranger les bidons ! Amalgames ! Vous avez dit amalgames ! Tiens, prends ça dans les dents !

Souvent l'arbre cache la forêt. Le procédé est intentionnel, manipulatoire, il vise à faire diversion ou à faire corps avec ! La pâte à papier est un magma épais et visqueux pour la presse people ! Cocktail de révélations pailletées, pot-pourri d'amours à l'eau de rose, salades d'intrigues et de passions aux fruits défendus, macédoine de petites vertus offertes aux "grosses légumes." Hier, à New York des maîtres-chanteurs nous le contaient sur des airs de valse de Strauss ! La célébrité comme le costard se taillent ainsi une réputation retentissante dans un tissu de mensonges.

Chacun qui voudrait ici, exercer son jugement critique s'y perd déjà ou s'est peut-être perdu ! L’ambiguïté est entretenue ! Dans ce capharnaüm, pas besoin d'aller à Rome, pour perdre son latin. Chacun babelle et se presse en ribambelle à la grande tour de Babel. A la cour du roi Pétaud, on ne s'entend plus, sauf qu'entre larrons en foire !

Il est difficile de rester à fleur de lisses immondices, sauf si on est amis comme cochons à la soue populaire ! Il est tout aussi inutile d'espérer être bien en vue, au-dessus de la mêlée des courtisans, dans la galerie des portraits et des ragots, des manants et des roturiers ! Face aux faux prophètes, aux prosélytes fanatiques, aux aboyeurs péremptoires, aux prêcheurs mielleux, aux bien informés, détenteurs de vérités trompeuses, aux pratiquants des amalgames, exercez une vigilance absolue !... Dites un grand Oui, à la Liberté de Conscience et tenez-vous toujours dans la Lumière !

A tue-tête !

33  Ah ! Bien sûr, je suis comme vous. J'ai beau m'efforcer de me tenir dans la lumière et de donner de la clarté à mes idées, je passe parfois à vos yeux pour un incompris.

Vous qui entendez mes alarmes citoyennes, mes cris du cœur, vous qui voyez le sérieux de mes témoignages, la prudence clairvoyante avec laquelle je vous informe ou vous alerte, je viens vous réprimander avec bienveillance et vous tirer la sonnette d'alarme. Attention danger !

Ne soyez pas des têtes brûlez et pour le coup, ne me prenez pas la tête! D'autres la convoitent.

 

 Oui ! Je suis agacé et exaspéré, je suis vénère et j'ai parfois les boules comme un ado en révolte !

Devant ceux qui disent que certains écrits bizarres n'ont ni queue ni tête, moi, je crâne et je fais la tête. Je boude comme un enfant grondé. Je leur fais ma mauvaise tête. Je la leur tire avant de me tirer. Et quand l'agacement monte en puissance, je voudrais parfois même, une fraction de seconde, la leur mettre au carré !

Mais enfin, nom d'une pipe ! Quel culot, vous avez tous, pour me prendre ainsi la tête ! Que voulez-vous de moi ? Oui, j'écume ! Oui, mes écrits encalminés et fumeux ne font plus un tabac ! Mais observez ! Je rentre la tête dans les épaules et je me tasse, voire je me casse, sans fulminer. Je suis même à la bourre et pour un peu, à la bourre-pif ! Je cours de tous côtés, tête baissée, prêt à vous encorner !

Pourquoi voudriez-vous que je discute avec vous sur une queue de poire si, c'est en plus, pour en faire une mauvaise pomme de discorde ? Je ne souhaite pas perdre mon temps avec de mauvais sujets. Il suffit déjà des miens ! Et puis dites-vous bien que vous n'êtes pas assez fortunés, pour pouvoir vous payer ma tête, déjà mise à prix... littéraires !

Regardez autour de vous, vous ne devriez pas savoir où donner de la tête chercheuse. Alors, ne vous prenez pas pour une grosse tête ! Seule cette ridicule charlotte vous donne la tête près du bonnet ! Évitez de tomber comme un cheveu sur la soupe à la grimace dans la gargote d'un mauvais cuistot, parigot, tête de veau.

Nom d'une pipe, retournez à vos fourneaux et mettez-vous au piano ! Avant de farcir la linotte, de me cuire à l'étouffée, de me cuisiner à la sauce gribiche, avant de me ravigoter, examinez-vous, vous-mêmes ! Vous avez la tête comme un citron, vous la prenez pour une citrouille. Alors soyez modestes ! Sans vous presser dans un contemplatif tête à tête entre le lard et l'ail, ne vous attribuez pas tous les lauriers d'un simple pâté de tête. Seules les têtes pensantes peuvent opiner du chef comme les maîtres coqs de la crête.

Le miroir peut vous aider à réfléchir. Comme un poisson télescope, déjà, je vois que vous tournez en rond et que vous faites vos gros yeux occipitaux. Est-ce parce que vous en avez par-dessus la tête ou que vous avez pris la grosse tête à force de vous la cogner sur les parois de votre entêtement comme un agité du bocal ?

C'est vrai, qu'ils en font une drôle de tête, nos contemporains toujours râleurs et mécontents ! Voyez-les ! Ici l'un n'en fait joyeusement, qu'à sa tête et là, l'autre agit sur un coup de tête. C'est le spectacle permanent de la tête dans tous ses états, des pieds à la tête de l’État.

Oh ! Je ne parle pas seulement, sur un ton provincial : "Des Parisiens, têtes de chien, des Parigots, têtes de veau !" Non, amis, je parle de tous les humains, à têtes plates et rondes comme la terre qui les a vu naître. Je pense aux têtes dures, au regard tendre, aux têtes de bison futé, aux yeux filous, aux têtes de hibou, aux yeux écarquillés. Contemplez-les attentivement !

Le monde s'offre à vous, à la tête du client. Peut-être, auriez-vous déjà le tournis et seriez-vous dépassés par la multitude ? Peut-être, en auriez-vous  rapidement, par-dessus la tête ou plein le dos et auriez-vous une folle envie de piquer la tête la première dans la marée humaine.

Quelle étonnante galerie de portraits que celle, qui vous est offerte ! En face-à-face ou en tête-à-tête, de profil ou de l'arrière, contemplez chaque spécimen ! Personne n'a les yeux derrière la tête, car il ne convient pas d'avancer en regardant en arrière.

Ne soyez pas étonnés, si dans la valse à mille temps de la vie, la tête vous tourne comme un derviche tourneur. Vous n'êtes pas pour autant devenu une tête de Turc enturbannée. Vous n'avez pas non plus, pour quatre pelés et un tondu, pris la tête-girouette, tournant aux quatre vents.

La tête, le savez-vous ! Mieux vaut l'avoir bien solide, sur ses épaules, si on ne veut pas la perdre ! L'histoire de France a son exemple le plus célèbre. Louis XVI, trop têtu pour abdiquer, donne sa tête à couper. Comme il s'entête, il finit sans tête ! Il aura ainsi tout le temps pour regretter et y penser, à tête reposée, au fond du panier ! Glorieuse récompense posthume !...

Sans perdre notre sang froid, vous comme moi, nous nous comportons en patriotes cocardiers quand nous évoquons ces jours sanglants de la Révolution. Nous en parlons ainsi à nos chères têtes blondes, à nos petites têtes en l'air, comme si nous voulions les tirer de leur réalité comme des fusées du 14 juillet ! 

Moins célèbres bien sûr, mais tout aussi spectaculaires ! Certains ont parfois une idée derrière la tête, si énorme, qu'ils en perdent l'équilibre et tombent à la renverse... Sans doute, leur manquait-il un peu de plomb dans leur petite cervelle de moineau. Car, il n'est pas donné à tout le monde d'être une sommité, même en extrémité supérieure du corps humain.

L'un est microcéphale, l'autre macrocéphale ! L'un l'a comme une poire, l'autre comme une coloquinte ! Je ne parle pas des caboches de têtes de boches, des cafetières de fortes têtes robusta si énervantes, des sales binettes de mauvaises herbes, des ciboulots d'un demi-kilo, des carafons de gros rouges, des têtes de lard au tempérament de cochon... Oh non ! Je ne veux pas non plus faire ma sale tête et jurer sur la tête de Dieu ou du Prophète, au risque de donner ma cabèche à Daech !

Devant les horreurs de la décapitation, ma peine est aujourd'hui capitale. Oui, je voudrais comme vous garder toute ma tête et l'amour de mes frères humains ! Sur ce principe indestructible de l'amour fraternel et universel, je préfère m'entêter dans l'altruisme et l'humanisme plutôt que de finir étêté.

Je préfère me casser moi-même la tête et lire et écrire à en perdre la tête, même un de ces mauvais écrits, que vous pourriez qualifier de "sans queue ni tête". Je préfère ne pas avoir de tête plutôt que de la perdre comme le soleil "cou coupé" de G. Apollinaire, semblable à celui de l'oiseau lyre égorgé et ensanglanté aux pieds de ma mauvaise poésie. Après tout, qu'importe de rayonner et de rougeoyer si comme le dit Baudelaire : "Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige."  Alors, je préfère garder la tête sur les épaules et tomber dans l'oubli que dans un raccourci, sur le sable de l'arène médiatique.

Je choisis, si je sauve ma tête de rester tête pensante plutôt que de devenir tête de mort sous le sabre d'une tête de Maure ! Amis, danger ! Ne nous voilons pas la face. Faisons front, tenons tête à la barbarie ! Moi, s'il le faut, je prendrai la tête de la résistance. Je ne veux pas finir à tue-tête avec la vie ! 

 

 

 

CINQUIÈME  PARTIE : Beaucoup de bruit pour rien !

Interjection philosophique et commerciale

34 C'est d'ailleurs dans le vacarme que le monde donne coup sur coup de la voix.

Dans la rue, les magasins, les places, les stades, les bars, les lieux de rencontres, les hauts-parleurs, les avertisseurs sonores, les cris de joie, de fureur ou d’ébriété agressent nos oreilles.

Impossible d'échapper à l'énergie des hommes et au dynamisme des affaires. Il faut s'intégrer à la vitalité et au tumulte de l'agitation humaine, aux mouvements incessants, au brouhaha et au tapage diurne ou nocturne et quotidiennement à l'effervescence commerciale. Elle est en bruit de fond de nos activités. C'est elle qui nous affaire et nous empresse, elle nous attire avec une ardeur toute cupide.

En êtes-vous prisonniers et agacés ?

 34 Marchands de tapis volants !

Ô mes joyeux et indispensables amis du quotidien ! Épicier, boulanger, boucher, charcutier, coiffeur, quincailler, artisans... Grand merci ! Je vous le dis avec des sourires et des fleurs !

Vous êtes d'honorables et braves commerçants, utiles à nos activités courantes.Vous faites agréablement partie au quotidien ou à l'occasion, des précieux marchands de ce bonheur manifeste de petits contentements et parfois à crédit.

Il ne s'agit pas du grand bonheur, affectif, personnel et intime ni du bonheur mercantile, vendu d’occasion, à prix bradés sur des marchés forains mais de ces petits bonheurs du jour qui satisfont nos besoins et nos envies, les premières nécessités de notre minimum vital et de notre vie sociale.

Vos confrères bonimenteurs, les prometteurs de beaux jours ont très bien compris ce qui nous touche et nous anime. Ils nous vendent les illusions qui nous enchantent. Le contentement immédiat, l'euphorie de la nouveauté, les plaisirs accessibles comme tous les délices de Capoue sont à portée de nos rêves les plus fous, de nos bouches gourmandes et de nos bourses déliées !

Ce billet d'humeur et ces exclamations de ma pensée ne cherchent pas à vous courroucer ni à vous froisser. Ils veulent au contraire, donner le sens philosophique de l'antique sagesse à vos professions qui nous sont tant utiles. Ils visent à vous intriguer voire à vous amuser au passage de la brosse à reluire, à panser ou à étriller.

Oh ! Je sais ! Sans en chercher l'effet, loin des salons, je risque de défriser le coiffeur des belles coquettes et de compromettre l'ordonnance des accroche-cœurs. L'épicier qui commerce les produits alimentaires frais ou en conserve va s'y perdre dans ses comptes. Il risque de perdre foi en mes salades assaisonnées. L'étalagiste va se rétaler dans sa vitrine. Et flûte ! Le boulanger sera dans le pétrin avant d'avoir cuit les pains au levain, de régime et sans gluten. Le charcutier va fulminer et fumer les andouilles, le boucher va flancher et faire le museau, etc. La liste est longue, trop longue, je sais ! Alors aux grands maux, les grands remèdes ! Et pour Rémi, l'apothicaire qui parle le latin d'officine, même motif, même punition, i.e., idem ! L'apothecarius n'est qu'un boutiquier qui s'imagine être essentiel pour faire partie des huiles !

Même le marmiton qui ne parle, dit-on que le latin de cuisine de la langue Lucullus, va confondre Épicure avec les piqûres, faites dans les gigots par les broches et les brochettes... Vous l'ignorez peut-être, mais ce cher Épicure, bien longtemps avant vous, vantait déjà, non pas "le menu plaisirs" de votre carte gourmande mais le menu Plaisir avec un grand P majuscule.

Il ne faisait pas l'apologie de la délectation, celle du jouisseur de bonne chère et de rôtis, mais celle du bon vivant, celui qui sait que "bien vivre est un bonheur pour qui ne craint ni les dieux ni la mort" ! En quelque sorte, si vous le suiviez dans ses préceptes, son chemin du plaisir devait vous conduire à la vertu... Aux vertus, et de préférence, les grandes, pas les petites !

Holà donc ! Les brocanteurs, les chineurs de mon antique bonheur, les radieux météorologues de mon bonheur sans nuages, ne soyez pas rebutés par la philosophie appliquée ici, au négoce qui vous est et qui nous est si cher ! N'abandonnez pas trop vite, la découverte de ma petite bafouille. Accrochez-vous ! Sa compréhension devrait vous réjouir et peut-être donner un sens renouvelé à vos pratiques commerciales. Vous me proposez le bonheur, moi, je vous invite à me retrouver au rayon du bricolage philosophique !

Vous pouvez le constater, chers marchands de mon bonheur en quincaille, je ne vous parle pas ici de clous et de perceuses mais d'outillage rationnel et d’Épicure. J'ai imaginé que la sagesse proposée par le philosophe grec, puisse s'accorder aujourd'hui à vos méthodes de marketing.

Pour vous, je pense, qu'il n'existe qu'un bonheur : celui qu'on acquière sur l'instant, à prix fou ! D'ailleurs, vous, les optimistes marchands de vent, vous les promoteurs de tapis volant, vous vous demandez peut-être comment l'on pourrait accéder au bonheur, ici-bas, en renonçant aux plaisirs terrestres ? Est-il possible de se placer au-dessus de toutes les contingences matérielles et par magie, d'être toujours dans l’air du temps ? Holà ! Ne me prenez pas pour l'Aladin des mille et un ennui !

Si je vous dis : "Descartes a une solution." Vous allez vous imaginer que je vais vous proposer des cartes de fidélité, des tickets de réduction, des coupons de ristourne, des avoirs en compte, peut-être même des allègements de vos charges sociales ! Si c'est le cas, c'est que vous croyez que je suis un écrivain au rabais avec solde de tout conte !... Au bout du compte, si nous entendons les mêmes sons, je doute que nous ayons toujours la même orthographe !

Le Philosophe René Descartes propose non pas de nous abstenir d'acheter tout et n'importe quoi, encore moins d'arrêter de penser et d'agir mais plutôt d'affronter l'adversité qui nous tenaille parfois. Celle-ci résulte souvent de l'amertume ressentie devant l'écart constaté entre le réel de notre situation présente et nos multiples désirs. Il faut, selon lui, raisonner et chercher à en comprendre les causes afin d'atténuer cette frustration et de gagner ainsi en lucidité.

Bien évidemment, Descartes ne parle pas non plus d'aspirateur ou de pompe à chaleur quand il nous conseille d'analyser les décalages perçus entre nos aspirations et les événements de notre vie. Non ! Pour bien et mieux vivre, il faut comprendre la réelle motivation de nos besoins et de nos attentes afin de trouver les raisons qui provoquent ensuite nos insatisfactions et qui engendrent nos frustrations. "Changer mes désirs plutôt que l'ordre du monde" dit-il.

Cet effort introspectif de soi sur soi, réduirait ainsi nos tensions internes et apporterait le "contentement", autrement dit, ce à quoi, nous aspirons tous : le bonheur ! Mais sans doute préférez-vous, chers commerçants vendre vos aspirateurs sans fil que de vous laisser pomper par de la philosophie au ramasse-miettes !

Pourtant ne serait-ce pas une bonne idée de programme pour une prochaine campagne... de bleu bonheur en solde ? Et même si ce n'est pas coton de la concevoir, je suis certain que vous avez la fibre ! Allez ! Vous parviendriez ainsi à rapiécer le tissu de vos mensonges, à étoffer votre jugement, ravauder et retisser votre tapis volant ! Essayez la formule magique : ZimZamZoumZigZag ! Votre pensée décolle !

35 - Publicistes et sondeurs

Chers amis commerçants, encore un peu de philosophie en promotion ne vous fera sans doute, pas de mal pour débuter la semaine !

Petits marchands de bonheur, vous, qui nous incitez à ne pas trop réfléchir ni à hésiter mais à sauter sans tarder sur l'occasion qui nous est offerte, vous allez être drôlement perplexes !

Oh vous, les vieux briscards, dans cette grande guerre commerciale entre enseignes, allez-vous changer votre fusil d'épaule et réfléchir avant de nous canarder à coups de criardes réclames ou de nous pilonner en lâchant vos bombes publicitaires ?

Comment vous, pour qui le mot privé est spécifiquement réservé aux ventes privilèges, à l'exclusivité promotionnelle, pourriez-vous être réceptifs à quelques principes de la philosophie et comprendre ce que sont par exemples, l'abstinence, le jeûne, le dépouillement, la privation ?

Si dans votre démarche mercantile, vous aviez choisi d'être marchands de jugeote, vous vous seriez probablement demandé comment l'ascète peut aller aussi loin dans l'assurance de sa pleine et entière satisfaction, alors qu’il renonce en totalité aux désirs !

Au rayon épicerie fine de votre bazar alimentaire, nous trouverions alors les réponses existentielles aux questions « quatre épices » de la Vie : La sagesse stoïcienne a-t-elle besoin de sacrifice ? La mortification apporte-t-elle la liberté ? Peut-on se libérer de soi-même ? Sans jouir de plaisirs, le bonheur est-il accessible à d'autres, qu'au petit ravi de la crèche qui peut bien rire aux anges ?...

Oh ! Pas de crainte amis, il ne s'agit pas de passer le bac ! Vous avez déjà le vôtre, plein à ras bord, réservé aux étiquettes pour la grande valse des prix ! C'est ainsi qu'en deux temps, trois mouvements, nous n’avons jamais fini de tourner en rond, dans les allées.

Oui ! Ne craignez rien, pas de petite colère exaspérée, pas d'agacement taquin ! ! Je ne cherche pas à vous faire bouillir, ni à vous faire mijoter car dans ma tambouille philosophique, je vous l'assure, ce n'est pas du tout cuit ! Mais je refuserai que vous me reprochiez de corser peut-être un peu trop, mon propos. Pourquoi abuserai-je à piquer votre attention, à pimenter votre réflexion et à vous enfoncer le clou de girofle ! Probablement en vains efforts !

D'ailleurs, vous vous en moquez sûrement, puisque sans en prendre pleinement conscience, votre raison boutiquière et votre stratégie marchande s'appuient sur la contradiction manifeste de nos chers désirs. Chez tous vos clients, le contraste est saisissant. Il vous est aisé de constater et de comprendre que nous sommes de braves humains, des gentils "Buridans" qui hésitons sans cesse ! D'ailleurs nos bouffées de chaleur de fièvre acheteuse prouvent spontanément que nous sommes plus que des ânes ou des baudets mais plutôt vos vaches à lait.

Nous nous agaçons nous-mêmes de nos indécisions. Elles nous piquent au vif car la moutarde qui nous monte parfois au nez, est souvent forte et rarement douce, voire aigre-douce mais le plus souvent à l'ancienne, en colère rouge et noire. Avec vous, chers petits épiciers au détail, nous avons le libre choix pour nous faire assaisonner copieusement en rehaussant nos goûts de quelques notes un peu salées ou pimentées !

Oh ! Bien sûr, petits marchands de bonheur, vous aimez mieux liquider vos stocks de bonnes aubaines et nous les promettre en gros, voire en demi-gros que de faire dans le détail de toutes ces questions existentielles. Sans excès d'avidité, vous seriez-mêmes, sans le savoir des hédonistes, des moralistes de l'Antiquité au sens le plus moral du terme.

A toutes fins et à toutes forces, je suis convaincu que pour vous, le bonheur est la fin dernière de l'Homme. Bonheur, qu'il peut acquérir, au dernier cri, bien avant, son tout dernier cri ! Dites, est-ce pour cette raison que cette promotion au prix à couper le souffle est vraiment mortelle au point que le client continue à s'agiter et même à râler ! Alors là, je vous l'accorde, vous ne manquez pas d'air !

Allez !  Acceptons notre sort et les excès de notre époque ! Vive la publicité, les annonces au micro, les flyers, les échantillons gratis et les dégustations de jambon gratte-os ! Votre force de frappe et de persuasion pour l'esprit des chalands est même, votre vertu affichée en grand ! Votre grand mérite consiste à vouloir faire notre bien en optimisant notre existence ! Belle qualité morale en somme !... Car bien évidemment, vous n'en oubliez jamais l'addition !

Surtout celle que vous imprimez sur notre ticket de caisse de brave bête de sommes. Car au total, est-ce notre intérêt individuel qui, en premier vous importe ou votre intérêt personnel ? Après les réclames et le buffet campagnard gratuit pour nous le faire à l'estomac, qui empochera le bénéfice ? Au petit bonheur, à qui revient la chance ?...

Faut-il vous opposer le cercle vicieux du profit commercial au cercle vertueux du progrès social ? Vous vous défendez habilement, en prétendant qu'offrir le plaisir de la mode pour être dans l'actualité des tendances procure de la joie à celui qui la promeut comme à celui qui la suit et la porte.

Mais avouez-le ! Dans cette morale mercantile, y a-t-il plus de plaisir à donner du bonheur facile que de recevoir le paiement, en jouant avec nous à cache-cash ? Vous ne faites la grimace que lorsqu'un "zozoo" vous paye en monnaie de singe mais ce n'est pas monnaie courante, à en croire vos bons résultats !

Évidemment, à moins d'être marginal ou masochiste, chacun préfère ici-bas, le plaisir à la peine. Vous, vous avez l'habileté de nous faire croire que vous vous donnez beaucoup de peine pour notre plus grand bonheur.

Dans vos magasins, vos allées commerciales, vous nous sautez dessus pour nous en convaincre, et ce, de prime abord. Vous attachez du prix à le faire savoir mais c'est nous-mêmes que vous finissez par attacher ! Emballez, c'est pesé ! Souriez, vous êtes filmés ! L'affaire et le nigaud sont dans le sac, non recyclable comme notre naïveté...

Vos campagnes de publicité le prouvent. Le bonheur est en promotion. Les spots racoleurs nous scotchent ! Vous êtes de pleins pots de colle ! Nos boites-aux-lettres débordent encore de prospectus ! C'est le rencard quasi quotidien avec l'encart promotionnel. Certains n'ont plus d'autres lectures intéressantes que les papelards des pubs imagées et s'occupent à découper les bons de réduction. De nouveaux lecteurs sont ainsi abonnés au club sandwich, double sheese avec en prime, un triple "cheese" pour de vrais nigauds d'ouistitis !

Un sondage et nous voilà tous, la cible de l'indice de satisfaction du consommateur, dont nous composons, paraît-il, un large panel représentatif ! Panel et circenses !  "Satisfaits ou remboursés !" Mais ce slogan ne fonctionne-t-il pas avant tout rien que pour vous ?

Au bilan, vous avez bien raison d'être satisfaits, chers marchands de poudre à lessive et aux yeux ! Personne ne va vous demander le remboursement. Vous pouvez donc continuer à vous frotter les mains et à mousser de plaisir !

36 - Vendeurs de rêves et bonimenteurs

S'il n'y a pas de mal à bien faire comme à se faire du bien, pourquoi petits marchands et grands trafiquants, bradez-vous notre bonheur au marché noir ? Pourquoi voulez-vous nous faire payer ce qui nous revient de droit ?

Ah ! Le modèle libéral a des principes qui ont la vie dure !... Sacrés Américains qui, en 1776, ont affirmé dans la Déclaration d'indépendance des Etats-Unis d'Amérique que : "Tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par leur Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur." !...

Sacré bonheur ! Nous en faisons la quête et vous, la quête ! Car chacun de nous a beau le chercher sans fin sur la voie de la sagesse, à chaque fois, vous vous dressez sur notre route avec des flyers, un catalogue de produits, un livre de promesses, un carnet de commandes. Vous êtes les négociants patentés du guide du routard des échoppes comme du coureur de rêves. Vous êtes les voyageurs de commerce de nos envies vagabondes. Demain est un Eldorado !

Vous êtes les forains de la tombola au petit bonheur la chance ! Vous détaillez les itinéraires, au hasard de nos désirs. Nous prenons nos vessies pour des lanternes à la lueur de vos enseignes au néon. Tous les chemins mènent à Rome mais vous, vous nous promettez le voyage imaginaire et la lune à décrocher ! Hélas ! A la brocante du bonheur, le camelot n'a que de la camelote à revendre ! Le numéro gagnant n'est jamais sorti !

Ô marchands de bonheur en kit, en toc et pacotilles, quelle image clinquante, quelle conception voyante, nous faisons-nous du bonheur pour que vous nous le fassiez miroiter en paillettes fluo ? Nos bouilles sont-elles des boules à facettes ? Nous devons avoir de bonnes têtes de gondole pour nous faire prendre la Halle aux chaussures pour le palais des Doges et le marché de Wazemmes lillois pour la place St Marc ! Il est vrai que là-bas comme ici, les pigeons ne manquent pas !

Au grand magasin du bonheur promis, nous faut-il suivre en zigzag, les vignettes des produits en promotion et danser la valse des étiquettes ! Monsieur Henri Bergson qui n'était pas un hyper-discounteur de la philosophie mais un respecté théoricien de son Temps qui cherchait à durer, un peu plus longtemps que la mode du moment, nous avait avertis : "Nous ne voyons pas les choses mêmes ; nous nous bornons, le plus souvent, à lire des étiquettes collées sur elles."

Ô vous, les marchands de bonheur à succursales multiples, je vous assure que « La mélodie du bonheur » reste une comédie musicale. Vos programmes de vente en supermarché ou en super écran haute-définition, c'est de la plate rengaine et des promos factices pour nos yeux emplis d'étoiles filantes, à toute allure vers l'oubli...

A moins d'un miracle permanent, tout le monde ne peut pas s'appeler Sœur Sourire et d'une voix de crécelle tutoyer les anges et l'audimat ! Bien sûr que les vivats et l’alléluia sont préférables aux laïus des nouveaux marchands du temple de la gaieté... coûte que coûte ! St-Augustin qui n'était pas le gai luron d'Hippone avait raison : "Il est nécessaire à quiconque veut progresser dans la vie spirituelle de posséder la joie." L'authentique, l'intime, pas celle diffusée, en voix de promotion !

Mais pauvres de nous ! Si St Martin a coupé son manteau en deux pour le partager avec un pauvre, vous, vous nous cassez les prix et les oreilles pour mieux nous rhabiller du manteau de la crédulité. Vous êtes les fripiers de nos oripeaux et du patchwork de nos lambeaux d'illusions perdues. Le bonheur est resté dans l'arrière-boutique.

37 - Concessionnaires de pacotille

Prometteurs de beaux jours ! Marchands de bonheur à deux sous ! Ouvrez les yeux et comprenez ! 

Quand Camus déclare qu'il faut imaginer Sisyphe heureux, ce n'est pas parce que le pousse-caillou a bénéficié des primes du Bon Marché ou qu'en bon Samaritain, il a eu les faveurs de la Samaritaine !

L'existence offre un perpétuel import-export de biens et de bienfaits mais le bonheur n'est pas un produit étranger, made in Taïwan ! Elle ne nous pousse pas d'emblée à la consommation. Elle nous inciterait plutôt à dépasser les sempiternels recommencements de nos désirs insatisfaits. Pour surmonter cette frustration, il faut plutôt entrer en lutte et en révolte. La plus grande des actions est le combat avec soi-même !

Le vrai bonheur ne s'acquiert pas à prix bradés et sacrifiés, il ne dure pas le temps d'une quinzaine commerciale ! Il n'est pas en réclame, il est au prix coûtant. C'est à dire au prix qu'il coûte à chacun en efforts personnels ! Regardez-nous, grossistes en verroterie ! Ne faites pas cette fiole !

*** Cette tête ? Mais, c'est la nôtre, c'est votre chère tête du client tant espéré. Une tête qui ne sait pas rester froide, une tête en l'air pour s'orienter dans les allées ou filer bille en tête, une tête chercheuse des têtes de gondole, une bonne vieille tête de cible que vous visez à la fléchette de vos relances !

J'espère d'ailleurs, que vous parviendrez à lire  jusqu'au bout ma chronique, conçue comme une correspondance privée. Je n'en suis pas assuré car celle-ci n'est pas une lettre de change ! Alors, tant pis ! Je suis et reste franc de port avec vous, aussi ne tournons pas plus longtemps autour de la caisse enregistreuse ! Je vous sais prioritairement préoccupés par votre chiffre d'affaires !

Vous avez l'esprit à tiroir, à tiroir-caisse, bien sûr ! D'ailleurs, chers marchands d’hypothétiques bonheurs, si je vous dis qu'Épictète nous a donné une clé pour vivre en paix avec nous-mêmes et le monde, vous allez me rétorquer, en haussant vos épaules comme vos prix : "Épictète bien que oui ! Épictète bien que non !"

Son principe est pourtant simple et direct. Voyez-vous-mêmes ! Il ne convient pas de se préoccuper de ce qui échappe à notre volonté et à notre action. Au contraire, restons toujours stoïques ! Rien ne doit nous ébranler. Si nous ne pouvons rien contre le vent, inutile de tempêter ! Notre mort ne dépend pas de nous, donc pas d'angoisse existentielle ! Par contre, notre santé dépend de nous, alors préoccupons-nous en ! Ce bon sens philosophique se partage aisément.

Être sage, honnête et juste nous rend sains mais malheureusement pas saufs ! Le bonheur de vivre est un bien être. Il ne faudrait pas payer d'agios mais il débite, jour après jour, notre crédit ! Nous pouvons faire nos courses contre la montre ! Il nous choppe en plein shopping, il prend son temps et notre temps. Nous avons tous, droit aux réductions  du temps existentiel !... Puisqu'il n'y a pas d'épargne salutaire, tâchons si possible de vivre en paix et à cœur joie !

Ô détaillants du bonheur en morceaux, je vous invite donc à méditer cette sagesse : "Il n'y a qu'une façon d'atteindre le bonheur : il faut cesser de se tourmenter au sujet des choses sur lesquelles notre volonté n'a aucune influence."

Mais je crois déjà vous entendre ! Vous vous exclamez : "la bourse ou la vie ?" Car sans la bourse, votre vie n'a plus cours ! Commercer n'est pas une raison sociale, mais une raison de vivre... Hélas pour vous ! Inutile de spéculer, les fluctuations du marché vous échappent ! Les traders du bonheur mercantile jouent à leur tour avec le vôtre ! Oui ! Vos valeurs libérales, un jour ou l'autre, risquent de s’effondrer !

Vous n'êtes que des petits concessionnaires ! Savez-vous que le négus du négoce de la laine mérinos est tombé sur un os ! En un rien de temps, vous voilà à votre tour, pelés et tondus au milieu des trois derniers tondus ! Hermès vous a eu au jeu du foulard ! Vous êtes pris à la gorge !

Vous nous avez montés en bateau en nous promettant de nager dans le bonheur, ne soyez donc pas étonnés de vous retrouver avec nous, en slip, dans le bain de foule du premier jour des soldes !

Votre vie mercantile vous a permis un perpétuel import-export d'achats, de notre confiance et de ventes de promesses eu-démonistes. Mais votre bonheur de pacotille est comme vos marchandises, un inépuisable stock de babioles, de porte-bonheur, de coccinelles et de boules à neige, made in China ! Vous en aviez plein l'entrepôt !

Oh oui ! Quand même, c'est un grand exploit que vous réalisez ici ! Ô pauvre quincaillier ! Vous vendiez des fers à cheval et pourtant, vous avez fait faillite ! Votre chance a dû rouiller, vous n'étiez pas ferré pour le bonheur ! Vous pouvez donc baisser le rideau !

38 - La faillite ou l'espoir ?

"Je suis pessimiste de l'intelligence, mais optimiste par la volonté." disait A. Gramsci.  

Camelots d'un jour, je viens vous livrer la dernière partie de ma réflexion ! Mais je crains votre déception. Jugez plutôt !

Pauvres marchands de petits bonheurs ! Quelle déconvenue quand vous découvrez, un jour, que vous n'avez pas le monopole de votre fonds de commerce ! Oui ! Le marché des gogos est en libre concurrence ! Plus d'exclusivité ! La tentation est permanente et les nigauds y succombent ! Tout le monde veut faire comme les prix, la culbute sur le marché des libre-échanges.

Au bilan, vous n'avez pas su renouveler et promouvoir votre produit, vous n'avez pas su anticiper et l'adapter aux goûts du jour, affronter la vorace concurrence ni même vous vendre auprès des banques... C'est la crise !

*** Il y a peut-être une morale !... Vous allez enfin banquer ! Votre bonheur était à la sauvette comme votre compte courant !... Vous allez débourser ! Vous en faites la dure expérience et il vous en coûte ! Oui ! Le bonheur est onéreux ! Vous découvrez qu'il se donne au plus offrant... les meilleures garanties !

Vous pensiez que le bonheur s'achetait à prix d'or, mais le système court à la banqueroute. Il vous reste des lingots mais ce sont ceux de la fin des haricots. Vous allez passer en pertes et profits ! La déveine s'accumule en barres et en code-barre  et ne fait pas dans le détail.

Maintenant, vous le savez, si l'argent ne fait pas le bonheur, il y contribue plus qu'un peu ! Réjouissez-vous quand même ! Au comble de vos vœux et pour pas un rond, vous allez, à votre tour, avoir droit à l'euphorie promise par le hasard des occasions immanquables et de la dernière bonne aubaine !... C'est l'annonce mirobolante du bonheur du jour que vous nous avez affirmée tant de fois ! Comme pour le grand tirage du loto sentimental, il suffit simplement d'avoir le bon numéro... !

Un régal assurément ! La petite joie promise s'appelle chimère... Mais elle est cupide et vénale. Elle vous porte aux enchères, au feu des bien en chair car elle veut tout vous donner, sur l'heure. Comptez sur elle, elle n’oubliera pas de vous réclamer l'argent du leurre, en vous faisant un prix d'ami !

Par contre, pour l'illusion, vous n'aurez rien à débourser. Oui, c'est gratuit ! Donnée pour rien ! Vous allez être Crésus et en avoir à revendre ! Vous allez pouvoir apprécier pleinement votre mythique nouveau bonheur car "Contentement passe richesse" !

Allez ! Restez optimistes ! Après nous avoir vendu compulsivement du bonheur à tout prix, vous avez sûrement droit encore, à un peu d'escompte ! Allons, gardez espoir ! L'espérance est un avant-bonheur, un porte-chance ! Il vous est promis comme vous nous l'avez tant promis !

Abandonnez ce stress ! Plus d'inquiétude ! Ayez confiance ! Restez optimistes ! Au rayon du bonheur illusoire, le produit "Soupirs et Espoir" est garanti et toujours disponible ! Vous avez de la veine ! Je pense même que vous ne connaissez pas votre bonheur promis ! Accrochez-vous donc au rassurant slogan : "Le bonheur, c'est toujours pour demain." Vous avez droit à un essai gratuit ! Ça tombe bien !... C'est le jour prochain !

Les affaires sont les affaires ! Puisque vous avez fait fortune avec des produits dérivés, c'est à votre tour de dériver. Vous saviez réassortir les rossignols et vendre les invendables comme les invendus. Alors aujourd'hui, fouinez à votre tour, dans le bac des occasions de rencontres, farfouillez dans les instants de votre vie de bazar. La bonne affaire est à portée de mains !

Oui ! Le bonheur se mérite ! Il convient de le chercher et de le vouloir. Il est en libre-service. On le solde, on le brade, on le liquide. Vous en avez l'immense expérience acquise... C'est évidemment, soit un coup de chance, soit un coup de malchance ! C'est peut-être votre cas actuel ! Mais comme vous nous le disiez alors, c’est la fatalité ! ...

Pour pas un rond, elle vous a fait sans un surplus, votre affaire. Vous reste-t-il au moins, une marge de négociation ?  Pour finir, êtes-vous au prix sacrifié, la première victime de l'abattement et la dernière affaire du jour !

Attention, petits marchands, vous venez d'en faire l'expérience, le bonheur est fragile, fugace, peut-être illusoire ! Vous en connaissez le tarif et les abus de consommation ! Alors, s'il se présente à vous en se nommant amour, ne gaspillez pas l'occasion, ne marchandez pas ses faveurs. Dites-vous bien que plus de bonheur serait sûrement insupportable !

Ne renchérissez pas ! Il n'est pas dit qu'il vous coûtera les yeux de la tête ! Prenez-le comme un cadeau, immense et rare. Un jour, c'est certain, vous verrez à la clématite de votre cœur fleurir à nouveau la vie en roses. Rose comme le ruban de faveur qui vous noue de sa soie !

Délicatesse

39  Nous ne vivons pas pour autant dans l'anarchie, la désorganisation ou l’oppression. Dans l'effervescence généralisée, les institutions françaises ont la vertu républicaine de réguler les transactions et plus globalement, pour la nation de garantir un fonctionnement normalisé.

Pour légiférer, veiller sur nos institutions, l'état s'est entouré d'une représentation nationale. Nous sommes en droit d'espérer que la tempérance des propos, l'équanimité des positions politiques président à la sagesse des grandes décisions qui concernent le pays.

Faites-vous discrets et glissez vous dans l'hémicycle chauffé à blanc. Suivez ces grands hommes dans leur édifiante activité politique, sociale et même personnelle. L'exemple devrait venir d'en haut !

Aux mordus de politique et d'aventures galantes ...

L'école de la vie que nous fréquentons nous rend attentifs à nos contemporains. Nous leur devons prévenance et tact.

L'entretien de bons rapports humains exige de pratiquer l'art de la délicatesse ! Oui, la délicatesse est un art comme la broderie... pour qui sait faire dans la dentelle ou prétendrait vivre à nos crochets !

La politique, elle-même ne se fait pas sans la diplomatie, cet art organisé et consommé du secret négocié et du mensonge étatisé ! Nous n'avons pas accès aux contenus des échanges, dans les salons feutrés ou sous les ors de la République. Nous n'avons droit qu'aux courtoisies photogéniques des ambassades et embrassades officielles.

Mais nous avons parfois accès aux débats, en direct d'assemblées nationale ou internationale. Alors là ! Oublions bien sûr, les diatribes injurieuses et vociférantes de quelques députés excités voire enragés. Ils sont indignes de leur mandat, celui de représenter la nation tout autant que le plus simple des citoyens, respectueux des règles de vie en société. Appréciez plutôt comment les convictions les plus fermes s'affirment sans qu'il soit besoin d'agitation, d'excès ou de violence, surtout dans le temple de la République ! Oui ! Pour qui goûte et apprécie les jeux subtils de la langue, quelle délectation linguistique jaillissant parfois des travées ou de la tribune ! Quelle jouissance devant l'adresse des esprits déliés dans l'art oratoire !

Écoutez la subtilité du discours du diplomate qui parle à mots académiques et couverts. Voyez avec quels effets de manche, il déploie son éloquence pour éviter de mettre brutalement les pieds dans le plat de résistance ou de finir trop vite à couteaux tirés avec ses contradicteurs ! Oyez la finesse perlée de l'argumentation et du raisonnement pour qui veut le prendre au mot ! Appréciez l'habileté des esquives du bretteur qui dégaine et engage le fer en évitant la plaie ! Admirez la souplesse des positions et des tournures de l'acrobate, artiste de la scène politique qui cherche à prendre tout à la fois, de la hauteur et du recul ! Appréciez les contorsions de l'orateur qui veut éreinter son adversaire tout en évitant l’affrontement ! 

Observez la prudence de Sioux du débatteur qui sait fort bien enfumer pour dévier la flèche du Parthe ! Admirez le double langage subtil de l'objecteur qui dit avec faconde et en moins de deux, ses quatre vérités à une triple buse ! Saisissez au vol avec quel doigté d'honneur, le tribun répond au choquant bras d'honneur ! Entendez les tirades piquantes et venimeuses, léchées et acérées des perfides langues de vipère ! Voyez briller les plaidoyers aiguisés comme la lame du couperet des procureurs ou les allocutions ciselées des orfèvres de la louange officielle, du panégyrique ou de l'éloge funèbre !

Attention ! Ne vous fiez pas à la prudence du rusé charmeur de serpent monétaire qui rampe devant les travées pour promettre de gagner le paradis fiscal. Il se veut imposant pour mieux vous imposer une nouvelle contribution tout en prônant la simplification et l'allègement. Lui, il se sucrera avec un art si raffiné qu'il pourrait plus tard finir en délicatesse...

Au banquet républicain, il y a à boire et à manger. Quelle que soit l'éloquence politique, nous sommes loin aujourd'hui des envolées parlementaires de la IIIe République, des joutes polémiques et rhétoriques, des proclamations en champ clos, des grands tribuns, imprégnés des enseignements d’Aristote et de Cicéron. Qui se souvient de l'Art oratoire de Quintilien et de sa méthode didactique et discursive pour développer un sujet ?

Les impénitents actuels de la harangue et du prêche font souvent dans l’effervescence, dans le  péché de chaire comme certains de mes amis font parfois excès de chère ! J’ouïs et jouis sont des vocables du régal de l'esprit et du corps. La gastronomie, l'art culinaire par excellence met ainsi avec délices, les petits plats dans les grands. La succulence met l'eau à la bouche des palais les plus délicats. Les saveurs les plus exquises enchantent les gourmets les plus avertis. 

Dans les brasseries alentour de l’assemblée Nationale quelques jeunes pousses, qui rêvent de se faire une place en politique, pérorent en compagnie de "grosses légumes" officielles qui nagent et trempent dans toutes les marmites électorales. Tous ces messieurs affamés de reconnaissance font parfois la fine bouche, s'ils ne sont pas servis aux petits oignons. Dans les palaces, quelques vieux briscards, politiques populistes et franchouillards, habitués à entonner la Marseillaise et à chanter avec conviction "abreuve nos sillons", se prennent parfois pour des œnologues de métier et font leurs pieuses dévotions républicaines devant des calices de libations. Oh ! C'est par Bacchus et en grande délicatesse, qu'ils tutoient laïquement le petit Jésus en culotte de velours. « In vino veritas » ! Mais l'espèrent-ils au moins... J'en doute !

A bien y réfléchir, de la cuisine électoraliste à celle des plaisirs raffinés de l'amour, il n'y a pas de grands écarts. L'art des mets ressemble ainsi à l'art d'aimer ! Tel qui veut être élu ou réélu doit affirmer sa qualité ou confirmer ses promesses alléchantes d'un avenir meilleur dans un lendemain qui chante et qui enchante. De même, l'amoureux qui ne peut plus promettre les délices de Capoue, promet d'offrir les plus chères délices à sa douce ! Il lui annonce le septième ciel, le nirvana, la lune, le paradis sur terre. Pourtant, elle risque de ne voir souvent que l'enfer du décor. Tel qui se veut galant n'est parfois que galeux, oui, mais souvent bon prince !

Le savoir-vivre exige prévenance et politesse. L'éducation doit apprendre l'attention aux autres, les égards et la courtoisie... Attention les yeux ! Séduire suppose plus que des œillades, il requiert tout un art, celui de la guerre en dentelles ou du bas de soie. "Oh ! Maman, cette nana, c'est du nanan, je ne peux lui offrir de nanar !", disait à la Belle Époque, un certain Bernard qui était loin d'être un ermite...

Ne l'imitez pas ! Pour être à la pointure, il vous faut aussi savoir prendre des gants et pas des moufles ! "Oh ! Je dois m'y prendre avec tact", disait insidieusement un pernicieux tacticien de l'amour qui cherchait surtout à exercer ses sens tactiles et son doigté.

Mais heureusement pour toi, ô chantre républicain des travées de l'Assemblée Nationale que l'amour de la Nation se double en même temps de l'amour exalté et de la passion que tu as pour Elle !... Tu aimes, tu l'aimes ! Ton exquise, ton ange, ta merveilleuse amie, ta grâce céleste, celle qui fait ton délicieux bonheur terrestre. Tu es son diplomate et son ambassadeur. Tu apprends avec elle, l'art du discours amoureux et des plaisirs de la langue. Tu es son parlementaire attitré.

Empli d'empressement et de délicatesse, tu fais dans la dentelle tes tendres adorations. Sous le charme de sa séduction, tu tombes à ses genoux, une main sur le cœur. Avec les mots vibrants d'une sincère émotion, tu lui déclares ta flamme avec vigueur comme tu le fis tantôt, dans l'enceinte en séance, de manière vibrante pour emporter l'adhésion hostile de l’auditoire.

 Ah ! Elle est unique et exceptionnelle, élégante de cœur, touchante de dons et de douceurs.Tu es gourmand de gâteries comme tu l'étais tantôt de plaisirs linguistiques. Plus de débats et de délibérations interminables, d'interruptions intempestives, d'apostrophes véhémentes, de surenchères métaphoriques, de redondances d'adages, de formules et d'expressions choisies, pour elle, tu t’engages sur l'honneur. Genou en terre, main sur le cœur, tu passes de l'intention à l'action. Tu lui donnes ta foi. Tu exprimes toutes les nuances de ta sensibilité, tu vas tout lui offrir dans l'espoir de tout recevoir, tu iras jusqu'à te griser d'elle, dans l'ivresse authentique de tendres et sensuels ébats.

Tu es enchanté par son pouvoir magique. Elle a transformé en finesse, tes illusions en certitudes. Lassé de la grinçante ironie et des arguments fielleux de l'opposition, tu ne croyais plus en personne, tu crois à présent à nouveau au Père Noël et à la magie du grand amour. Elle était un rêve, elle est devenue réalité !

Épicurien et jouisseur, entre murmures et cris de plaisirs, dans un style léché, par petites touches retenues, tu exerces ton tact avec délicatesse... L'amour est une symphonie jouée à son corps d'harmonie !

Les marchands de soupe    1/3

40 - Le bonheur dont nous rêvons tous et qui motive nos aspirations comme notre quête est largement promis par les charlatans de la politique.

La société impatiente est mercantile et revancharde. De partout, le peuple réclame et manifeste. Il faut dire que le profit l'emporte largement sur la qualité des services. Nos politiciens s'entendent trop souvent pour nous servir du réchauffé, de la soupe froide et du brouet clair.

Vous voudriez un régime généreux d'avancées sociales et productif de résultats. Mais au pays des promesses en tout genre, le pays crie qu'il meurt de faim et frappe sur les casseroles.

Sale coup au cœur !

40 - La soupe à la grimace

Me voilà bien embêté ! Après avoir un soir, écrit une lettre dédicatoire au marchand de sable, je viens de recevoir une protestation de la confrérie des marchands de soupe, me reprochant une concurrence déloyale en faveur d'une catégorie minoritaire, déjà privilégiée ! Ah ! Ils n'y vont pas avec le dos de la cuillère en me traitant de jeteur de poudre aux yeux !

Dois-je, moi le pacifiste, faire parler la poudre qu'on m'attribue et y mettre le feu au risque de me retrouver sur le sable ? Prendrais-je plutôt la poudre d'escampette ou donnerais-je suite à cette humeur épistolaire ?

En effet, je trouve plutôt louche et bien pleine, cette revendication de quelques militants, jeteurs de poudre d'épices dans les marmites qui ont brutalement les nerfs à fleur de pot-au-feu... Mais en même temps, j'avoue que je n'aime pas les soupes aux nouilles emmêlées et que je ne tiens pas non plus à être importuné ou bassiné davantage. Je ne veux pas devenir leur matière première, finir avec la rate au court bouillon ou le nez éclaté, en pied de marmite !

Voilà, ce que j'aurais envie de leur dire haut et fort ! Oh oui ! Sans peine, je saurais faire la promo des gros pleins de soupe et des soupes au lait ! Je sais même que demain, je m'exposerai ainsi à la surenchère jalouse des marchands de tapis ou d'autres commerçants bouillonnants d'exigences, mais qu'importe ! Il n'est pas encore né celui qui me mettra un jour, dans le potage !

Alors oui, je vous invite tous à manger de la soupe ! Ça fait grandir ! Faites-le à toute heure du jour ou de la nuit, mais évitez le bouillon d'onze heures, paraît-il moins digeste ! Le meilleur de tous est incontestablement le grand bouillon de culture mais les bons vendeurs se font rares ! Certains qui ont le melon n'invitent que des auteurs à radis et oseille. Le brouet aux courges et la soupe aux navets sont d'ailleurs les plus prisés et celle à la grimace la plus souvent commercialisée.

Messieurs les marchands de soupe, vous me l'avez demandé, alors, prenez le temps d'entendre les lapements de ma langue épaisse comme un minestrone ! 

Entendez ce cri du cœur ! Vous devez déjà le savoir ou vous en ferez malheureusement la prochaine découverte. Oui ! Mon beau pays de promesses a un gouvernement avec plusieurs grands ministres, tous spécialistes dans leur domaine. Ce sont "des grosses légumes" diplômées des grands potagers de l’État, des marchands de soupe populaire ! Leurs livres de recettes détaillent même par le menu comment tremper la soupe quand le pain est sur la planche.

Le problème, c'est qu'il y a plus de pâte dans le pétrin que de pain au four ! Le moral est rassis et le pain est sec ! Faire des annonces et des prévisions à enfourner dans la crédulité béante et chauffée à blanc, certes, ça ne mange pas de pain mais ça ne nourrit pas non plus son homme !

Les marmitons de la République sont toujours prêts pour faire mijoter les citoyens au bain-marie. Les maîtres-queux de la politique veulent sans cesse les plonger dans le bain de vapeurs de leur fièvre électorale. Par ici, la bonne soupe ! Si vous avez du bol, alors ils se ramènent vite, jusqu'à vous ! Ils sont prêts à vous la servir, même si certains n'ont pas hésité auparavant à cracher dedans !

Pour aller à la soupe, c'est d'ailleurs, au clairon, sonnant la charge, qu'ils affichent des bouilles à baisse d'impôts ! La rouille ou la dérouillée ! Au menu : touille et ratatouille, salade niçoise et galéjades ! Mais le must des spécialités gastronomiques reste bien sûr la célèbre sardine bouchant le port de Marseille !... Oh ! Bonne Mère !

41 - Banquet républicain

Ils nous ont rassuré et garanti que nous aurons de la soupe revigorante. Ils ont tenu leurs promesses ! Dorénavant, à tous les repas, nous avons de la soupe de glands pour cochons de payants. Comme aux mauvais vieux temps de la crise, nous dégustons la soupe aux châtaignes et aux topinambours. Nous réchauffons notre soupe paysanne aux pois chiches tout chiches. Nous la dégustons à satiété.

Nous avons cru au beau slogan : "Le changement, c'est maintenant !" C'était promis ! Pour une bouchée de pain, le nouveau grand marmiton, couronné d'étoiles allait pouvoir nous faire goûter au grand bonheur du changement. Place à une cuisine naturelle, équilibrée et plus digeste, tout en douceur !

Oh ! L'amer constat !  Au buffet campagnard du banquet républicain, le velouté à volonté n'est hélas qu'une lourde et aigre soupe aux boulettes !

Marianne est aux fourneaux ! On ne va pas tuer l'emblème gaulois et sacrifier le coq en vain ! Non ! Il se mitonne une bonne poule au pot de chambre de l'assemblée nationale ! Comme "nul n'est censé ignorer la loi", nous devrons tous boire goulûment le bouillon, à toute heure ! La soupe est brûlante, on souffle, on souffle dessus !

Les députés qui mijotent sur les travées chauffées à blanc, en coinçant la bulle, ont promis de nous gaver pour s'occuper de nos mines dépitées ! Tous à la gamelle ! Voilà notre pitance ! Nous pouvons toujours bouillir et rebouillir, nous aurons du réchauffé largement annoncé dans les médias !

Et paradoxalement, c'est toujours après nous avoir mis à la diète qu'on veut nous redonner confiance et appétit ! On nous serre la louche en province ! On pêche nos voix à la cuiller ! Pour la tambouille électorale, on nous sourit en plein écran au "20 heures" de l'information nationale ! Nous sommes des crèmes de citoyens ! Alors, plus de sousoupe pâteuse, plus de rata ! C'est promis et clamé ! Nous allons sortir de la purée !

En fait, comme de braves petits soupiers, nous ne serons plus de corvée de pluches, car on va nous peler et nous écosser, nous assaisonner et pour finir nous faire boire encore et toujours le bouillon clair, de plus en plus clair. Mais ne l’oublions jamais, c'est pourtant, toujours nous qui faisons bouillir la marmite même quand le régime végète à rien !

La nouvelle gastronomie est assurée par des huiles, garanties entièrement bio comme les salades qu'elles nous servent et qui nous mettront sous pression, à froid ! Avec quelques cuillerées d'huile de ricin ou de foie de morue, en deux coups de cuillère et à fleur de sel et de peau, les promesses seront réduites en bouillie. On nous fera tout ingurgiter et avaler, grâce à la soupe minute, moulinée et prête en un rien de temps.

Pour les coups durs, tout est prévu : la soupe aux pousses de bambou ! Nous aurons même double ration : le coup de pouce avec le coup de bambou. On nous remuera les sens pour nous émouvoir et nous émulsionner les idées pour au final, nous ramasser à la petite cuillère !

Hélas ! Hélas ! Notre soupe maigre manque encore et toujours de radis et nous restons farcés, dans les choux farcis au petit salé des hausses permanentes. Nous ne sommes qu'une patate douce qu'on a prise pour une truffe. Nous n'allons pas chinoiser ! A l'enseigne de la pénurie, nous avons table ouverte et du bol pour une bonne soupe aux peanuts et aux vermicelles !

Pour pouvoir crier, "Madame Marianne, la soupe est servie !", nous voilà cuisinés aux petits oignons ! Vous frémissez, nous bouillonnons, on nous écume ! C'est la nouvelle diététique d'un régime minceur porté à ébullition !

Certains coincent la bulle pendant que d'autres dégustent la soupe aux cailloux et aux orties ! Ras la casquette et ras le bol, du velouté allégé, du consommé solennel ! Nous en avons tous plein le pot et ras la casserole !

Messieurs, les marchands de soupe à la grimace, nous ne sommes plus dupes !

42 - Élixir d'amour

La vache maigre et enragée est déjà dans la garbure. Les ânes ont eu droit à la bouillie d'avoine ! Vous-mêmes, marchands de soupe populaire, vous n'êtes plus qu'un cheveu sur la soupe de la masse laborieuse. Mais avant même que le rouge de la honte ne vous monte au front, le peuple pourrait bien décider d'y monter à son tour ! Il vous offre un joyeux concert de casseroles.

Le plat de résistance des convives enfarinés et trempés comme des soupes par des pluies de promesses leur a été servi ! Pour les sans dents, c'est le plat idéal. Mais les malheureux n'ont pas le temps de la becqueter, tout contraints qu'ils sont de devoir continuer à faire bouillir la marmite. Au final, bien avant la lutte, tous sont affamés a force de ne plus casser que des croûtes de pain rassis et de devoir toujours boulotter et manger, sur leur pouce en deuil, les denrées défraîchies d'une cuisine électoraliste !

Mais il semble que vous espérez encore les faire manger à la fortune du pot aux roses ! Quand ils découvrent, la réalité, ils ne trouvent, en traversant le pot au noir qu'un déluge de déceptions ! Vous les noyez dans un potage de belles paroles. Votre écrasé de bonnes prédictions n'est qu'un pot-pourri de lieux communs ! Oh ! Mais qu'est-ce qu'ils prennent et dégustent ! "Le bonheur, c'est toujours pour demain !"

Bisque ! Y'a pas de homard au menu, y'a que des lézards ! Oh ! Bien sûr que vous ne coupez pas l'appétit à personne ! Vous ne coupez que les pattes aux indigents qui font la queue aux épiceries solidaires ! D'ailleurs, plus personne n'est dans son assiette et ne veut mettre d'eau dans son vin.

Mais le comble, affreux petits marchands, c'est que vous trempez parfois dans de sales combines et que votre chabrot est en plus tout glacé ! Attention ! La vengeance aussi risque de se manger... froid comme un gaspacho épicé ! Je crains bien, qu'à force de vous voir cracher dans la soupe et faute d'oseille, la soupe de larmes finisse par noyer complètement le reste de soupe comestible que le bon peuple avait  baptisée aux suprêmes gouttes d'espoir.

Dites-donc, les mauvais marchands de soupe, n'y aurait-il pas tromperie sur la marchandise et erreur sur le choix du produit ? Ne devriez-vous pas plutôt, quitter la politique et vous reconvertir dans la panade ? Vos potages sont des purées pour pauvres poires en marmelade. Vous les mettez allègrement dans la compote comme de pauvres pommes, en attendant probablement de les voir sucrer les fraises. Il est temps d'ouvrir une nouvelle cantine et de vous remettre à la popote !

Marchands de soupe, ne bâclez pas trop rapidement votre service citoyen ! Ne mettez pas trop vite le couvercle sur la soupière car le drapeau noir pourrait bien flotter sur la marmite ! Le peuple réclame une généreuse crème d'Argenteuil, pas un maigre potage d'argent-deuil ! Attention à ne pas finir dans le court-bouillon, une arête en travers du gosier !

Vous avez beau faire partie "des grosses légumes", si le peuple chaud bouillant est las de blanchir sous le harnais, vous blanchirez à votre tour et vous serez ébouillantés ! C'est le destin du "pot-bouille", la médiocrité communautaire, répandue à tous les étages ! E. Zola, hélas, n'a pas pris une seule ride ! L'eau de vaisselle est comme l'eau du baptême, éternelle !

Mais à  la fortune du pot, vous pourriez bien un jour ou un grand soir, rencontrer Ravaillac qui, le couteau entre les dents, vous liquiderait en deux coups de cuillère à pot et vous ferait goûter à la soupe au sang et aux fruits rouges ! A force de promettre la carotte, vous pourriez être forcés de déguster un potage Crécy et de devoir vous mettre pour cent ans à la soupe anglaise, voire même de finir à toutes les sauces !

Mieux vaudrait comme peut-être vos ancêtres, ne pas s'attacher aux pots de colle et fréquenter La Dubarry, une vraie comtesse, une fleur d'amour royal, un petit chou ! Alors, évitez par-dessus tout la compagnie des vieux croûtons ou de la Nini Peau de chien ! Préférez les dés de la chance des belles Juliennes à la compagnie des gros poissons !

Car même si les belles jardinières vous mettent dans le potage, entendez bien qu'à la fortune du pot aux roses, surtout celles de l'amour, c'est quand même souvent la vie de château qui est promise et sachez qu'il n'est pas toujours en vin, "l'élixir d'amour"

Mais craignez surtout, qu'à la fortune du pot aux roses devenu aux épines, le peuple aimé finisse par prendre son bonnet et la Bastille. Il sera alors trop tard pour essuyer "una furtiva lagrima."»

 

SIXIÈME PARTIE : LE CŒUR AU BORD DES LÈVRES.

Indignés et bien-pensants ! 

43 Nous n'échappons pas au trouble de l'époque. Chers concitoyens, comme moi vous en êtes victimes.

Accablant constat ! L'ambiance est morose et survoltée !  la démocratie est ébranlée. Il y a trop de cris et d'insultes, d'affirmations péremptoires assénées en insistance, il y a trop d'intolérance, de rejets et de haine de l'autre, trop de braves mais pauvres types qui se prennent pour des héros, trop d'excités et de fanatiques qui veulent porter atteinte aux libertés fondamentales... Il y a trop de motifs de mécontentement et puis au milieu de ce bazar cacophonique, il y a vous et moi qui hurlons parfois avec les loups.

Il est grand temps de réagir et d'entrer en résistance !

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 43 La pensée unique

Notre époque vit dans un terrible trouble linguistique et sémantique. La confusion des termes, les glissements de sens, la passion des idées, permettent à chacun d'exprimer, d'imprimer et de diffuser n'importe quoi. Le concert des avis divergents est une désastreuse cacophonie. Même l'apparente convergence des points de vue repose sur le sable des équivoques ou des contradictions !

Je prends peut-être le risque d'en chahuter plus d'un d'entre vous ! Mais le constant matraquage médiatique et les scoops qui font le buzz pour faire de l'audience agacent ma conscience de brave citoyen comme d'humaniste aux tendances fraternelles ! Je m'indigne et pousse, une fois n'est pas coutume, un cri d'exaspération, au bord de la révolte ! Comme Stéphane Hessel, j'en appelle à l'esprit de résistance ! Résistez ! Indignez-vous, redressez-vous et résistez sans relâche !

Traitez-moi de conformiste et de conservateur, mais je ne suis pas prêt à m'aligner sur un modèle de pensée unique et à hurler avec les loups ! Mon éducation m'a sans aucun doute conformé à une culture, une histoire, des valeurs et des modes de vie mais elle n'a pas fait de moi, pour autant un homme soumis, traditionaliste ranci et vieux jeu ! J'ai des convenances, sans être conventionnel. Même mon langage n'est pas, comme dirait l'homme de la rue, pour le premier con venu !

Généralement, je ne vais suivre un mouvement d'ensemble que s'il est en concordance avec ce que je pense être le meilleur pour moi et mes semblables ! Mes rapports humains visent l'harmonie ! J'applique discrètement, avec bonheur ce message de sagesse : "Le bien ne fait pas de bruit, le bruit ne fait pas de bien !"

Mais aujourd'hui dans l'espace médiatique, c'est partout la foire d'empoigne des faux penseurs et grands-diseurs. Soit on contredit tout un chacun en disant tout et son contraire soit on se fait l'écho du dernier avis saisi, au hasard d'une lecture, entendu, au cours d'une interview, d'un échange ! Le spectacle est permanent. Il se donne partout, sur les chaînes d'information ou de variétés !

A l'instar de la télé-réalité qui nous envahit, les enquêtes d'opinion permettent au premier venu d’apparaître avisé et d'exprimer avec aplomb son vague sentiment, en le propageant au grand public. Chacun se croit autorisé à le donner ou à le clamer. Le public applaudit sur commande ! La facilité avec laquelle, le petit écran vous permet de débiter des platitudes, au journaux télévisés, dans les émissions de variétés, sous les sunlights, à une heure de grande écoute, fait de vous des nouveaux héros ! Chacun a sa chance ! La joie ravie du candide candidat tiré au sort dans le public comme l 'arrogance et l'insolence du premier venu sont désormais des attitudes courantes !

Répondre au hasard et donner par chance la bonne réponse ou répéter la dernière conception venue, en faire illico une position personnelle est l'attitude pseudo-intellectuelle qui triomphe aujourd'hui, aux heures d'affluence de l'audimat ! Elle vous permet d'être dans le courant actuel de pensée, de faire encore jeune ou simplement branché ! Une pincée d'assurance, une noix de morale et une bonne part de conformisme pour ne pas bousculer l'ordre établi et vous voilà représentatifs de la bien-pensance langagière.

Vous ne sauriez préciser vos sources, c'est le grand vague des interviews sur le vif : " On m'a dit que ! ", " Tout me laisse à penser.", " J'ai ouï dire ! ", " Je le tiens de milieux bien informés ! "... En vous retranchant dans l'anonymat, vous vous déresponsabilisez de ce que vous affirmez. Vous n'avez aucune arrière-pensée ! Vous pensez être d'avant-garde avec des pensées venues de l'arrière !

Car vous n'avez pas réfléchi, vous avez adopté le comportement de la foule ou du tribun médiatique. Vous êtes les échotiers de la bonne pensée unique ! Vous avez repris les opinions du plus grand nombre et souvent de la nullité triomphante, avec un tel cran que vous avez pu un instant, laisser croire que vous les aviez vous-même pensées ! Le leurre est parfait !

Voyez-vous ! S'il est aisé d'agréer au slogan répandu et imprimé : "fumer tue", on peut déplorer que la bêtise et le ridicule, eux ne tuent pas ! Oui ! C'est ainsi que vous avez tout loisir d'afficher une politique qui ne choque pas le petit bourgeois ou le bon citoyen ! Vous avez la capacité d'user d'allégations pommadées, de formules douces et ouatées, de donner dans l'euphémisme. Comme vous pratiquez l'enfumage, l'autre peut donc vous encenser en retour.

Votre air convaincu et inspiré, votre exaltation prouvent que vous avez été influencés par les points de vue ambiants et qu'ayant entendu résonner un son de cloche, vous raisonnez à votre tour comme la grosse cloche ! Vous donnez l'impression de travailler du cerveau, vous apparaissez comme des battants de cloche!  Mais vous n'êtes que de modestes grelots !

Vous pensez sonner à toute volée des idées, vous ne carillonnez que des préjugés. Vous êtes dans l'a priori, un pur représentant des croyances sociétales érigées en systèmes d'une nouvelle morale sociale ou culturelle ! Vous ne sonnez que le tocsin de la pensée ! Vous pensez être progressistes mais vous ne tarderez pas à passer pour rétrogrades auprès des nouveaux bien-pensants. En psittacisant des formules choc, vous pensez être au top. Hélas ! Vous faites toc, depuis toujours dans le bazar de la conformité !

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 44 Les héros du Landerneau

Le spectacle est partout : au cœur du jeu, du débat politique ou sociétal. Le bon mot sert de façon de penser ! La beaufitude est un mode d'expression et d'existence !

La ménagère de 50 ans repart de l'émission télévisée avec son panier garni de cadeaux et de compliments ! Un triomphe quand Papi Mougeot a su dire que Paris était la capitale de la France et que Tonton le tatoué savait que Tartarin était de Tarascon ! Con !

Petits primés d'un soir, votre gloire est factice mais elle vous permet désormais dans votre Landerneau, d'avoir un jugement autorisé sur tout ! Une manière stupide d'illustrer le slogan : "penser global pour agir local !", c'est à dire donner en bloc un avis généralement admis à l'ensemble de ceux qui ne demandent rien ou n'y entendent rien. Croire ainsi qu'on a une quelconque influence pour la masse indéterminée des péquins du patelin comme des cambrousards de la brousse.

Même si votre célébrité est illusoire et éphémère, elle demeure ancrée au fond de vous. Dans votre for intérieur, vous avez beau être les interviewés ou les candidats d'un jour, vous vous sentez commentateurs et lauréats pour toujours ! Innocents un jour, béats toujours ! Votre statut de vedette d'un instant vous auréole intérieurement et vous donne à jamais de l'assurance ! Plus rien ne vous impressionne, le monde de la bêtise et du pseudo bon sens, le mieux partagé vous appartient ! On ne naît pas niais, on le devient et on le prouve ! L'indigence des affirmations et la  médiocrité de la pensée sont le triomphe des nigauds et des sots, des ballots et des gogos !

La rue, le café du commerce, les apéros entre amis, les clubs d'activité, les rencontres improvisées, les voyages organisés... sont autant d'occasions de briller en exprimant le fond de sa pensée ! Enfin ! Ce qu'on a réussi à toucher, à racler...Souvent le fin fond de l'abîme de réflexions !

Certains pensent ainsi que parler, c'est penser et que répéter l'idée reçue, en divagant et radotant, c'est exprimer de vraies convictions. Ah ! La grande aventure intellectuelle ! Réfléchir devient même pour certains une expérience nouvelle !

Il leur suffit de ramasser sans vérifier, tout ce qui passe et se colporte, pour y croire et le clamer haut et fort en écho ! Il leur suffit de surfer sur le Net et de récolter les tweets du jour ! Ne plus penser, penser mal ou à tort est devenu le pseudo mode intellectuel le plus répandu. L'autre pense pour vous, il suffit de répéter ce qu'il a dit sans garantie de source et d'authenticité ! Vous pouvez alors, dire haut et fort, d'un ton autorisé : "Sur ce sujet, moi aussi je pense plutôt que..."

Suivant la force de persuasion que vous aurez employée, votre avis de perroquet à son tour sera repris ! Et même, si vous avez déjà été mis une première fois, en lumière alors pourquoi ne pas croire au miraculeux hasard de la seconde chance !

Si derechef, vous avez de l'audience, bonne presse ou mauvaise presse, vos avis seront diffusés, retransmis même, amplifiés et déformés ! L'idée la plus saugrenue fera du bruit et des éclats !... L'on-dit est ainsi devenu une nouvelle. Votre allusion passe pour un fait avéré. Vous avez sans le percevoir un impact populaire et retentissant ! Vous vous croyez original, vous n'êtes qu'un copiste, un vulgaire populiste ! Vous n'avez même plus à raisonner, vous résonnez ! On appelle ça : La Bien-Pensance des moralistes à la morale incertaine !

La bien-pensance ! Voilà bien le fameux concept bidon pour intellectuels des broussailles ou terroristes de la vérité et de la logique ! Moi, votre critique du jour, je suis souvent indigné par tant de médiocrité ambiante, que je ne crains pas ici la polémique en m'exposant à vos reproches !

Amis lecteurs de ce billet d'humeur, sûrement pensez-vous à cet instant que cette réprobation généralisée est un effet de plume de la part d'un petit théoricien des faubourgs, d'un héros du Landernau ! Oh ! Après tout peut-être ! Mais après ce prologue réquisitorial, pour mieux vous convaincre, je m'en vais encore vous offrir des bouquets de pensées fraîchement cueillies, bien sûr, au ras des pâquerettes !

A moins de vous reconnaître copie conforme dans cette charge, faites comme moi et quelques-uns avant moi, indignez-vous ! Révoltez-vous ! Indignez-vous sans cesse ! Ne vous laissez pas aller à la facilité ! Exercez votre jugement critique, ne gobez pas tout ce qui passe dans l'air saturé ! Qu'importe que vous passiez pour des ringards ou des anticonformistes, mais ne confondez pas les notions ! Méfiez vous des insinuations et des approximations.

N'employez pas, par exemple, le mot "croyances", quand vous parlez de "religions" ! On peut avoir des convictions sans les ériger en dogmes. On peut pratiquer une religion sans être endoctriné au point de l'imposer et d'en faire un motif exalté de guerre de religions !

Insurgez-vous quand on vous parle d'insécurité régnante et de menace généralisée. Quelques fous illuminés ne sont pas représentatifs de l'ensemble des pratiquants. Les obscurantistes ne sauraient obscurcir totalement la pensée héritée du siècle des lumières ! La foi reste du domaine de l'intime ! Elle ne combat pas la raison ! Grands dieux, réfléchissez avant de parler et d'affirmer...

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 45 Les refus salutaires

Aucune "religion", à part celle des marchands d'armes, contraignante par force, n'est prévalente sur une autre ! Les faits historiques ne se concurrencent pas, seuls les exégètes les comparent et les opposent. La thora, la bible, le coran, les livres sacrés portent en eux la loi du ciel et du cœur. On peut les recevoir et les considérer chacun comme un code moral, ils ne sont pas, hormis dans leur message d'amour, une loi universelle ! Ils ne sauraient être la base d'une loi unique faite de doctrines sociales ou religieuses qu'on vous impose. Ne vous effacez jamais devant elles.Vous avez le choix personnel et raisonné de vous incliner, même par respect en agnostiques.

Non, à la dictature de la Révélation, aux idéologies de leurs interprètes ! Oui, à la tradition spirituelle et symbolique ! Non, à la charia ou à toutes formes de contraintes d'agir, de penser, de s'exprimer, de s'habiller, de consommer, de se distraire... qui s'imposent par la violence, à notre vie publique ou à notre espace privé ! Non, au terrorisme juridique, intellectuel, culturel ou religieux ! Refus impérieux de la stigmatisation de nos contemporains qui ont la foi et qui la pratiquent sans ostentation !

Alors, en hommes libres et de bonne volonté, pratiquez la résilience. Résistez au choc du matraquage ! Une loi canonique n'est pas une loi applicable aux citoyens, ses règles ne concernent que les seuls religieux ! Intimement, chacun est libre de croire ou de ne pas croire ! Ne vous laissez ni contaminer, ni impressionner par les discours prosélytes !

Les actes de barbarie sont perpétrés pour traumatiser le peuple et fouler aux pieds les Droits de l'homme. Leur médiatisation et les extrapolations sont grandement responsables de leur impact saisissant sur l'opinion ! Au nom de l'information et du sensationnel qui émeut et fait vendre journaux et parts de marché, les médias leur donnent une audience surdimensionnée ! En parler trop, c'est faire de la publicité et risquer d'entraîner des excités déboussolés comme des paumés rancis ou haineux.

Il y a toujours des nostalgiques des jeux de gendarmes et de voleurs, qui rêvent d'attaquer les Indiens et qui se réjouissent de pouvoir manipuler de vraies armes ! D'autant que les jeux vidéo leur servent aujourd'hui d'entraînement virtuel ! La pratique addictive conduit certains à ne plus distinguer la fiction de la réalité !

Bien sûr, il faut rester prudents et sans cesse sur vos gardes ! Ne devenez pas systématiquement suspicieux, dans un climat de complots permanents ! Ne devenez pas paranos ! Soyez vigilants mais ne paniquez pas, surtout a posteriori, sous le coup d'une détonation terroriste ! L'explosion d'une tuyauterie de gaz ne remet pas en cause l'exploitation du gaz et ne rend pas suspects tous les employés de la compagnie !

Les attentats odieux et lâches perpétrés par des islamistes radicaux, se réclamant d'un islam fondamental ne doivent pas porter préjudice à tous les musulmans ! Déjà parler d'islam modéré, c'est sous-entendre la reconnaissance d'un extrémisme ! Il vaut mieux réfléchir avant d'exposer un avis. L'exaltation aveugle comme la neutralité couarde et hypocrite n'apportent rien de constructif aux débats !

Au lieu de jouer sur le sensationnel ou de banaliser le propos pour dédiaboliser l'idéologie sous-jacente, les médias devraient inlassablement répéter que le nationalisme exacerbé, le racisme rampant et le fanatisme religieux sont les trois dangers de notre démocratie ! Chaque déclaration devrait être analysée au filtre de cette trilogie porteuse de haine et de désordre.

L'école devrait enseigner la rigueur de la pensée et les parents éduquer à la rectitude. L'esprit critique, la logique et l'analyse devraient être la règle de l'apprentissage. Je vous entends déjà dire et répéter ce que vous avez entendu : "Mais, c'est fichu ! Les collégiens, les lycéens se radicalisent et rêvent de faire le djihad ! Près de 2000 sur 12 millions d'élèves scolarisés ! Ce n’est pas beaucoup mais tout de même !" ... Les professeurs ne peuvent plus appliquer leurs programmes devant la contestation aveugle des faits historiques ou scientifiques. Et l'adage du verre à moitié vide ou à moitié plein revient pour diviser l'opinion, jusqu'à plus soif !... Vous y buvez goutte à goutte, vous n'y voyez goutte, mais vous en parlez !

Faites-vous donc votre propre opinion sans la répandre. Indignez-vous de croire que c'est l'exacte vérité. Au fait, les bien-pensants sont-ils des bien-disants qui pensent bien et qui l'affirment ?

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 46 Résistez et indignez-vous !

Indignez-vous, indignez-vous sans cesse, devant la bassesse des lâches ! Révoltez-vous devant les ignominies homophobes, les infamies racistes des enflures qui enflent leurs propos.

Faut-il rappeler sans parvenir à convaincre que tous nos voisins ne sont pas des étrangers qui refusent de s'intégrer ou qui profitent des aides sociales ! Toutes les difficultés de la France ne sont pas ethniques !

Bien sûr qu'il ne faut pas faire d'angélisme et qu'il y a des cas avérés de communautarisme, d'abus aux aides sociales, de discours xénophobes, d'actes d'incivilité, de provocations et de refus d'intégration ! Mais il ne faut pas généraliser et comprendre que le monde évolue dans son peuplement et que l'Autre a le droit d'être différent dans sa culture, son mode de vie, sa religion ! Différent et tolérant ! Car il ne doit rien nous imposer, surtout pas sa foi religieuse !

La nationalité française lui donne des droits tout autant que des devoirs. Il est un citoyen à part entière, à la condition, qu'il accepte les lois de la République et du pays laïque dans lequel il vit. S'il participe de sa richesse économique, il bénéficie normalement, en retour de ses protections juridiques et sociales. Ce minimum du vivre côte à côte ou ensemble dans l'espace public n'est à mon sens, pas négociable ! L'autorité de l’État doit se donner tous les moyens de le garantir sans faiblesse !...

Mais hélas, le consensus entre concitoyens n'est pas encore acquis ! Les passes d'armes mènent dans l'impasse ! Chacun crie à l'imposture ! Le triptyque des valeurs de la devise nationale : Liberté, Égalité, Fraternité a rajouté une quatrième notion : la Sécurité.  Au bilan, ses commentaires conduisent à constater les inégalités, les nouvelles lois dites liberticides, la stigmatisation nationaliste, la xénophobie, l'islamophobie et l'antisémitisme ! Et l'on glose et l'on se déchire sur l'intolérance, la haine ou la peur ! Les références ne sont plus communes, la philosophie sociale et politique est passée maître dans l'art de changer les repères !

Les nuances ont disparu ! La pensée triomphante est une pensée unique ! On ne peut être que pour ou contre. Le manichéisme a envahi l'analyse politique et imposé un raisonnement binaire. Tout est outre mesure. Ni une, ni deux, tout se vaut : Gauche, Droite, les deux font la paire et les extrêmes se détestent mais se touchent dans leur radicalité ! Entre les deux, jamais sans trois désormais, l'opinion fluctue de l'indignation à l'outrance des invectives et des positions ! L'outrecuidance des tribuns produit de la harangue auto-satisfaite et emphatique ! La présomption n'est plus d'innocence, elle est arrogance et auto-proclamation !

Certains traquent le dérapage et s'en font un fonds de commerce fondé sur l'indignation populiste ! Alors le moindre événement surmédiatisé ou monté en épingle se propage dans l'émotion. Aussitôt l'opinion s'indigne et s'enflamme !... Après les dernières lois âprement discutées comme celle des retraites ou comme le fut en son temps, la loi du genre ou du mariage pour tous, vive les sempiternelles déclarations grandiloquentes sur la laïcité, la citoyenneté, la tolérance, la fraternité, l'immigration, l'insécurité et le wokisme... ! Les chantres multiconfessionnels et œcuméniques paradent à la tribune, en tête de cortège et réaffirment les valeurs de la République, une et indivisible ! Mais la conviction fait défaut et les discours apologétiques sont des prêches pour citoyens déjà pratiquants et des prônes pour ceux qui considèrent être déjà rentrés en carême démocratique !

Dans le jeu néfaste des influences, certains jouent avec votre compassion et vos peurs ! Ils savent qu'il faut des violences et du sang pour émouvoir en un instant et impressionner, à défaut de conscientiser. C'est ainsi que sur le terreau de la commotion populaire, du désarroi patriotique, poussent les amalgames ! Vous, vous y résistez peut-être et vous vous indignez simplement, tranquillement. Mais votre conscience civique est ébranlée. Attention, danger ! Crédule auditeur et cannibale lecteur sont prêts à tout dévorer pour déféquer les fakes news ! C'est parfait puisqu’ils sont prêts à tout gober ! Dans le tapage des couinements criards des porcheries médiatiques, on n'entend plus le silence des agneaux !

Et vous, vous vous croyez forts, vous ne voulez pas tomber dans la démesure, vous êtes scandalisés, offensés même qu'on puisse croire que vous êtes influençables ! Vous entendez la désapprobation qui s'amplifie et qui gronde dans la bonne conscience populaire ! Non, vous n'êtes pas un mouton de Panurge, vous avez votre propre opinion et vos valeurs ! Vous ne tomberez pas dans cette vulgaire attitude ... Et pourtant !...

Vous êtes pris dans le mouvement général et vous vous surprenez, vous-mêmes ! ... Un jour, dans le feu d'un échange, à votre tour, vous proclamez haut et fort ou vous murmurez, à voix basse : "Le danger est partout !" "La solidarité nous coûte un bras ! "On n'est plus vraiment chez nous!" Oh ! Bien sûr, sur le moment, vous ne dénotez pas, vous faites partie du grand concert des idées reçues dans lequel chacun y va de son commentaire de bien-pensant ! Il suffit pour s'en convaincre de se promener et d'entrer au hasard, en conversation !

Pour donner une seconde chance aux repentants de la deuxième heure et une piqûre de rappel aux repentis de la première, c'est d'ailleurs de manière quasi caricaturale qu’officiellement, on milite encore pour la liberté d'expression et le droit aux caricatures ! Partout, chacun a tout loisir de faire son marché de la presse aux formules sensationnelles ou son plein de ragots hyperboliques ! Partout, chaque concitoyen peut se réalimenter et se laisser imprégner de morale molle et racoleuse !

Attention danger ! Vos oreilles et votre conscience doivent entrer en résistance ! N'oubliez pas que l'idéologie des partis extrémistes s'assouplit mais qu'elle demeure. Le loup déguisé en agneau reste un loup dans sa peau. Car par imprégnation, facilité, fausse bien-pensance insidieusement répandue, on vous apprend à hurler avec les loups !...

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 47 Hurler avec les loups !

N'importe quel sujet banal qui se prend à aborder les petits tracas de la vie quotidienne : la vie chère, la pollution, l'emploi, la sécurité, la santé, la fin de vie, l'ordre et la tradition.... débouchent sur la politique en général et les promesses pas tenues. Quand ce n'est pas : le laisser-aller généralisé, la jeunesse qui n'est plus ce qu'elle était, l'effondrement des valeurs morales, des principes éducatifs, le gouvernement des incapables, la démission des parents et les étrangers qui sont partout !... Mots magiques, sésames pour la diatribe ou pour l'opinion exprimée sous le mode de la confidence ! Hystérisation du débat ! Au hasard, vous retrouverez ici quelques bribes ramassées... Jugez, par vous-mêmes !

" Il faudrait les renvoyer chez eux !...

" On n'a pas le droit de le dire mais, on peut le penser quand même ! Il faut bien l'admettre ! On n'est plus chez nous !"... " Il est déjà là le grand remplacement !" Oui ! "Ce sont des Français d'adoption et de papiers mais pas de souche."

" Moi, je vous dis ça, mais je n'vous dis rien !... Y'en a qui ont travaillé toute leur vie et qui n'ont pas de quoi vivre pendant qu'on nourrit tous ces fainéants qui font des gosses... comme ces fichés S, ces terroristes et tous ces étrangers en prison ! "...

" Moi, je le tiens de source bien informée ! C'est voulu par les élites ! On ne nous dit pas tout ! On prépare la troisième guerre mondiale ! En 39, justement 3 ans après le front populaire ! Et maintenant, il y en a deux : le front national et le nouveau front populaire ! "

" On m'a parlé du retour de la cinquième colonne !"... "Les réfugiés, les immigrés, c'est ça ! En plus, ils viennent pour profiter !" ... "Je paye mes impôts pour leur payer leur iPhone ! Ils n'ont pas d'argent pour se nourrir, ils en ont pour s'acheter le dernier gadget à la mode, que moi, je ne peux pas m'offrir !... Et le samedi, c'est balade en gilet jaune !"

" Avec tout ce qu'on leur donne ! "On n'a pourtant pas les moyens de les accueillir, on ne sait même pas nourrir nos pauvres.... Et puis, dans le tas, y a des malades qui ont des virus et des extrémistes qui cherchent à pénétrer pour faire des attentats !"...

" Vous pensez bien que là-haut, ils ont bien raison de se méfier : ça justifierait presque, les écoutes, la surveillance et l'espionnite généralisées ! Comme si, ils vont se gêner ! "...

" De toutes façons, moi, je suis un honnête citoyen comme vous ! Hein ! Non ! Pensez-donc ! Je ne crains rien des contrôles ! Ah ! Mais j'en ai ma dose ! Ne me dites pas que vous n'êtes pas, vous aussi, vaccinés contre ces jeunes livrés à eux-mêmes et tous ces ragots et médisances. Non ! Ce n'est pas mon esprit crédule qui est contaminé ! On est infiltré, j'vous dis ! On nous cache la vérité ! "...

" Le gouvernement a déjà démissionné, il veut nous faire croire qu'il maîtrise ou va maîtriser la situation. Houellebecq a sûrement raison ! Le complot est national ourdi par un ordre mondial."...

" Y'en a qui disent que la délation est encouragée ! Ça empêcherait même l'extension des zones de non droit. C'est trop tard, je le crains ! Y'en a même dans les villages à la campagne ! Les commerces illicites et la violence s'installent partout désormais. Les partis d'extrême droite ou de gauche les dénoncent et disent les comprendre. Ils encouragent ainsi les déséquilibres sociaux du pays, favorisent le racolage pour élargir leur électorat, mécontentent le peuple pour le pousser vers eux, le séduisent par les promesses irréalistes de leur programme, donnent une chance à tenter l'aventure avec l'organisation politique qui n'a pas encore gouverné et même, certains l'espèrent, préparent les soulèvements populaires du grand Soir.

En se lavant les mains, ils s'en dédouanent... Tout ce qui arrive n'est que le résultat des responsables politiques précédents... Ils les ont accueillis et logés, regroupés et parqués par ethnies. Ils les ont vite oubliés et les ont laissé faire. Alors, faut dire que ce qui arrive, ils ne l'ont pas volé avec tous ces sweets à capuches, toutes ces cagoules et ces trafics !"... "Y'a des gris et des noirs pour le marché noir !... La police est d'accord avec eux ! Elle laisse faire pour avoir la paix sociale et puis, ça rapporte à l'économie souterraine !"

"Et ça fait que commencer, ça va s'aggraver !... La liberté est menacée ! On va en profiter pour nous imposer des mesures ! Enfin, c'est pas moi qui le dis, on l'entend partout ! Et puis, je critique pas, je dis tout haut ce que tout le monde pense tout bas ! "

Vous pensez que j'exagère ? Mais non ! Qui d'entre vous ne l'a pas partiellement, à peine, un jour pensé, qui n'y a pas même, ne serait-ce que d'un hochement de tête simplement acquiescé, voire renchéri en écho, d'un mot, d'une petite phrase banale ? En catimini, les sous-entendus calomnient sournoisement. A la cantonade, les interjections retentissent de propos haineux. L'hypocrisie habille la pensée !

La peur de l'autre crée le rejet et la violence ou sa menace potentielle. C'est ainsi qu'en travestissant l'Histoire, qu'en en perdant la mémoire que le nouveau fascisme s'insinue ! Certains défilent en toute hostilité et s'affichent patriotes ! Le grotesque et le ridicule ne tuent même pas ! Quelques fronts plats crient : " Charles Martel, reviens ! "... L'immigration voulue et soi-disant entretenue est une nouvelle invasion ! Un vieillard, au pied de sa statue, s'exclamait hier : " Jeanne, au secours ! " La peste brune s'incarne désormais dans la Blonde Walkyrie.

Litanies incantatoires de la haine ordinaire : "Boutons l'étranger hors de France !"... "On est chez nous !" "Stop à l'Europe et ses diktats !"... Montée des nationalismes, des radicalisés, des extrêmes violents ! Haine des noirs ! Défilés des suprématistes blancs ! Xénophobie du juif et du musulman !... "Fermons nos frontières !"  "On n'a pas les moyens de les entretenir et de les soigner gratos !" "On paye trop d'impôts pour les réfugiés et les clandestins!" "L'emploi aux Français !" "Halte aux minimas sociaux donnés à tous les fainéants payés à rien foutre !" Vive le fichage ethnique ! Haro sur les mosquées et les juifs, les subventions aux cultes et occultes !... J'en passe et de bien plus perfides ou horribles !...

"Sortons de l'Europe ! Assez d’obéir à Bruxelles ! Taxons les riches, leurs super bénéfices, les dividendes des actionnaires, redonnons du pouvoir d'achat aux Français, supprimons la TVA sur les produits de première nécessité, baissons les tarifs de l'électricité et des carburants ! Augmentons les salaires !"...  Le nouvel Eldorado promis, le pays où "coulera le lait et le miel", sent déjà la bouse...

_ A quel prix tout cela ? _  Allons donc, le bonheur n'a pas de prix !... Holà ! N'écoutez pas ! On vous dit que l'espoir promis augmente en même temps que l'actuel déficit généralisé ! On fait dire ce qu'on veut aux chiffres. On les manipule. De l'argent, il y en a. Il suffit de le prendre où il se trouve... On peut toujours faire fonctionner la planche à billets !... Nous sommes au bord du gouffre, mais allons, main dans la main, faisons tous ensemble un grand pas en avant ! Chaos ou K.O ?

Le drame national, c'est que mine de rien, même s'il s'en défend, chacun répète par inadvertance, complicité ou lâcheté, drapé parfois dans sa dignité humaniste, ces poncifs et ces truismes ! Les contre-vérités absolues et la transgression dans le vocabulaire franchissent les bornes extensibles du politiquement correct ! Nous ne sommes pas exempts de reproches ni innocents.

La catastrophe, c'est que le propos fielleux se dispense subrepticement. Il se distille et s'insinue partout, parfois même sous l'aspect d'une rigolade, "d'une bien bonne", d'une petite dernière pour la route", du "comme disait Marcel", du perfide : "Soit dit en passant."... Et les brèves de bistrot deviennent des unes de journaux ! Je ne suis plus Charlie, je suis Mimile, Roro, Nanard et Bébert autorisés à dire tout et n'importe quoi, pourvu qu'on égratigne les autres et réjouisse les potes !

Fi de la casuistique ! L'opinion s'abandonne et se répand. Ainsi, on ne s’embarrasse pas de cas de conscience !... Laissons aux bien-pensants le monopole de la morale théorique ! A l'éthique, préférons les tics de langage qui font à tout coup, le buzz ! Mieux vaut en rire pour ne pas en pleurer !... La nouvelle morale est sociale et racoleuse. Plus de haine ordinaire de l'autre, du pas comme nous ! Votre honnêteté intellectuelle fait de vous un passéiste intégriste, démodé et sentencieux !

La capacité spéculative ne se mesure plus en pensée conceptuelle et en raisonnements mais en possibilité de faire bonne contenance ou de provoquer le clash ! La profondeur des cogitations sociétales de quelques pseudo-philosophes est restée collée au tréfonds de la sagesse antique et les esprits les plus pénétrants, le sont par leurs cris perçant les oreilles d'un public déjà acquis ! Les cyniques donnent le spectacle et revendiquent les plébiscites ! Discuter avec un extrémiste réactionnaire, n'est-ce pas le légitimer ? Il n'y a pas de date de péremption pour les corrompus de la pensée !

Petit à petit, la haine et la psychose s'installent dans l'opinion ! On défile pour sauver la France des nouveaux fascistes ! Dans l'ombre, des milices identitaires ou de citoyens exaspérés se forment. Les défenses s’organisent et se créent, au motif de mettre fin à l'influence dangereuse ou néfaste ! Craignons qu'elles ne dégénèrent en ratonnades et ne créent des guérillas urbaines puis qu'elles ne nous entraînent dans les horreurs d'une guerre civile !... De nouvelles nuits des longs couteaux ou de la Saint Barthélémy, sont-elles à redouter ? L'opinion est inflammatoire ! Les extrêmes, les gourous du changement, s'ils ont du retard à l'allumage, ne manquent pas d'allumettes ni de souffle pour ranimer les braises. Le rêve du grand soir s'entend avec les lendemains qui chantent.

Oh ! Certains diront que vous exagérez !... Espérons profondément avoir toujours tort, mais il y en a peut-être qui n'attendent que cela ! Provoquer ! Déstabiliser ! Insécuriser ! Alors, prudence dans les petites phrases, les jugements, les pensées et les actes ! ...

Ne vous échauffez pas ! Si on dit que vous faites de l'angélisme et que vous êtes un collabo, adoptez la sagesse du bien faire et laisser dire ! Appelez-en au bon sens, exhortez la poignée de vos amis d'exercer leur jugement critique et de s'informer en multipliant les sources et les analyses !

Méfiez-vous des chiffres et des sondages qui sont donnés pour certifier et vous influencer ! Chaque statistique produit aujourd'hui sa propre contre-statistique. Alors à prendre, comme tout avis ou information, avec circonspection ! Ne vous laissez pas con-former. Les chiffres ne sont plus têtus, ils vous prennent la tête ! Ne comptez pas sur eux mais sur vous-mêmes ! Ne répétez pas, sans réfléchir !

Ne soyez pas fascinés par les discours d'opposition systématiques ou complotistes de quelques élites pseudo responsables et de partis de gauche ou de droite, se revendiquant de l'extrême urgence mais qui ne se révèlent que d’extrême rigueur !... On trahit son frère pour un plat de lentilles, on avale à grandes lampées la soupe dans laquelle on a craché et on se vend pour une assiette à la table des gargotiers fricasseurs fracasseurs !  Ne vous frappez pas votre front plat, ne vous cognez pas, front contre front, vous n'entrechoqueriez que les cornes qu'on vous a offertes !

Défendez les fondamentaux d'une immense radicalité républicaine. Résistez et indignez-vous !

 

PARTIE 7 : AU CŒUR DU TEMPS

De temps en temps

48  Notre existence terrestre nous inscrit anonymement au cœur du vaste monde et de la multitude de nos congénères.

Mais notre existence humaine ne prend réellement forme que dans l'affirmation de notre présence à notre environnement. Du macrocosme au microcosme, nous existons pleinement dans la réalité de nos actions et échanges avec nos contemporains. En même temps que l'actualité participe du temps qui passe, le temps qu'il fait conditionne nos modes de vie. Vous retrouvez-vous dans cet exemple pris sur le vif ?

CDC 67   48  C'est la rentrée ! Temps incertain d'une fin d'été ! Derniers rayons, premiers frimas !

Ce jour, des questions et pensées futiles mais existentiellement importantes se pressent à l'esprit ! "Porterai-je du lin ou de la laine ?... En réunion, au cas où le soleil montrait le bout de son nez, ne devrais-je pas me mettre, côté fenêtre afin de garder mon bronzage ? Ah oui ! Mes Ray-Ban, à ne pas oublier ! "

C'est ainsi, presque chaque matin ou la veille d'un nouveau jour ! Nous sommes toi et moi, préoccupés des conditions atmosphériques et climatiques. Nous pronostiquons le fond de l'air et la couleur du ciel. Sur nos petits écrans, la Reine météo et ses caprices affirme avec plus ou moins de fantaisie et de suspens, leur présence en nos vies. Elle rythme nos états d'esprit au gré du temps variable, des anticyclones et des fronts froids ou chauds, des cumulus, des canicules ou des averses éparses pour nous mettre le moral au beau fixe ou en basse pression !

***Automnales ou hivernales, printanières ou estivales, nos humeurs se dégradent ou s'améliorent, fraîchissent ou s'assombrissent, s'éclaircissent ou sont clémentes et idéalement claires. Nos yeux sont doux ou virent à la pluie jusqu’à inonder toutes les vallées de larmes, nos cœurs sont frisquets ou ensoleillés, nos visages maussades ou radieux, nos rires tristes ou éclatants. La carte de France est une pizza quattro stagioni !

Souvent d'ailleurs, au hasard du quotidien, quand deux personnes se rencontrent, après avoir échangé leurs salutations et quelques mots aimables, leurs conversations aboutissent, la plupart du temps, à parler du Temps : du temps qu'il fait, qui passe ou qu'on occupe. A tel point, que le vocabulaire de la météo a imprégné de ses expressions et images, l'ensemble de nos vies.

Aux quatre saisons de nos existences, nos cœurs baromètres sont sensibles à l'atmosphère et au climat de nos relations. Le temps est variable comme nos hésitations ! Au beau fixe, quand l'entente est au zénith ! Tropical, quand la chaleur grimpe ! Glacial, au premier coup de gel.

Les phénomènes météorologiques illustrent nos rencontres, le meilleur ayant été, le coup de foudre ! Mais parfois celles-ci s'obscurcissent au passage d'une incompréhension et de nos susceptibilités.

Nos activités subissent aussi quelques dégradations. De gros nuages gris et noirs ternissent nos jours, des turbulences secouent notre quotidien, jusqu'à ce qu'éclate l'orage. La température est fonction de l'ambiance. Nos cœurs parfois déçus, se resserrent et se refroidissent ou bien la fièvre monte, si nos esprits s'échauffent, au premier coup de sang.

Dans le tourbillon des jours, le crachin des ennuis, le brouillard de nos idées, sous le voile de nos illusions, les rafales des coups du sort, les bourrasques du destin et les giboulées de nos soucis apportent leur lot de perturbations et de haute pression. Quand les tracas et les désagréments, les indiscrets et les importuns arrivent en trombe, il ne reste plus qu'à se calfeutrer au chaud, en attendant que passe la tempête.

Au retour des éclaircies et des beaux jours apaisés, l'optimisme aux couleurs des mirages reprend un caractère clément. Oublié le temps de chien, séchées les brumes des yeux, bienvenue aux alizés qui emportent nos rêves ! Vienne la brise qui caresse nos cœurs, aux émois du printemps ! Il est grand temps de prendre du bon temps. Place aux temps forts de l'amour !

Vous souvenez-vous ma mie, de ce temps fabuleux où Jean de la Fontaine, évoquait la violence de l'Aquilon et la douceur du Zéphyr ?... Ainsi, aux premiers froids de nos tourments, de nos chagrins d'amour, ne devrais-je pas à mon tour, penser à invoquer l'Aquilon et convoquer les doux et caressants zéphyrs pour vous porter mes tendres mots et assécher vos larmes ? Mais le temps sans relâche déracine les chênes ou fait plier les roseaux. Mêmes les fleurs de la langue se courbent et fléchissent, au vent de chaque époque.

Abandonnées les phrases embaumées et délaissés les jeux de mots floraux ! Dans l'air du temps, libérés, ils s'envolent à présent, aux quatre vents de votre cœur girouette. Vous faites désormais, pour moi, la pluie et le beau temps.

Oubliées les bourrasques et la fureur du vent qui agitent les palmes et forcent les goélands à fuir, sans un coup d'aile la côte désertée. Effacées, les vagues déferlantes se jetant à l'assaut des rochers impuissants, s'écrasant rageusement en coups précipités de lames jaillissantes d'écume et de mousse laiteuse. Moi, contre vents et marées, je prends les caprices de la météo comme ils viennent, en éternelle recherche de quelque anticyclone. Vous et moi, au cours du temps, cœurs ouverts, voiles aux vents, nous voguons en même temps, avec le vent en poupe, tantôt plaisance, tantôt galère.

Sans attirer les foudres, nous prenons le maximum de bon temps, en évitant la houle et les averses, les coups de chaud, les coups de froid et les vilains coups de vent qui décornent les bœufs ou mettent la tempête au fond de nos tisanes.

Et nous vivons ainsi, vous et moi, au gré des vents de la passion, dans l'air du temps, sans temps mort ni perdu. Nos mots et cris d'amour sont comme des oiseaux, ils se jouent des courants... Autant en emporte le temps, autan en emporte le vent, autant reviennent les frissons à nos peaux accolées...

" Et le verbe s'est fait chair " pour nous permettre de conjuguer activement, au présent, à tous les temps, sous toutes les formes, le verbe aimer.

 Cœurs de printemps !

49 L'univers fonctionne au rythme des saisons astronomiques ou calendaires. Dans l'hémisphère Nord et l'hémisphère Sud, les saisons sont inversées et les saisons météorologiques diffèrent des saisons astronomiques. Le monde est complexe.    Notre propre nature nous a soumis au cycle des saisons.... Et bien oui ! Vous avez l'âge de vos artères et des années accumulées mais vous avez surtout la jeunesse de votre cœur. L'éveil de tous vos sens, vos élans d'amour, les semailles de vos projets et le renouveau de vos entreprises vous font fille et fils du printemps.   Qu'attendez-vous pour répondre à son appel ?

CDC  21    49 Petits cœurs soupirants au souffle poétique !

Vous voilà prêts pour le printemps ! Vous aviez hier ouvert vos mains à la nuit mauve d'anémones marines, vous aviez piqué des étoiles en vos songes ! Mais vous avez ce matin déplié la corolle rouge de l'aube révoltée.

Oubliés à présent les horizons noyés ! Vos tentatives d'envol avaient des bruits étouffés. Avec ce chant d'oiseau, le renouveau est sorti des pièges du silence ! La belle saison est de retour dans les racines de la nature. Votre enfance y gardait l'amour pour qu'il éclose dans la promesse d'un matin !

La rose des sables a fleuri dans les dunes. Vous voilà amoureux, triomphants du désert ! Vous avez su traverser les miroirs des mirages et vous allez aimer sans savoir ce qui restera malgré l'usure du temps et ses milliards de milliards de grains abrasifs et arides !

Vous retrouvez comme par magie votre âme d'enfant pour entreprendre le pied léger, des chevauchées à travers plaines et forêts. Vous faites partie des futés de la futaie, vous soupirez au passage du zéphyr. Vous vous sentez le cœur allègre, prêts aux tendres envolées et vous tombez sous le charme des oiselles et des bouquets de printemps ! Vous ne savez pas encore que vous vous égratignerez aux roses aubépines. Dans la fleur de leur âge, elles vous feront délicieusement pêcher dans les plis parfumés de leur corsage pour vous faire oublier que vous ahanez sous le poids du boulot, sans avoir droit aux lauriers ! Alors à force de voir le plaisir de si près, un soir, votre être tout entier aspirera à se reposer à l'ombre des buis et du pin ...

Et c'est l'un qui papillonne, l'autre qui prend une perruche pour sa mimi-pinson. C'est celui-ci qui fait le paon devant une oie et qui se croit un aigle devant une dinde. C'est le tourtereau pris au miroir aux alouettes de la roucoulante tourterelle. C'est celui-là qui sautille et butine pour une sauterelle à la taille de guêpe !

C'est à qui rêvera d'aimer une jeune fille en fleurs, un frais bouquet de printemps ou qui effeuillera la Marguerite pour finir dépouillé par Véronique ou Angélique ! C'est à qui confondra belle de jour et belle de nuit et se fera grignoter ou croquer par quelque douce aux yeux noisette.

Fruits défendus, pulpeuses à la peau de pêche, c'est à qui en sera la bonne pomme sucrée ou la belle poire juteuse. Nul Narcisse pour épouser ses propres pensées et nuls soucis, nèfles ou amandes, pépins ou marrons cueillis et récoltés pour affronter la rigueur hivernale du temps qui fuit ! L'amour ne tombe pas à l'eau à moins qu'il ne soit narcissique ! L'amour ne flétrit pas et tous "les fruits passeront la promesse des fleurs".

Aimez donc, gentils cœurs du printemps avec passion, vigueur et insouciance ! Ignorez l'infortune, elle n'est ni probable ni systématique ! Et puis tant pis ! Il n'est pas dit que par la faute de ces gazelles qui bichent, il ne vous restera plus après avoir bramé qu'à boire le calice jusqu'à peut-être, l’hallali !

Petits poètes du mois d'avril, il n'est pas écrit que devant ces fleurs de vertus éphémères et ces pensées offertes dont vous vous éblouissez d'œillades trompeuses, vous finirez au parfum, enivrés pour rien ! Au contraire, ardents et bucoliques, romantiques et élégiaques, vous n'en finirez pas de conter mille et une fois fleurette ! Vous vous adonnerez aux semailles de gestes de tendresse, vous virevolterez dans les vols azurés des gracieuses hirondelles. Qu'importe que vous vous soyez fait faire quelques bleus au cœur par Jacinthe ou par Violette puisqu'un jour, vous mourrez d'amour, piqués et plantés au doux sein de quelque Rose ou Pâquerette !

Ainsi lorsque Cupidon fait flèche de tout bois, vous êtes tous de joyeux petits Ronsard ! Égratignés au roncier de vos amours, vous versifierez encore pour quelque belle, même si, déjà la volage s'est fait la belle ! 

Que voulez-vous ? C'est votre condition terrestre ! Quelle que soit votre bonne éducation, vous ne pouvez faire que ce constat : on ne vous a jamais tout appris ! Vous restez des éternels apprentis de la vie, des écoliers de bonne volonté, de braves bouffons naturalistes, de studieux vigiles bucoliques. Car vous ne savez toujours pas reconnaître l'arbre qui cache la forêt !

Rendez-vous manqué ?

50  Vous avez beau avoir conservé le cœur au printemps, les saisons de vos vies créent des variations climatiques qui jettent parfois les brumes d'automne sur vos projets et les frimas des premiers gels sur vos espérances.

Au quotidien, l'éducation est un devoir familial et sociétal. Les apprentis de la vie sont confrontés aux principes et aux exemples moraux comme aux conséquences des actions amorales, violentes, corrompues et malhonnêtes.

L'enfance n'est pas épargnée par le climat de l'époque et les jugements portés en commentaires des événements. Elle les ressent et les entend. Ainsi, l'approche des fêtes de Noël, percevez-vous l'impatience et l'inquiétude de nos jeunes?

Nous-mêmes, ne sommes-nous pas restés de grands enfants ?

CDC 47- 50 Incertitudes

Ah ! Mes enfants ! Modérez votre impatience ! Vous avez raison de craindre qu'il ne vienne pas !... Pourvu qu'il ne soit pas aussi stupide que moi !...

Il y a un mois, deux photographes m'ont accosté pour me proposer la chose la plus insolite qu'il m'ait été donné d'entendre. Un contrat d'embauche pour trois semaines, costume et salaire compris. J'ai refusé, sans doute un peu trop vite, ne voulant pas être occupé toute la journée avec de joyeux enfants, plein les bras et pris en portrait par des parents tout sourire, Non ! Je n'ai pas voulu faire le père Noël !

Et si, cette année... Le vieil homme à la barbe blanche décidait, lui aussi, d'annuler sa tournée de cadeaux ! Ce ne sont pas les motifs de contrariété ou de fâcherie qui lui manquent. Le monde n'est pas sage ! L'air est irrespirable, les disputes, le désordre et la violence sont partout. Même à la maison, la chambre des mauvaises têtes n'est pas rangée. La plupart de leurs jouets sont cassés, le lit des bonnes résolutions est toujours sale et défait.

Dans ce monde de bellâtres à gros sabots, qui oserait prétendre avoir droit à une récompense ? La moitié de la planète est à feu et à sang. Bon sang de bois ! Dans nombre de foyers, l'ambiance est austère, la paix des ménages est emplie d'embûches. Bien avant Noël, le bonheur s'est déjà pris une bûche !

Autour du sapin, chacun s'enguirlande déjà avec verdeur. Lui-même n'a jamais eu autant d'aiguilles vives et piquantes. Avec tous ces givrés, il devient périlleux de s'accrocher aux branches, sans risquer de glisser et de tomber dans le décor ! A moins de croire à sa bonne étoile, le Père Noël qui ne compte plus le nombre de bougies qu'il a soufflées, ne peut avoir que les boules à entreprendre sa tournée et hésiter à suspendre ses présents et ses friandises.

En plus, cette année, y'a pénurie dans les approvisionnements ! Les porte-containers sont bloqués dans le détroit d'Ormuz. Les oursons n'ont pas pu quitter leur banquise. Avec le réchauffement climatique, les pingouins ont quitté leur peluche. Ils sont tous partis à Madagascar. Les baigneurs ont des phtalates dans le plastique et les eaux de baignade sont déjà polluées. Impossible de "chlore" la question des dangers. Même les balles en mousse sont toxiques et les jouets parfumés sont allergisants. Les camions de pompiers et les ambulances sont toutes mobilisées pour les incendies et les épidémies. Les poupées Barbie en tchador ne se maquillent plus et Ken est un sniper.

On annonce une rupture de stock sur les dinosaures, (prototypes des espèces en voie de disparition) et sur les armes factices, (syndrome d'un engouement surmédiatisé). La loi est promulguée. Plus de jouets en bois ou de chalets qui déciment les forêts. Zorro qui ressemble trop à un djihadiste masqué est au chômage et ne fournit plus de panoplie. Dark Vador broie du noir par la force obscure des choses de ce monde. Son sabre laser fait fureur chez Daech.

Dans ce monde cruel de l'enfance, les hélicos menaçants, les drones furtifs, les robots parlants d'une voix d'outre-tombe sont réquisitionnés sur le théâtre des opérations guerrières ! Les tablettes ne sont plus en chocolat ! Les kits multimédia de jeux vidéo sont tous parasités par le manque d'antivirus adaptés au propagandisme, etc, etc ! La liste est longue, très longue !

Alors mes amis, le père Noël va-t-il venir vous offrir le cadeau idéal qui vous emballe déjà ? S'il a pu survivre à la grippe et à tous les virus, descendra-t-il du ciel pour vous faire tomber des nues ? La nuit lui portera-t-elle conseil ? Levez les yeux au ciel et secouez vite et très fort votre boule à neige !

CDC 48      51 La magie de Noël

Alors, mes impatients amis, si pour une fois, par manque de motivation, le Père Noël faisait relâche !... Si, ayant attrapé la grosse tête, son bonnet était devenu trop petit... Si, pour ne pas être à la mode des méchants barbus, il avait décidé de se raser la barbe... Si son traîneau, sur les champs de neige verglacés de la Laponie était tombé en panne de patins et de plaquettes de frein... Si les rennes, lassés des cadences infernales refusaient d'avancer, solidement enchaînés à leurs piquets de grève. Si toutes les étoiles devenues filantes avaient laissé la nuit noire de suie.

Seigneur Jésus, Marie, Joseph, si les crèches exigeaient dorénavant l'obtention d'un permis de construire... Si les santons, les bergers, les moutons en avaient assez d'essuyer les plâtres... Si l'accouchement de Marie se présentait mal et obligeait à pratiquer une césarienne à cause de l'auréole qui coince au passage !...

Si la Mère Noël avait confisqué la hotte en obligeant exceptionnellement le Pèreà à rester à demeure afin, cette année, de ne pas manquer le festin du réveillon... " Pour une fois, ça ne pourrait pas attendre le lendemain ? Tu ne pourrais pas leur dire qu'ils vont devoir te chercher pour te trouver car tu as décidé de jouer à cache-cache ? "...

Si la Reine des neiges, qui pouvait faire doublure en jetant de la poudre de diamants dans les yeux pailletés des enfants, avait bêtement sniffé la poudre infernale et fondu pour le Prince des Eaux Chaudes... Si les Minions étaient d'affreux jojos décidés à combattre les Avengers, ces nouveaux héros galactiques, si Super Mario Bros avait eu un accident de Kart, si Batman, Spiderman, Superman et Captain America avaient rejoint Iron man et Naruto pour les fêtes, si vous étiez obligés de réveillonner dans le manoir hanté de la famille Adams, si...

Si le jeu aujourd'hui n'était plus que social... Si les jouets et les cadeaux trop classiques et pas assez dangereux ne faisaient plus rêver !... Oh ! Père Noël ! Combien de temps ce jeu stupide et malsain va-t-il durer ?

Si tout se disloquait et que les traditions se perdaient... Si les cantiques de Noël étaient passés de mode pour être encore chantés dans les églises, s'ils étaient réputés comme n'étant pas de la bonne religion et donc interdits dans les mosquées et les temples.. Si le monde était vraiment en train de se désenchanter ! Si Joyeux Noël n'était plus qu'un trop vieux slogan ringard, plus assez festif, plus assez branché, même au néon, pour être accroché et clignoter, au front de la fabuleuse licorne, la nouvelle féerique "guest star !"...

Si au motif d'un nouveau monde, l'univers entier voulait bousculer les traditions et les renverser comme les jeux de quilles et de dominos... Si la terre avait perdu la boule, fracassée de tant de coups de boules médiatiques ! Si, vous doutiez vous-mêmes, de la magie de Noël ! Si ce n'était plus qu'une aubaine commerciale, un réveillon de grande bouffe ! Si la dinde ou l'oie n'était pas celle que vous croyiez ! Si !... Chut ! Chut !

Ne soupirez pas votre angoisse, ne criez pas votre exaspération voire votre colère ! Ne soyez pas désabusés. La vie vous a déjà fait un formidable cadeau... Alors, laissez dormir l'enfant qui sommeille en vous ! Peut-être, qu'en état d'urgence, il se réveillera avant l'aube du 25 décembre... Peut-être !... Car, c'est cela votre nativité. C'est ici et maintenant qu'est la vraie magie de la fête de Noël.

Chacun de vous se souvient sûrement de ces premiers Noëls. Car oui !L'enfance est comme le bonheur. A grands coups d'ailes, comme l'hirondelle, elle est de retour, telle votre jeunesse dans les caprices et la fantaisie de votre vie.    C'est toujours le printemps au cœur des grands enfants. Dans la nostalgie de l'innocence et des plaisirs scolaires, la camaraderie étale ses facéties tandis que l'amitié triomphe. Les évocations du temps des apprentissages retentissent clairement en de joyeux éclats de rire. Ravivez vos souvenirs !

Au vol heure ! Haut vol, leurre !

52 - Le temps de l'enfance

Tempus fugit ! Chers vieux amis, vous, mes éternels jeunots, vous qui n'avez pas d'âge, en dehors de vos artères, aujourd'hui, c'est mon anniversaire !

Certes les années s'accumulent mais j'ai vingt ans comme si c'était hier ! Mieux ! J'ai sept ans, l'âge de raison, des ris et des jeux, l'âge du bonheur de l'enfance et de l'innocence !

Quand aujourd'hui, j'entends des voix qui s'élèvent pour dire que les temps sont durs, je pense à nos bambins et chérubins ! Tout a bien changé depuis nos premiers apprentissages. Car dans l'école du temps présent, qui semble avoir perdu sa boussole, les chronos-maîtres passent leur temps à mesurer le temps de l'enfant.

Les pauvres petits ! Adieu les temps des surprises et des bêtises, des caprices et des artifices ! Adieu ces temps de l'insouciance et de l'innocence, des sacs à malices, des merveilles d'Alice ! J'ai envie de crier : "Halte au gaspi du bon vieux temps !" ... Mais sans ménagements, les spécialistes se querellent à répétition sur les théories chrono-biologiques ! A longueur et perte de temps, ils aménagent le temps de l'enfant !

C'était forcément dans l'air du temps ! J'aurais dû le savoir ou le pressentir ! Mais aujourd'hui, c'est tout vu ! Le territoire, l'espace urbain, les berges, les sentiers et mêmes les combles de nos habitations... ils veulent tout aménager, l'espace vert et l'espace vital. Pour un peu, ils iraient nous décrocher la lune !... Mais les utopistes "psychotos-pédagogogos" découvrent pour finir qu'il ne leur reste plus que le temps de l'enfant pour jouer de la réformette !

Vous en êtes peut-être étonnés ? Sans perdre une seconde, en deux temps, trois mouvements de remaniement ministériel, quelques jeunes sires concis et une belle égérie transformée en furie ont cherché à trancher les nœuds gordiens de tous les problèmes.

Oh voleurs ! Plus de grec ou de latin des temps anciens, ceux de mes chères humanités ! Ainsi me voilà déjà démodé, je suis devenu obsolète, comme vous, mes chers vieux condisciples ! Sus ! Sale temps de cochon désormais, il n'est plus permis de glander ou de rêver aux héros antiques ! Plus d'Odyssée ! Circé transforme les compagnons d'Ulysse en pourceaux, Pénélope n'a pas fini de l'attendre !

Haut vol heure ! Il n'est plus temps de penser à la semaine des quatre jeudis que j'ai moi-même tant désirée. Les anciens premiers de classe du ministère ont édicté des circulaires qui interdisent désormais aux enfants de tourner en rond, sauf dans les temps périscolaires... Amer constat ! La roue du temps scolaire qui rayonne de cycles temporaires roule sur la jante ! Alors moi, l'éternel écolier de la vie, forcément que je pédale sur un faux rythme !

Oh non ! Je n'ai pas vieilli ! La preuve ? Je pense encore à faire l'école buissonnière !... Je retourne peut-être comme vous mêmes, en enfance. J'ai sept ans et presque toutes mes dents, l'âge enfin de la déraison !

Le jour de mon anniversaire, j'ai d'ailleurs tous les droits ! Je peux laisser chanter la plume au vent de ma fantaisie et clamer ma joie à tous les minots qui n'ont déjà plus de temps libre pour fureter, contraints de courir contre la montre sans s'arrêter !

C'est hélas, ainsi ! Après le temps des be-a-ba, l'éducation qui n'est plus nationale mais œcuménique a abattu les bœufs des rois fainéants qui prenaient leur temps ! Mes amis, pour rester jeunes, vous aussi, vous devriez essayer de vous adapter aux nouveaux procédés.

Oh voleurs ! Il faut dorénavant, avant d'apprendre l'histoire de France mettre de toute urgence, la charrue avant les be à ba. Il convient de creuser dans les inégalités scolaires en abolissant les différences par la démagogie. L'école républicaine n'instruit plus à la lumière du passé, elle éduque à la modernité thématique ! Vive l'école à la carte, le multimédia et le projet personnel ! Les fondamentaux ont le pied au derrière ! Plus de pédagogie traditionnelle descendante, vive l'enseignement interactif et transversal de l'actualité du monde !

Plus de temps à perdre ! Désormais, Proust est un mauvais exemple ! Il ne sera bientôt plus au programme pour rattraper tout ce temps gaspillé "à la recherche du temps perdu".

Formidable ! Avec de tels programmes, moi-même, je ne peux plus vieillir, être passéiste et ringard ! Je vis avec mon temps, je suis de première jeunesse, bien dans mon époque ! J'ai raison, le jour de mon anniversaire de dire que j'ai sept ans !

J'aurais grand tort d'être archaïque et de soupirer ! Moi, que le temps rattrape au vol des années, j'aurais grand tort de parodier Lamartine :

" Ô temps, suspends ton viol

Et vous leurres propices,

Arrêtez votre cours ! "

53 - Poisson d'avril

Chers et toujours jeunes, mes vieux amis, en ce jour béni, je me permets de venir à nouveau vous faire une petite queue de poisson !

Car, aujourd'hui, c'est le premier avril ! Hier, si vous étiez au rendez-vous du courrier déposé dans votre boite aux lettres, vous savez que je fêtais le jour de mon anniversaire. Facétieux 31 mars, veille de franche rigolade !

J'ai évoqué avec vous, l'école de la vie qui se donne et s'adonne en temps voulu comme en temps utile. J'ai déploré que la jeunesse n'ait pas plus qu'un temps chrono biologiquement prescrit par les Diafoirus de la pédagogie. Mais nous demeurons confiants car nous avons été presque convaincus que la jeunesse est éternelle grâce à la mystérieuse éternité ! Nous sommes tous, les subordonnés du temps et nous apprenons à conjuguer à l'imparfait du présent et de ces contretemps, les modes qui feront dans le futur la pluie et le beau temps.

Qu'importe que l'hirondelle ne fasse pas le printemps si l'arc-en-ciel ne fait pas le mauvais temps ! Je vous l'ai dit. Chez moi, le marchand de sable ne passe plus désormais, il a vendu tous ses surplus et j'ai moi-même brisé le sablier ! J'ai sept ans définitivement !

J'ai balancé les horloges et les pendules, j'ai supprimé montre, calculs et comptes à rebours ! J'en découds avec les aiguilles, c'est la prise de ma Bastille ! "Ah ! Ça ira, ça ira, ça ira," chantez avec moi : "Coucous et sonneries, on vous décrochera !"

Au vol Heure ! Haut vol, leurre ! Qui a dit que l'âge finit toujours par vous rattraper ! Qui s'alarme et pense encore que le temps va venir mettre au pas tous les petits pioupious qui n'auront plus qu'un unique et sinistre passe-temps, celui de tuer le temps ! Oh ! Temps pis ! Autant en emporte ce temps "de sang, de sueur et de larmes" ! Les aiguilles du temps sont parfois de cruels hameçons pour nos amours ou d'acérés poignards pour le cœur des mamans !

Signes des temps, dites-vous ! Dans cette existence chronophage, les temps changent et nous changent ! Que nenni, rien ne change ! Les poissons du menu fretin ont toujours leurs écailles ! D'ailleurs, le premier avril, on peut tout se permettre et dire et écrire "arêtes", perdre le bon sens et la bonne orthographe et s'accorder de joyeux et vivaces temps morts après être morts de rire !

Tout est permis ! L'infidèle a le loisir de tromper le temps qui court. Pour être de son temps, celui qui court contre le temps peut renoncer à l'urgence et sur le champ, prendre du bon temps. Dans l'instant, pour vivre de l'air du temps, il va s'accorder du temps libre sans plus jamais craindre la fin des temps.

Quand Shopenhauer évoque un homme qui a l'heure juste à sa montre alors que toutes les horloges de la ville sont arrêtées, je me dis qu'il pensait à moi ou à mon semblable ! J'ai sept ans pour toujours, je suis un poisson clown d'avril et même si petit poisson deviendra grand, je n'y aspire pas ! L'existence me laisse béatement les yeux ronds et bouche bée !

Oui ! De 7 à 77 ans, nous sommes tous comme des poissons dans l'eau de la vie. A force de tourner en rond, nous ne connaissons jamais l'heure que ce soit celle du couvre-feu ou du court bouillon ! Juste le temps pour nous d'avaler le bouillon d'onze heures que l'heure de midi est déjà sonnante et trébuchante. Nous voilà muets comme des carpes ! Alors carpe diem, amis ! Goûtez votre éternelle jeunesse !

A moins, d'être ni chair, ni poisson, la mort voudrait nous faire la peau de chagrins en tannant notre vie ou nous écailler sans nous écorcher. Faute d'avoir payé content sa vie, on doit paraît-il payer comptant son temps de vie ! C'est peut-être ce qu'on appelle, noyer le poisson. Seule l'immortalité annoncée a le pouvoir d'abolir le temps et l'espace en nous noyant dans les promesses de l'eau de vie éternelle.

Être vivant, c'est être riche d'illusions et de rêves. Moi, j'aime la vie à mort ! Je lui bande les yeux pour jouer avec elle à colin-maillard ! Je tâtonne, happe le vide et le remplit par mon optimiste nature.

Je ne comprends pas pourquoi, certains me disent qu'à terme échu, quand vient le temps de s'en aller faire la course à l'étoile, il faille passer à la caisse ! Amis, si le temps c'est vraiment de l'argent, essayons tous de vivre dans l'opulence. La première seconde compte et toutes celles qui la suivent aussi. Ne craignons donc pas de partager le trésor de la vie !

Alors, plutôt que d'affirmer que le grand silence est d'or, aujourd'hui, à la recherche du poisson d'or, lançons comme Pouchkine, notre filet ! Cherchons le bonheur à perpétuité. Il est comme une anguille sous roche, il ne faut pas le laisser glisser. A la bonne heure ! Je vous sens frais comme des gardons ! Joyeux 1er avril, à la criée !

Oh! Les trésors de l'amitié ! Gardez précieusement cette richesse en votre cœur.   Conservez cette réserve inépuisable pour enrichir les relations avec votre prochain. Votre inventivité a tout le loisir d'emprunter les mots et le ton du quartier ou du milieu dans lequel vous vivez. Nulle inquiétude ! Le fraternel langage du cœur est toujours compréhensible quelque soit l'époque. Jugez plutôt !

Mon frangin, mon poteau !

54- ZAZIE

Bruant, Céline, Queneau, Pérec, Desnos, Boudard, Dard et Audiard, tu connais ? C'est du lourd ! Des intellos, des poètes que j'kiffe grave et qui ont avant toi, pratiqué un langage qui déchire ta mère, un argot pas piqué des hannetons, en vrai, de la bombe atomique qui t'décoiffe !

Ce patois encanaillé et urbain, c'est le français des boulevards branchés de Pantruche et du Titi de Paname. C'est vachement bonnard, sur la rive droite, pour Mimile de Ménilmuche et pour Prosper du Sébasto, c'est le bonheur franchouillard du populo ! Mais c'est plus branché et plus bling bling, coté rive gauche, au boul'Mich et aux Invaloches !

Sans faire d'épate ou de cinoche, l'argot bien accepté ne s'est pas mis en veilleuse mais répandu à toutes berzingues. C'est l'éponge de notre époque, en création constante qui transforme la langue classique en langage courant ! C'est du vulgaire parce que vulgarisé ! Tu le sais toi, hier t'avais un bol, aujourd'hui t'as du bol ! Mais tu peux aussi en avoir ras la casquette ou ras le bol ou ras le cul !

Ce langage franc et relâché, c'est notre ami, un familier, il va partout, la fierté au front, populaire, fécond, à la ville, à la campagne et dans les cités. On l'appelle : argot, javanais, pataouète, verlan...Il se parle, se chante, se tchatche, se rappe, se slame ! ...

Les jargons professionnels, spécialistes des usines à gaz, ne l'ont pas mis au placard et les publicitaires au sourire Ultrabrite ne l'ont pas jeté comme un Kleenex. Ils l'ont incorporé, à donf, à leurs carabistouilles !

Boris Vian, dans : La Complainte du Progrès, offrait à sa chère Gudule, en échange d'un baiser, "un Frigidaire et du Dunlopilo" ! Aujourd'hui, tu vérifies tes mots dans le Robert, tu roules en Mercedes, tu t'habilles en H et M ou en DG et tu te parfumes au numéro 5, tu te rajeunis au Botox, tu bois du Coca, t'es capitaine de Pédalo et tu manges du Président ! Maintenant, t'as plus de coup de Calgon, t'es même scotché quand la politique te fait gratos, le grand nettoyage au Kärcher ! Tout joice, le journaleux ! Clic ! Clac, c'est dans le torchon et la boite, merci Kodak !

Pour rendre hommage aux argotiers, tu as l'embarras du choix. J't'ai choisi un classique de Raymond Queneau qui a su rendre populaire la langue verte, par son personnage espiègle et terriblement sympathique !

<< - Alors, pourquoi tu veux l'être, institutrice ?

- Pour faire chier les mômes, répondit Zazie. Ceux qu'auront mon âge dans dix ans, dans vingt ans, dans cinquante ans, dans cent ans, dans mille ans, toujours des gosses à emmerder...Je serai vache comme tout avec elles. Je leur ferai lécher le parquet. Je leur ferai manger l'éponge du tableau noir. Je leur enfoncerai des compas dans le derrière. Je leur botterai les fesses. Parce que je porterai des bottes. En hiver. Hautes comme ça (geste). Avec des grands éperons pour leur larder la chair du derche... (Ou)... continua Zazie, je serai astronaute pour aller faire chier les Martiens. >> Zazie dans le métro. Gallimard, 1959.

55 - San Antonio

Affirmatif, y'a pas de blème ! T'as la banane, tu lances des vannes et tu te marres en lisant San Antonio. En bon vivant, tu casses la baraque quand tu débagoules ta beuglante carabinée : "les roustons du père Platon".

Adieu Berthe et au parler ringardos de ton instit et de tes études chez les jèses ! Ça fait vioque ! T'en as rien à cirer que tes tartines et tes jactances n'aient pas la cote, qu'tu parles la langue des oiseaux, qu'tes paroles soient des rossignols. A la brocante des mots, tu fourgues de la came de seconde main mais t'es pas un caillera, j't'ai à la chouette, mon pote ! Rien à cirer de ceux qui font la soupe à la grimace, moi, j'biche comme tu causes ! Cézig et mézig, c'est pas kif-kif !

T'es le bricolo du dico. Tu bidouilles ton langage et même si ça casse pas toujours trois pattes à un canard, c'est pas du pipi de chat ou de la crotte de bique ! T'as un talent gros comme une maison. T'es poilant, ça marche et c'est le pied ! T'es fute-fute camarade, t'atomise du neutron ! Comme mon pote de Menton, toi, t'en as dans le citron ! N'écoute pas les pisse-froid ! T'inquiète, même en verlan, le céfran, c'est du français, c'est classe et pas de la daube !

Pas besoin d'être affranchi ! N'esgourde pas ceux qui t'pompent l'air ou qui t'débinent ! C'est des boloss, des blablateurs, des flambeurs de la haute qui s'la pètent, s'la racontent et t'prennent pour un plouc, un pedzouille ! Ils disent qu't'as pas volé le Saint-Esprit et qu'tu fréquentes pas les couteaux les plus affûtés du tiroir. Comme de juste, ils n'y entravent que pouic, ces blaireaux, ces briseurs de nougats ! Bonjour la frime ! Fais pas la tronche ! "Laisse béton", mec, comme dit l'renard Renaud ! Pas de quoi en être tout retourné !

Mon poteau, un savoureux hommage doit être rendu à Frédéric Dard, plus connu sous le pseudo de commissaire San Antonio, ami du truculent Bérurier ! Un pratiquant, comme toi, de l'argot traditionnel et un inventeur illimité !

<< Natacha, malgré son prénom enchanteur qui évoque la steppe, les troïkas sur la piste blanche et les amours du docteur Jivaty- JyvaGigot, Natacha, c'est un vrai boudin, croyez-moi, Russe ! Un boudin Russe ! Elle ressemble à la plus grosse des poupées gigognes qu'on vous vend dans les bazars de Moscou. Dodue, cuissue, ventrue, mafflue, les joues peintes en vermillon, la moustache drue, le cou couleur de saindoux, le sein doux parce que mahousse comme un oreiller, le cheveu blond filasse, la bouche en étreinte de limaces, le front bas, la cuisse jambonnière, le mollet en tronc de palmier sous les bas de coton grisâtre, l’œil aussi pétillant qu'une rondelle de truffe sur une tranche de foie gras, cette aimable jeune fille de trente deux ans est à la volupté ce que Franco est à la démocratie. Elle a un dargif à tromper un éléphant myope et en rut, des mains comme des gants de baise-bol et sa toilette flanquerait le cafard à un fabriquant de serpillères.>> En avant la moujik ! Fleuve noir, 1969.

56- L'argot du cœur

On s'en bat les couettes des bonimenteurs ! On s'en beurre les noisettes d'la fin du monde !

C'est vraiment bonnard, dans ton p'tit monde, car l'malheur, c'est pas pour demain ! Toi, tu fais plus envie qu'pitié ! T'as l'palpitant dans les grandes largeurs, l'corps comac, d'ailleurs, ta guitare a des poignées d'amour.

T'as pas l'disque dur qu'est bloqué, tu bugues pas et y'a de la lumière au plafond ! Alors, peinardos, calmos ! Te bile pas, mon p'tit père, ni t'monte le bourrichon, ta vie, elle est pépère ! Top cool !

Tu sens pas la fin d'saison et tu n'lâches pas la rampe ! Tu march's pas à côté d'tes pompes ! Ça branle pas dans l'manche ! Tu tiens encore la route ! T'es en roue libre, tout peinard ! T'as pas à vendre ta salade et t'es plus d'corvée d’pluches !

Si un jour, t'es en rade, te bile pas mon poteau, un coup de bigophone et j'rapplique ! Si t'es dans la dèche, raide comme un passe-lacet, qu't'en as gros sur la patate, qu't'es sans radis et sans oseille, avec moi, tu pourras rouler sur l'or, frère ! T'as l'trésor de mon amitié ! Pas besoin d'faire la manche, je t'sors illico de la mouise.

J'ai pas un gros matelas, même pas d'éconocroques, juste un peu d'thunes, des biftons, d'la mitraille, pas d'quoi s'taper la cloche mais assez pour s'en jeter un, sans s'poivrer le nez.

Pareil ! Si t'es dans le potage, que l'garde-manger est vide, qu'tu bouffes de la vache enragée et qu't'as la dent et les crocs, j't'offrirai un casse-dalle et on cassera la croûte. C'est quand même mieux qu'casser la graine, quand la vie part en cacahuètes.

Frérot, c'est pas du baratin ou d'la tarte à la crème, avec moi, pas d'galère ! Tu n'crèveras pas la gueule ouverte... Même si on peut pas bouffer à tous les râteliers, tu n'boufferas pas non plus, les pissenlits par la racine. Tant qu'on en a dans le chou, on n'est pas dans les choux !

Aujourd'hui, on pédale, dans la semoule, demain, on pédalera dans le beurre ! On s'ra d'la crème triple épaisseur pour la crèmerie ! Si on ne fait pas partie du gratin, purée de nous aut', on n'est pas non plus dans la purée !

Frérot, tant qu'on n'est pas dans la voiture balai, faut s'manier, mettre la sauce, mouliner les jambons, affermir le gigot et enrouler, pour pas être à la ramasse ! Tu feras chou blanc, si t'as du sang de navet, du mou de veau et un petit pois dans la tête. Si bobonne est un boudin, tu s'ras servi aux petits oignons mais évite, si tu l'peux de boire le bouillon !

Tu sais, la vie, c'est une course à l'échalote qui t'file une avoine, une soupe à la grimace, t'envoie aux fraises avant d'te les faire sucrer. Petit à petit, elle part en brioche et t'laisse sur ta faim ! Au final, t'casse pas le trognon, c'est toujours pour ta pomme ! Même les fayots sont promis à la fin des haricots !

Si t'as résisté à l'argot, j't'offre en prime, ct'poème de Jehan Rictus (Gabriel Randon, 1867-1933) qu'il déclamait, dans les cabarets d'l'époque. Grave ! Toujours d'actualité !

L'Hiver :

Merd ! V'là l'Hiver et ses dur'tés,

V'là l'moment de n'pus s'mettre à poils :

V'là qu'ceuss' qui tienn'nt la queue d'la poêle

Dans l'Midi vont s'carapater !

V'là l'temps ousque jusqu'en Hanovre

Et d'Gibraltar au cap Gris-Nez,

Les Borgeois, l'soir, vont plaind' les Pauvres

Au coin du feu...après dîner !

Et v'là l'temps ousque dans la Presse,

Entre un ou deux lanc'ments d'putains,

On va r'découvrir la Détresse,

La Purée et les Purotains !

En général, votre langage vous assigne à votre milieu. Mais souvent, il ne saurait vous suffir ! Vous voulez exister et être moderne, vivre dans l'air du temps pour appartenir à votre époque et à votre environnement.    Pour être remarqués et distingués, les efforts d'adaptation ne manquent pas et vous vous donnez bien du mal pour paraître. à la mode. Mais évitez l'outrance langagière, comportementale ou vestimentaire des snobinards. Restez de bon ton en choisissant ce qui convient à votre nature et votre style.

Ridicules !   57 - Ambition et faux-semblants

Messieurs les maniérés et petits prétentieux,

Si "le ridicule ne tue pas", il n'est pas besoin d'être perruqué, poudré et permanenté pour friser le ridicule !

Dans la multitude variée des humains, nous offrons à tous nos chers semblables, en permanence le spectacle vivant. Nous nous exposons, nous sommes l'illustration parfaite de l'éternelle friction entre l'objectivité et la subjectivité... De la perception vécue à l'opinion répandue, de l'apparence offerte à la réalité dévoilée, de la présence affirmée à l'impact reçu, nous n'en finissons pas de graver des empreintes visuelles, d'estamper des souvenirs émotionnels, de laisser à penser ou à rêver !

Nous ne maîtrisons pas notre image. Nous pouvons impressionner en grandeur comme en petitesse. Ce qui sera estimé par les superlatifs : d'extraordinaire, grandiose, génial de la part d'un inconditionnel de l'admiration court le risque d'être jugé, minuscule, prétentieux, vulgaire et affreux par un esprit chagrin !

La nouveauté créatrice qu'on appellera peut-être, un jour génie, encourt pour l'instant le ridicule ! L'imagination produit ainsi des œuvres qui à leur parution sont parfois rangées dans l'art incompris ! Inventer, c'est toujours risquer l'aventure de la nouveauté et de la surprise, avec plus ou moins la volonté de braver l'opinion ! De toutes façons, à partir du moment où vous tombez dans le domaine public, vous n'évitez pas l'avis général qui veut vous classer et vous étiqueter !

Vous n'échappez pas au jugement qui vous est réservé et que vous pouvez à votre tour cataloguer de risible et d'incompris ! Quel beau métier que celui de critique qui consiste parfois à apprécier ou dénigrer, ce qu'il n'a pas compris ! L'un vous trouve doué et inventif tandis que l'autre vous qualifie de grotesque et d'absurde ! Qui a raison ? Qui est excessif ?

Parfois le temps apporte la vraie réponse... celle du dérisoire. car l'oubli fait également partie du vain et ridicule espoir ! De temps perdus en temps morts, vous êtes ainsi disparu en deux temps et trois mouvements d'une mode éphémère, d'un tourbillon du temps versatile, des préférences d'une époque capricieuse...Vous aviez un style indéfinissable, un mérite impayable, vous ne serez pas payé en retour ! Sinon de l'éternel retour de l'indifférence qui ridiculise allègrement les petits marquis ambitieux.

Vous vouliez vous faire remarquer et percer, vous n'avez pu faire votre trou, hormis celui de la mémoire. Vous vous pensiez extra, vous n'êtes pas sorti de l'ordinaire. Vous étiez plat, la gloire n'a pu rebondir. En vous laissant aller progressivement au fil de l'eau du caniveau, vos prétentions de bas niveau sont tombées plus bas encore. Vos négligences vous ont rendu négligeable. En résumé, votre œuvre est réduite à néant.

Dans l'art surtout, on est toujours le ridicule ou le nain de quelqu'un ! Certains mêmes par effet de snobisme ou de mode brûlent allègrement aujourd'hui ce qu'ils adoraient encore hier ! Ah ! Quelle cruauté et quelles amères désillusions pour celui qui ne vit qu'au niveau des faux-semblants ! La vie ne nous dote-t-elle pas d'assez de chimères et d'espoirs, de mirages et d'erreurs pour ne pas avoir besoin de rajouter masques ou trompe-l’œil ?

Qui ne se souvient du film "Ridicule". Le dindon gonfle du jabot, les chevilles qui enflent, gonflent les bas de soie. L'ampoulé veut toujours briller davantage pour faire pouffer la marquise. Mais si un bon mot d'esprit réjouit la cour des courtisans jaloux, un croc-en-jambe peut aussi vous faire trébucher et ruiner votre réputation. Entre deux courbettes, trois révérences, vous badinez et l'on vous raille. Même un raseur, en vous narguant est capable de vous écorcher vif !

N'en jetez plus, la cour est pleine ! Dans la rivalité des pédants m'as-tu-vu, le ridicule vous abat en vous humiliant !... D'ailleurs, qui peut dire qu'il n'a jamais été la risée de quelqu'un !... Heureusement d'ailleurs que le ridicule ne tue pas ! Par St Louis ! C'est sans doute ainsi que nous survivons dans la cour des grands et des glands ! Nous ne sommes pas là de briser nos chênes !

58 - Quand la réalité dépasse la fiction.

Il ne faut pas juger les gens sur leur mine ou leur dégaine, sur leur expression ou leurs paroles ! Mais il est des provocateurs qui poussent les bizarreries et le ridicule jusqu'à se faire remarquer.

Accoutrés, affublés, parfois à la mode, celle du cocasse, ils se croient au goût du jour. Ils veulent être chics, ils provoquent le choc ! Holà ! Ils sont au dernier cri ! A celui que pousse le bourgeois effaré et hérissé quand on le prend à rebrousse-poil !... Bizarre ! Étrange ! Comme c'est étrange ! A faire dresser les cheveux sur la tête de ceux qui à tout crin, aiment se poiler !

Parfois, ceux qui ne sont pas encore tués par le ridicule risquent de vous faire mourir de rire. Leur aspect peut même vous filer des boutons de fièvre. Sans le vouloir, ils vous donneront aussi de l'urticaire en poussant un peu trop mémère dans les orties ! Mais que voulez-vous, faute d'avoir su vous farcer, il faut bien se les farcir comme des moineaux sans tête !

Le savez-vous ? En faites-vous partie ? Les snobs se reconnaissent entre eux. Les fats font leur gamme dans le grand monde des fanfarons et des loufoques. Les cuistres sortis de la cuisse de Jupiter se vantent et s'éventent dans l'air du temps. Tout le monde se fait la nique dans la surenchère ! Les pigeons gonflent le jabot et roucoulent devant de naïves tourterelles bien vite pigeonnées. Les dindons attirent les dindes pour glouglouter sous les sarcasmes ! Oui ! La nouveauté se moque de celui qui la suit !

Comme en carnaval, ils sont en mascarade. Le prêt-à-porter des m'as-tu vu, obstinément en recherche incessante et à tout prix, d'originalité et de provocation va peut-être les porter au ridicule de l'inélégance et déclencher l'hilarité générale sur leur passage. La dernière mode fera d'eux, le dernier des Mohicans refusant de disparaître !

La comédie, les grands rôles de l'opéra-comique utilisent les ressorts des extravagances des excentriques. Les outrances des coquettes, les ronds de jambes des minets, les grimages excessifs, le jargon de charretier ou d'épicier parvenu, les expressions langagières typiques et répétées, les exclamations de bouches tordues, lancées aux gobe- mouches, les grimaces, les mimiques, les tics, les quiproquos, les cocufiages et couillonnades, les placards propices aux infidèles et les portes qui claquent, renforcent le plaisir du spectateur. Au patrimoine national, les grandes figures des personnages, nos héros et héroïnes du théâtre de Molière, des vaudevilles de Feydeau ou de Labiche y excellent à nous faire rire et sourire...

L'objectif poursuivi est toujours de manière cathartique d'amuser et de faire rire le spectateur. L'effet est thérapeutique... Aujourd'hui, "Précieuses ridicules" est un terme quasi-générique pour les people maniérés, les mijaurées ou les ringards, ces éternels faux gandins et ces vrais vieux beaux qui nous font leur chiqué médiatique avec de grands airs de jeunisme ou de cucul la praline !

Le terme d'Ubuesque" traduit ainsi la démesure de l'absurde et du cocasse d'une situation tragi-comique. Le talent bien évidemment en moins, il leur convient pour qualifier les péripéties de leurs faux exploits et de leurs risibles amours !

"Cornegidouille" ! Ionesco avait raison : où il y a de l'Eugène, il y a du plaisir... surtout dans l'absurde ! L'insolite n'est pas non-sens ! La baliverne peut être truculente. La dérision n'est que la réponse parodique face à la déraison du monde ! Ma raison est décousue, si ça continue on verra le trou de ma pensée. Vive l'avant-gardiste surtout quand il a le talent de l'iconoclastie et la facétie de la pataphysique !Vive le burlesque et l'absurde d'Alfred Jarry.

Le chansonnier de cabaret persifle, l'imitateur exacerbe les traits et les gestuelles. Il accentue les travers de la vedette ou de l'homme politique ! A force d'être brocardé, le ridicule de vos défauts physique vous rendra peut-être même célèbre ! Par Pinocchio, par la bosse de Quasimodo, vive l’œil du Cyclope, le grand pied de Berthe et le nez des Bourbons ! Le trublion politique, le faux penseur, le philosophe populiste cherchent parfois à amuser la galerie des candides et hystérisent l'étrange lucarne.

La vie est un grand cirque pour les rigolos qui s'emploient à vous faire tout gober dans l'arène des conventions et de la bien-pensance ! La logorrhée est une non-communication, bien loin du talent des didascalies d'Ionesco. La bêtise se concurrence elle-même. Et la réalité dépasse sans cesse la fiction ! Seul l'esprit critique et subversif peut encore nous sauver de nos croyances et nous éviter d'être des naïfs ridicules !  **Le métier de clown pousse à son sommet les grandes figures caricaturales de l'Auguste ou du Pierrot. La pantomime est un art ! Un maquillage appuyé, quelques accessoires colorés et démesurément trop grands suffisent à faire rire dès la première apparition. De gaffes en catastrophes, le rire appelle le rire et le farceur est farcé !**Dans le fond, nous avons besoin de rire de nous et des autres ! Laurel et Hardy, les frères Groucho Marx, Buster Keaton, Charlie Chaplin ont interprété leurs rôles avec burlesque et émotion ! Ils nous ont offert à travers leurs bourdes feintes et fausses bêtises l'image de notre réalité et de nos peurs. La loufoquerie est un gué pour traverser notre image et ses reflets dans notre propre miroir.

A ce point, le ridicule peut être sublime, tragique, émouvant et profond ! Le bouffon est un prince ! Vous êtes, nous sommes ses sujets !

PARTIE 8 : SOUVENIRS INTIMES

L'existence de chacun a de l'importance et du prix. Nous avons deux besoins fondamentaux : celui d'aimer et d'être aimés. Le quotidien nous offre l'opportunité de le prouver.

Le cœur trouve toujours les mots pour passer les messages. En famille, vos enfants vous donnent même un coup de jeune !

Petit kid, mon petit homme !

59 - Milou

Petit frère, t'es un peu plus haut que trois pommes, mais déjà t'assures, hyper grave !

Wesh Milou, mon p’tit Emile ! Quand tu t'arraches sur ton skate ou ta mob, sapé, en survet' Costla ! Et tes chooses, tes Nike, elles déchirent ! T'as du swag, ouais, c'est frais, ça le fait. En DJ de la team Hip-Hop, t'es trop mortel, mino !

Nan rien ! J'suis Ok avec toi ! J'suis à donf mais j'ai juste parfois du mal à capter ! Un peu trop auch ! Ton langage jeun's, plutôt cassos ! Mais pour finir, tkt, no soussaille, je m'adapte, cousin ! Ah ! Pas fastoche d'être raccord entre tes slams et le rap ! Souvent d'ailleurs, ça me saoule un max, surtout, quand j'y comprends que dalle !

Waouh ! Plutôt relou de chez relou ! Genre truc de ouf ! Mais pas de lézard, relax, keep cool man ! T'inquiète ! Pour s'ambiancer, demain, wHallah, je m'vire avec toi, le casque, dans le Neuf-Trois. J'compte sur toi pour s'enjailler !

Gros, j'voudrais pas qu'tu jactes dans mon dos, qu'tu m'prennes pour un bolosse et m'niques, ma race de bouffon ! Y'a pas d'embrouilles ! J'ai pas la loose ! Je suis open !

Mais, j'te l'dis cash ! Gaffe Milou ! Ta mother, c'est ma meuf et cette feum, c'est d'la balle ! Elle déchire sa race, ta reum ! J'te fais pas des mitos, ouaille, elle est trop kiffante ! Chanmé, comme elle est bonne ! ...mais n'oublie pas, ta re-mé, c'est pas ta bonne, rien qu'ta daronne !

Et puis checke un peu l'décor ! Range-moi c'fourbi dans ta turne ! T'as foutu le dawa partout, p'tit con, tu fais iech et j'suis vénère !

Non ! Tu sais, j'reste pas ! J'ne veux pas me taper l'incruste. J'fais qu'passer !

Allô ? Non mais allô quoi ? Sérieux ! Askip, tu oses m'dire qu't'as trop d'taff et qu't'as pas eu le temps d'briquer ta piaule...  T'es speed et à la bourre ! Tout ça pour pécho ton bus ? Dis-plutôt ton crush !

J'ai trop la mort ! Dis plutôt qu't'as trop fait la teuf avec tes akhis ou qu't'as maté Twitter ou t'chatté sur Snapchat, jusqu'à tet'heure.

La vie de ma mère, c'est trop chelou et portenawak ton histoire ! Tu m'gaves et m'fais trop tiep ! Trop la honte, c'te bonne blague ! Lol ! J'en peux plus! Mdr et même en mode ptdr.

Allez viens quand même ! Approche ! Yo ! Mec ! J'te kiff trop, t'es un VIP ! J'suis ton fan, j'ai la compil et la playlist de tous tes potes ! J'ai le cœur ouvert comme une fleur de printemps... Y'a pas de pourquoi, c'est not' karma, c'est not' chakra, Qalc ! J'te kiff, point barre !

Mais profite pas, texto pour m'prendre pour un boomer et un has-been ! Ce serait Cheum ! Oh no ! Milou, j'suis pas un bonobo d'occaz ! L'ordinosaure de la diskette, du CD, du clip et du game, l'empafé du haut débit et du buzz, le mongooglisé de la tablette et des réseaux... J'ai 800 followers et j't'M en 5G.

Gaffe ! T'as 16 ans, j'en ai quarante et grave la gnaque !

Petit reuf, big love !

60 Parmi les activités qui rythment une année, le temps des vacances est riche d'opportunité : repos, détente, retrouvailles, partage...  En famille, mettez à profit ce temps libéré pour vous retrouver et donner de la qualité à vos relations. Saisissez la moindre occasion pour prendre du plaisir ensemble, vous confier, apprécier des moments de confidences et d'intimité, approfondir la connaissance de votre environnement et l'aimer. Laissez parler votre cœur.

Plaisirs de vacances

60  Juillet et août, des mois d'été à l'unique mot magique : Vacances ! Enfin du temps retrouvé ! Enfin du temps à soi et pour soi ! Enfin du temps libéré pour le repos et les plaisirs ! Profitez ! Jouissez !

Le corps a brisé les chaînes des contraintes quotidiennes. L'esprit lui-même est indépendant des normes du métier. Chacun peut prendre des libertés avec les horaires de lever et de coucher. On peut même redécouvrir la petite sieste coquine, se délasser et s'enlacer.

Les congés permettent d'oublier les tracas familiers et les soucis professionnels ! La parenthèse doit être enchantée ! L'existence n'a plus que les contraintes que l'on se donne. Pour éviter la vacuité et employer intelligemment son temps, quelques projets longtemps désirés et mis en réserve resurgissent parfois. Que voulez-vous la nature a horreur du vide et la vôtre refuse de confondre vacant avec vacancier !

Amis, vous ne sauriez être inoccupés ! Vous êtes disponibles pour l'aventure et le dépassement de vous-mêmes. Balades à pied ou randos en montagne, VTT, sports de l'extrême, seules les montagnes vous dépassent ! Fini le sale boulot, plus de pain sur la planche, rien à battre que vos deux mains plongeantes et vos grands pieds palmés dans l’océan des plaisirs actifs et la mer de tranquillité ! Plus de plan de carrière, que des cartes IGN. Vos collègues ne font plus de vagues, la grande bleue s'en charge ! Vous nagez dans le bonheur ! Huilé sur les deux faces, vous pouvez rissoler, griller, flamber et vous abandonner au farniente solaire !

L'été vous donne des couleurs à prendre sur toutes les faces ! Au camping, Marcel et sa smala se sont mis au vert ! Sous la tente, c'est la détente en toute entente et sous l'auvent, c'est le p'tit blanc bien sec ou gouleyant. Au bar du club, entre potes, on prend du jaune gentiane ou du rosé dans joues,  doux et toujours bien frais. Ici comme ailleurs, on peut en boire, en voir et en entendre de toutes les couleurs, pour tous les goûts et toutes les oreilles. Y'a du cru, du vif, du criard, de l'éclatant, du cramoisi, du mort doré ! Oui ! A l'heure de l'apéro, sur les terrasses des mobile-homes, les cigales se taisent pour écouter les exploits des vrais héros versicolores, des beaux athlètes en tongs, maillots et casquettes fluo ! Un midi chez Jeannot, un soir chez Paulo, barbecue et pétanque, les vacances, c'est la planque ! C'est tous les jours dimanche ! Plus besoin de s'relever les manches !

L'ambiance est surchauffée ou intime : veillée musicale au chant des cigales ! Spectacle ou Zumba ! Soirée mousse, yéyé, rock ou disco, déguisée ou karaoké, paillettes et boules à facettes.  Y'a du swing dans les baskets, de l'after shave pour les marcels et les chemises Hawaï, y'a de la tendresse et de l'émoi chez les midinettes qui se prennent pour des starlettes.

A la campagne, ceux qui sont restés chez eux par choix ou obligations s'adonnent aussi, en famille, à leurs loisirs. Mes amis, pour occuper vos enfants et si le temps est pluvieux, rien ne vaut une bonne course d'escargots ou quelques jeux de société. Ces moments sont privilégiés, prenez le temps de les apprécier et de vous faire apprécier ! Décrochez-les de leurs tablettes ! Parents, prenez le temps le plus précieux, celui de vous occuper d'eux ! ... Il me souvient parfois de ma prime jeunesse et de ces instants de tendresse familiale, petits bonheurs suspendus au ailes des oiseaux laissant leurs sillages dans le ciel bleu pervenche !

Vive la vie et l'humeur du temps ! En cas de vent, du cerf-volant ! En cas de soleil, un pique-nique à l'étang ou au parc ! Enfin, la voilà votre belle nuit pour compter les étoiles et raconter des histoires qui font peur ! La nature offre le plus grand des terrains de jeux pour les cabanes dans les arbres, la détermination des plantes et l'observation des oiseaux.

Toutes les activités sportives sont accessibles. Partagez avec eux ces vrais moments où on ne peut pas tricher avec son corps ! Affichez vos forces et vos faiblesses, rendez égalitaires vos différences. Vos champions vont pouvoir se dépenser et faire de nouvelles rencontres. A cet âge-là, on se fait vite des amis ! Le cœur n'oublie pas comme autant d'exploits, ses premiers émois ! Les amours d'enfance ne connaissent pas de trêve estivale !

Votre région offre des particularités, fêtes, traditions, marchés locaux où s'imprègnent l'histoire et les souvenirs authentiques de chacun. Emmenez-les en voyage et en excursion, à la découverte du terroir ! Commentez vos visites après vous être, si nécessaire, documentés. Montrez-leur que vous aimez votre patrimoine. Que vous y êtes vous-mêmes greffés ! Vous leur offrez sans le savoir leurs petites madeleines de Proust !

Rapprochez-vous ! Même le silence est votre complice ! Pour des moments privilégiés avec papa, la pêche, c'est extra ! Avec maman, tarte ou crêpes et chamallows grillés... une fois, bien entendu, la truite dégustée en famille !

Pratiquez les jeux de cache-cache, un peu partout et réservez de merveilleux petits temps d'éclats de vie, de rires et de voix pour les devinettes et les mimes en famille ! Oh ! La magie du cinéma, l'excitation ou les enchantements du concert en plein air ! N'oubliez pas pour les ados, les musées, les expos, la visite des grands monuments. Vos jeunes adorent l'imaginaire et les châteaux ! Ah ! Les belles soirées sans télé entre amis et entre soi ! Regardez ensemble les albums photos, racontez des contes, déclamez des comptines et des poésies, lisez à voix haute ! Donnez l'envie de lire et d'écrire, même de simples cartes postales !

Favorisez la création, sollicitez l'imagination : coloriage, colliers, bracelets de tout avec trois fois rien, dessins, tableaux, pâte à sel, maquettes, ateliers créatifs... Même le cahier de devoirs de vacances n'est pas une punition, si vous accompagnez sereinement voire ludiquement les révisions !

 

Avec le temps, les évocations du passé ramènent les émotions du bonheur passé. Vous n'échappez pas à cette nostalgie, à ces instants retrouvés.

Parfois une expression, un geste, un parfum, un paysage, une mélodie, une impression fugace vous tire en arrière et sollicite votre mémoire affective. Tendrement, votre cœur se souvient.

Bons sentiments

61- L'été, c'est le temps venu des bonnes résolutions pour la rentrée prochaine mais c'est aussi le temps des châteaux et des promesses bâties sur le sable.

C'est souvent en hiver, qu'on prend le temps de remuer les souvenirs et d'exprimer ses élans et ses bons sentiments. Qu'importe la distance ! Le cœur n'a pas besoin de contacts directs, d'épiderme accolé à l'autre pour vibrer, car l'amour plane toujours à vol d'oiseau bleu du bonheur !

Ainsi, il me revient que mon père aimait dire : "Quand, on s'est marié, j'avais les cheveux bruns, ta mère m'aimait pour le sentiment. Aujourd'hui, je suis poivre et sel, elle m'aime pour l'assaisonnement."

Gentil papa, je ne sais pas si tu parlais du sentiment d'amour ou plus crûment d'un effluve cambronnesque, comme aurait pu l'écrire, en dégustant son pain perdu, dans un de ses jours, sans Madeleine, un mauvais homonyme de M Proust... Moi-même, empli de bonnes dispositions d'amour familial, je reniflai alors, le calembour, goûtant, avec malice, cet odorant jeu de mots devant mon bol de café au lait.

Depuis, l'école de la République m'ayant débouché les narines et l'esprit, m'a mis au parfum des fleurs de la rhétorique et du langage fleuri. Je sens bien l'énigme linguistique avec tout son petit pois de senteur.

En effet, la notion de sentiment est réservée à l'affectivité, à la sensibilité et par association à l'affection, à la sympathie, à l'attachement amoureux ou passionnel. Mais le mot a la richesse de s'attacher aussi, à la manière de penser et de donner son sentiment ou son ressentiment. Ce n'est donc pas seulement aimer mais également donner, son opinion, son avis ou jugement.

Apprécier le parfum des vertus qui s'exhalent, parce qu'on est fleur bleue, c'est être sentimental. Toi petit estivant, qui cet été, t'aveugleras peut-être, aux charmes débordants des belles en maillot, tu ne sauras pas voir plus loin que le bout de ton nez et de leurs affriolants bonnets ! "Mais, ça n'empêche pas les sentiments," diras-tu, d'un ton affecté comme pour te faire pardonner !

Être au parfum, c'est autre chose ! C'est pressentir, subodorer ou avoir de l'intuition pour flairer par exemple, l'odeur nauséabonde d'un dossier faisandé. C'est être comme un chien de chasse, un détective renifleur à la Sherlock Holmes...

Comme tu penses, avec raison que l'amour est une énigme, toi, petit soupirant, tendre amoureux naïf, tu as même pressenti son émoi. Tu as cru que son cœur soulevait sa poitrine, que les grands sentiments avaient la symétrie de ses seins généreux. Émotif et troublé, tu lui as intensément et passionnément donné tous tes élans sensuels. Te voilà, à présent battant la chamade car tu as été sensiblement mystifié ! Tu pensais prendre ton pied, c'était un pied-de-nez ! Amoureux assidu et par trop casse-pied, tu t'es cassé le nez, elle t'a pris pour une truffe !

Qu'il ait le nez fin ou le nez creux, il est bien difficile, pour un critique gastronomique de s'y retrouver quand le voilà, tenu de donner son appréciation et que le fumet du civet se mélange au bouquet du vin. Qui plus est comment décrire l'assemblage de l'odeur de sainteté au soufre satanique, de l'odeur du propre à la puanteur de la crasse, du fauve à la cocotte ! Mieux vaut sans doute, être au parfum, c'est à dire au courant, surtout quand ça sent le brûlé ou à l'extrême, déjà le sapin ou l'encens.

Mais toi, petit piou-piou des aventures de midinettes, tu as fait sensation ! Et c'est même, la fleur au fusil que tu lui as conté fleurettes. Tu t'es laissé influencer par la candeur des ingénues, tu as largement fait du sentiment et tout tenté pour effeuiller quelques rosières, à la tendre fleur de l'âge. Mais le bouquet, c'est qu'elles étaient pour la plupart, insensibles à ton indéfinissable feeling et que pour conclure, tes amourettes étaient toutes parfumées, à l'eau de roses !

C'est ainsi ! Les bons et les mauvais sentiments peuvent se mêler aux bonnes ou aux mauvaises odeurs : les roses de l'amour aux relents des dissensions et de la haine et le sentiment patriotique à l'odeur de la poudre. Si toi, tu peux tout sentir et tout ressentir : la désapprobation et l'hostilité sans puer la défaite, dis-toi que certains péteux ne peuvent plus se sentir, se blairer ou se piffer et que même, certains mégalos ayant sensiblement égaré leur raison, ne se sentent plus du tout, eux-mêmes.

*** Dans ce vent de folie, quand le besoin se fait sentir, ceux qui veulent péter plus haut, qu'ils n'ont le c..., ne sentent même pas partir le petit boulet de leur canon de recul. De même, l'archer d’Éros, son petit bouc-émissaire ne sent pas toujours la rose... C'est ainsi qu'à leur dernière heure, ils ne s'étonneront pas non plus, de ne pas se sentir partir, goûter les pissenlits par la racine.

La vie est un bouquet parfumé de nos mots et de nos sentiments. Hypersensible et nostalgique, pris par surprise, en cet instant, dans les fidèles sentiments de mon amour filial, je sens bien qu'il me faut dire, comme Sacha Guitry : "Mon père avait raison."

 

 62 Personne ne peut échapper au destin, au cours inexorable de la vie. Un jour, vous constatez que le temps fait son œuvre. Vous vous souvenez d'avoir vécu de merveilleux moments de bonheur, vous constatez que vous avez connu tant d'évènements qu'il vous est impossible de tous vous les rappeler. Vous ressentez le manque, le vide de l'absence parce que des êtres chers ont disparu.

Vous avez eu, je l'espère, la chance d'avoir bénéficié d'une enfance heureuse. Dans la piété filiale, l'affection que vous portez à vos parents conserve les délicates nuances des sentiments d'antan, les moments privilégiés de tendresse partagée et les éclats des voix qui se sont tues.

Assurance... vie !

62 - En ce jour banal et sans intérêt particulier, mon esprit flotte, mes idées flânent. Je ne sais pas pourquoi dans cette nonchalance, le visage solaire au regard bleu profond de ma mère m'apparaît !

***Douce et tendre nostalgie ! Je l'entends me dire : "Quand je partirai rejoindre votre père au séjour éternel, vous ne serez pas sans rien, ton frère et toi ! J'ai une belle assurance vie !"

Oh ! Mes amis de passage, aujourd'hui, qu'elle me manque tant, ces mots résonnent de toute leur douloureuse et cruelle ironie !...

Oui ! Me voilà, en ce jour, songeur, intimidé et déconcerté ! ... Un chant déchirant me monte aux lèvres : "Est-ce ainsi, que les hommes vivent ? Et leurs baisers au loin les suivent comme des soleils révolus." Aragon, Rilke, Léo, "Poètes vos papiers !"... Est-ce ainsi que les hommes... ?

Petite maman, à mon tour, je pense qu'il faudra bien un jour que ton poète de fils rime ses derniers vers accrochés au bout des lignes de ses strophes. En attendant, dans les remous des jours qui fuient, ceux de ma condition terrestre s'agitent au bout des lignes du destin. C'est ainsi qu'avec mes semblables, je mène et que nous menons nos existences au gré des flots des circonstances. Nous ne sommes que des poussières d'étoiles dans le vent trop léger de la vie.

Nous voudrions tout maîtriser, le cours du temps, le fil de l'eau, mais nous devons nager dans le torrent précipité des événements, nous débattre dans les tourbillons des tracas et de cascade en chute d'eau banquer jusqu'à la dernière goutte, jusqu'au dernier sou, dans la dernière flaque de l'argent liquide... Moi, en cet instant de filiale nostalgie, je revois plutôt la couleur argentée de ses cheveux jouant de tous ses reflets comme le font les nuages lorsqu'ils dansent sous la lune.

C'est ainsi, ici-bas, les flux de nos comptes courants nous emportent et nous flottons comme des bouchons au fil de l'eau vive ou stagnante. Nous voulons saisir l'instant comme un poisson dans la rivière mais il glisse et nous échappe. C'est le temps qui nous ferre avant de nous prélever.

***Il faudrait le voir pour le croire ! Certains n'ont d'autres perspectives que de se débattre au milieu de congénères affolés comme agités dans d'immenses bassins piscicoles. D'autres n'ont rien de mieux à faire que de tourner en rond, sans se cogner, les yeux fixes et écarquillés à la paroi de leur aquarium.

Pauvres pêcheurs, nous n'avons qu'une certitude, celle de nager entre deux eaux, avant la touche ! Pauvres épargnants, nous avons la ferme assurance de devoir passer à la caisse. Quand la vague d'un reflux monétaire contraire nous entraîne et nous rejette au bord, sans liquidités, dans les vases ou sur le sable des dépôts, c'est la houle de notre destin qui nous dépose sur un nouveau terrain d'expériences, ô combien hasardeuses où retentissent les dernières espèces sonnantes et trébuchantes de nos revers de fortune. Dans ce no man's land des errants, gluants et poisseux, nous sommes à découvert. Nous avons cherché l'aval mais nous avons surtout touché le fonds...

Notre temps de vie ou d'amour est comme le marché financier, la météo et le climat, variable et imprévisible ! Comme si c'était hier, je revois avec émotion, ma mère chérie, appliquée à tapoter sur son baromètre mural pour faire pression sur la Pythie et interroger ses oracles atmosphériques... Présomption de beau temps dans le doute des orages ou des avis de tempêtes, dans les hypothétiques éclaircies ou les imprévus capricieux du ciel ! Seul, pour mon frère et moi, l'amour maternel était en haute pression sous l'influence promise de l'anticyclone d'un essor de sa tendresse. Il était toujours tempéré, sous parfois quelques nuages d'altitude, car d'exigences !

Mais, il faut l'admettre, aucun de nous, sur la bonne terre nourricière, n'a la certitude d'un "beau fixe" permanent ! Les agriculteurs et les pépiniéristes scrutent les nues, les météorologues font la girouette. Gare à la dépression ! Les pessimistes, les velléitaires trop prudents ont toutes les raisons d'hésiter pour s'engager et agir. Ils sont semblables à des oisillons avant leur premier envol... Les passifs peuvent évoquer les contingences et prétexter l'aléatoire pour rester figés et englués dans le marais de leurs habitudes. Ainsi l'eau pure et courante de la vie devient-elle trouble et bourbeuse, ainsi croupissent dans les portes verdâtres d'herbes en haillons, les mauvais éclusiers du bonheur.

Quand maman se dépensait pour nous sans compter, ceux-ci s'épargnaient des tourments, ceux-là économisaient leurs efforts. D'autres fervents optimistes plaçaient leurs espérances dans l'activité permanente ! Ils se plaçaient eux-mêmes, espérant une augmentation de leurs valeurs boursières. Ils escomptaient sur les obligations de leur fonds de roulement en visant un rendement supérieur de leurs parts sociales et spéculaient sur l'intérêt rémunérateur de leurs actions !

Ô ma petite maman d'amour, c'est ainsi que va le monde ! Il adore le veau d'or ! C'est la bourse pour la vie ! Chaque jour de transaction sociale et professionnelle est un gain qui enrichit l'expérience et qui ruine le capital temps de chacun ! En effet, dans notre portefeuille, nous conservons tous, une ultime obligation, à terme, un dernier billet à ordre pour le jour ultime du grand voyage.

Oui ! Tu ne me l'as pas appris ni fait comprendre, mais à présent, je sais que le temps, c'est de l'argent.  Je vivais insouciant l'âge d'or du filon inépuisable de ta tendre et précieuse affection. Il a fallu ton absence pour que je comprenne la richesse et la magnificence du trésor de ton amour.

Aujourd'hui, j'ai découvert parfois à mes dépens que croire en l'existence et en l'autre permet de jouer sur le marché d'échanges, de se vendre ou de se racheter. A plus d'un titre, nous donnons de la valeur à nos transactions humaines dans l'attente de revenus substantiels ! Hélas ! Malgré les assurances mutuelles, les contreparties ne sont pas toujours lucratives, les virements produisent des agios en retour et obligent à des contreparties ! Les fruits ont plus de peaux épaisses que de juteux nectars !

Celui-ci, qui s'est lancé hasardeusement, s'est mis à découvert dans ses projets, celui-là, qui s'est mal associé, a presque tout perdu, passant du boom au krach ! Il en avait mis sa tête à couper mais elle a roulé à la corbeille ! La bourse ou le vie !

Sans le savoir, nous sommes pourtant tous des nantis. En effet, dès notre naissance, nous recevons une assurance de vie, un chèque en blanc, un titre au porteur ! C'est notre unique assurance car nous en ignorons le montant exact. Quand nous espérons une rente, nous n'avons en avoirs que des escomptes. Quelques bulletins de santé périodiques nous servent de relevés de compte mais nous placent souvent plus en débit qu'en crédit !

Et puis, un jour, comme ma petite maman, on reste sur la souche de son carnet de vie, devenu carnet d'échecs ! Nous devons comme elle, passer au guichet. On réalise alors qu'il faut encaisser les revers de fortune et toujours débourser. Après quelques boni en dividendes, la vie nous demande d'endosser ! Car nous avons tous une dette d'honneur inscrite au grand livre de l'existence ! Un soir, notre grand soir, le contrat est, soi-disant, rempli... Nous devons alors l'apurer et nous-mêmes, passer en pertes et profits !

Inutile de crier, "Remboursez !", nous avons droit ici-bas à un dernier transfert pour l'eau dormante, pour l'au-delà. Alors, ma petite "mère-veille", qui viendra nous dire ?... Est-ce que l'assurance "vie terrestre" n'est qu'une garantie temporaire ou une couverture tous risques pour l'inexorable mystère glacé d'une nuit sans fin ?... Existerait-il une assurance "vie éternelle", qui nous certifierait que nous ne perdions pas en vain, nos illusions et même, nos dernières gouttes de sang froid sur le marbre blanc de la nuit ?

 

Neuvième partie : leçons de sagesse.

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CRIS DU COEUR 01

Publié le par modimodi

Avant propos

Vous est-il déjà arrivé d'entendre et percevoir des voix et des signes étranges et insistants ? Si ce ne sont des acouphènes, quelles sont ces subites bizarreries de votre cerveau? Seraient-ce d'inconscientes manifestations de votre moi profond ?

Ici, maintenant et venu d'on ne sait d'où, avez-vous parfois ressenti un appel intérieur, comme si un léger écho vous parvenait, remontant des profondeurs de votre conscience... Sont-ce des intuitions qui naissent ainsi pour grandir et se développer en idées ?

L'écrivain, ce passeur de rêves et de mots, sait qu'il doit les capter, chercher à en déchiffrer les messages secrets afin d'en rapporter l'indicible et témoigner l'inattendu. C'est dans l'émotion, la passion et la joie, qu'il transmet le contenu, en précise les circonstances, en décrit les événements et analyse leurs conséquences.

Passeur de sens et de lumière, il ressent l'impérieux besoin de partager les tremblantes et mystérieuses images qui dans le miroir de son imagination virevoltent en de multiples impressions et fascinants motifs. Témoin de son époque, Il se donne pour mission d'informer, de conseiller, voire de s'insurger si nécessaire mais en veillant à toujours donner de l'espoir, de la légèreté, des couleurs et de l'éclat à la vie.

Avec sensibilité et ardeur, il se convainc alors dans cette pensée. " Si j'avais l'occasion de croiser mes contemporains, de connaître mes semblables, mes frères en humanité, je voudrais leur dire..."

 

Le monde autour de vous est un palais de la musique, une immense salle de spectacles, un grand auditorium ouvert gratuitement au public. C'est en échos et en chœur qu'y retentissent les cris du cœur de vos semblables. Prêtez l'oreille !

Qu'il soit symphonie ou music-hall, le concert est permanent. Le théâtre et le cirque donnent en alternance, une représentation quotidienne. Sur les gradins, venez assister aux comédies, aux tragédies, aux pantomimes où acteurs, récitants et acrobates donnent de la voix et l'expression de tout leur talent.

Dans l'amphithéâtre, la diffusion des émissions sonores, radiophoniques ou télévisuelles y est parfois donnée et des débats y sont enregistrés. Consultez le programme !

En libre accès, c'est ici, un bouillonnement créatif autour de questions sociétales, de thématiques existentielles dans l'air du temps ou dans l'intimité de vos consciences. Informez-vous en direct ! Le choix est conséquent.

Dans vos rencontres et vos déambulations, c'est encore ailleurs, une effervescence harmonieuse, polyphonique ou cacophonique de sons et d'appels, de chants chorals,  d'élégies ou de mélodies amoureuses, de réparties et d'exclamations, de harangues et de fantaisies expressives... Prêtez l'oreille aux intonations, au vacarme ou à la rumeur.

Un peu partout, dans l'hémicycle, au palais des barbons, le ton des politiques s'élève. Écoutez les ténors, les chantres républicains se déclarant la voix du peuple. Aux balcons et dans les rues, les concerts de casseroles retentissent. Dans les bars et restaurants, les commerces ou la rue, les avis clamés haut et fort et les éclats de rires, se font entendre bruyamment. Impossible de rester sourds.

Au sein des foyers, en famille, les conversations, les clameurs de la fête éclatent joyeusement tandis que les confidences et les profonds aveux se confient doucement dans les ombres complices ...

Le temps des amours, le temps qui passe et la nostalgie des temps enfuis de votre enfance vous rappellent leurs facéties et vous murmurent leurs secrets les plus intimes. Laissez traîner vos oreilles ! Écoutez aux portes et ouvrez grand votre cœur !

Nul besoin de trompettes de Jéricho ! Entendez dans l’aréna, les émois, les exaltations, le tumulte des opinions et des humeurs de cette époque agitée. Sur le forum, l'agora, percevez les résonances de périodes antiques où l'hubris et la sagesse se répondaient déjà. Laissez-vous surprendre par la modernité de ce que vous pensiez dépassé !

Sur de nombreux sujets, retrouvez-les questions brûlantes de l'actualité ou les thèmes éternels de l'humanité. Étonnez-vous en renouant avec les sensations et les réactions qui vous sont familières et approfondissez en souriant leurs significations profondes. Certaines sont autant de conseils pratiques pour mieux vivre en société.

A travers les interjections enthousiastes ou passionnées, ce sont souvent vos points de vue et parfois vos jugements, ce sont vos valeurs et vos convictions qui s'affirment dans la pensée et les expériences de vos contemporains. L'autre est toujours à votre image, une parfaite imitation ou la figue parodique de votre double...

Au final, la vie est un spectacle et le monde, une grande scène. Nous ne sommes que des acteurs qui donnons la représentation. Entrez en scène avec moi ou soyez spectateurs ! Le spectacle est de qualité et saisissant d'émotions, de drôlerie, d'idées et de pensées bouleversantes. On se réjouit et on gamberge !

Laissez-vous séduire, surprendre et interpeller ! Suivez-moi, je vous emmène !

1ERE PARTIE : A cœurs ouverts

1 De la naissance de l'univers à la naissance de l'amour, la sensibilité des hommes de bonne volonté, l'intelligence de leur cœur et de leur esprit, leur sens de l'humour sont les éléments fondamentaux de la réussite de leur existence.

Avant d'échafauder des théories farfelues et de réinventer le monde, d'emblée, rassurons-nous avec cette évidence.

ll y eut bien un matin et un soir pour que puisse advenir le premier jour. Mais qui aujourd'hui, possède la clé qui ouvre le fermoir de la grande histoire du cosmos ? Dans l'espace infini du vide sans fin, un son a t'il pu se propager et se faire entendre ? Même en dressant tous les télescopes et en tendant finement la grande Oreille, l'énigme reste mystérieusement entière dans un absolu silence.

Avant qu'on ne puisse percevoir le premier cri du cœur, comment en plein aveuglant rayonnement, dans quelle boucle du temps, parmi quels amas de plasma et de quelle marée noire de la matière, au sein de combien de particules élémentaires a pu surgir et s'élever le premier souffle, le tout premier cri de l'humanité ? Comment l'être humain a-t-il pu, au cœur des innombrables galaxies, glisser d'une petite étoile et croire en son destin terrestre ?

 La chandelle

1 Depuis l'origine, le tumulte de la création de l'univers, la primitive lueur, l'apparition du premier être vivant et la présence de l'Homme, avons-nous tant progressé ? La question mérite d'être posée.

Les astrophysiciens sondent inlassablement les ténèbres du temps pour découvrir la première étincelle qui a mis le feu aux poudres et fait Bing et Bang en éclatant ! S'ils admettent tous, l'idée du feu principe, personne ne peut dire exactement comment les planètes se sont embrasées et quelles explosions ont enflammé l'esprit humain ou battu le briquet de l'intuition divine. Le calcul ou le hasard ?

Dans le feu de l'action, nos ancêtres qui tapaient des silex ont pu, chauds bouillants, entretenir le feu de joie et le foyer. Dans la marmite céleste ou le chaudron du diable, le progrès a toujours eu un effet cuisant. Après ! Mystère ! ... La chose quasi certaine qu'on sache de l'évolution, c'est qu'il fallait être de mèche, sans être une triste cire pour pouvoir allumer la bougie ! Puis le cours du temps a fait le reste et accroché au passage, des pampilles au chandelier de l'univers.

Une fois, l'opération réalisée, il a fallu surtout savoir entretenir la flamme. Un esprit éclairé qui, pour être au courant, se tiendrait dans le courant d'air du temps, risquerait de l'éteindre. Ainsi certains, bien qu'ayant eu le feu sacré, se sont sûrement perdus, au siècle des Lumières.

Mes amis de passage sur cette belle terre, suivez ce bon conseil : si vous êtes une loupiote vacillante, ménagez vos éclats. Nul ne nous a dit si la luciole, ce ver luisant est  pour finir : "le ver de terre amoureux d'une étoile." dont parle V. Hugo.

La pensée, à l'instar de la chandelle, ne doit pas se laisser aller aux penchants de la facilité au risque de couler trop vite. Ceux qui ne sont pas des lumières peuvent toujours tenir la chandelle pour patiemment oser quelques propos éclairants. Mais rien ne sert de fréquenter des huiles qui s'en mettent plein la lampe, de poncifs suintants pour paraître brillants ! Vous feriez plutôt tâche même en allumant vos quinquets.

L'entretien des esprits est le même que celui des bougies. Il faut éviter de se placer dans les appels d'air comme de se faire moucher. Vous ne feriez pas long feu. Coupez vite la mèche avec ceux qui se sont déjà carbonisés. Nettoyez les relations avec les cerveaux aux propos suiffeux comme avec les âmes noires de pensées fumeuses, désagréablement couvertes de suie generis.

Par ailleurs, il suffit des intellectuels qui jouent à nous faire craquer avec des allumettes déjà flambées, des chiffes et des cires molles !  Aujourd'hui, une des causes du retard à l'allumage, c'est l'encrassement des bougies. Une belle excuse pour tous les esprits encalminés aux vieilles idées encroutées et contaminées !

Mon père, ce facétieux brillant me disait dans une boutade équivoque : "Ménage ton cierge, mon fils, la vie est une longue procession." Aujourd'hui, j'ai accumulé quelques chandeleurs et je me rapproche doucement de la retraite aux flambeaux. Si je goûte mieux le sens festif des anniversaires, je perçois mieux aussi le danger de se prendre une torche dans les fêtes aux lampions ou de souffler trop de bougies. avant de moucher la dernière.

Prenez-en conscience ! Dans tous les sens du terme, la vie vous gâte peu à peu mais ce n'est pas toujours, comme on le dit, "de la tarte" ! Au mai de vos amours, aux merisiers en fleurs, demandez-vous déjà, s'il reste beaucoup de cerises sur le gâteau de la vie ?

Vous, qui comme moi, croyez sûrement aux faux bienfaits des contes de la fée électricité, il n'est pas encore l'heure de clignoter. Alors, je vous transmets comme je peux ma flamme. Loin des néons criards, des lumières aveuglantes, à petit feu, j’allume votre lanterne, espérant trouver en vous, un peu de flamme pure et de cette lumière spirituelle qui continue de briller en vous. Je vous offre la beauté d'un clair-obscur dans un tableau de Caravage ou mieux encore l'illumination intérieure d'un Georges De la Tour.

Je vous invite plus simplement à goûter la douceur bleutée de ce ciel layette et la lumière de ce merveilleux printemps. Gardez précieusement vos yeux d'enfant pour saisir la magie et l'enchantement de la beauté dans la fragilité et l'éphémère d'un unique et pur instant. Ne cherchez pas les paillettes, vous les possédez déjà dans les filons secrets de votre cœur d'or.

Je vous recommande les bienfaits de l'intériorité contemplative, de la respiration profonde et de la méditation de la Parole. Soufflez sur vos nuages, poussez-les jusqu'au plus haut des cieux... J'ai fait mienne la leçon des Vanités. Chaque flamme vacillante est le symbole de l'illusoire de mon existence qui se consume dans l'ombre de la mort. J'en tire une puissante force de vivre.

Mais holà ! Père Ubu, point trop de sérieux ! "De par ma chandelle verte" ! Cette vie, apparemment sans queue ni tête, est peut-être une farce. Et pourtant ! Un jour, à mon tour, je m'éteindrai comme une étoile dans la nuit... Alors, en attendant ce redoutable instant, je veille à me tenir humblement comme un feu follet dans les éclats de ma joie de vivre.

Quand chaque souffle courbe ma flamme, je me redresse et je m'élève. Chaque état d'âme est une ascension lumineuse pour communier avec les esprits. Soyez confiants, frères humains, humbles passants, car vous en possédez aussi la mystique et la grâce...

 

Avis aux exaltés : Troubles 

2 CDC  Pour être à l'écoute de l'univers comme de vos semblables, il vous faut attentivement prêter l'oreille afin de les entendre. Mais pas de précipitation car il convient  surtout d'employer la bonne oreille, celle qu'on appelle l'Oreille du Cœur.

Elle vous permet de saisir les ondes acoustiques de vos semblables et d'en être troublés. Vous êtes les cordes de la harpe du vent qui propagent leurs sons en oscillant dans les ondes de vos frères humains. Mais en plus de frémir en corps à corps avec celles et ceux que vous croisez, elle vous offre encore, la joie ineffable de vibrer, en cœur à cœur, en d'invisibles dialogues, avec celles et ceux qui vous sont chers.

AP  1

Mes amis proches ou lointains, vous êtes tous des êtres sensibles, de chair et de sang ! Vous vibrez comme des diapasons en déchiffrant les partitions d'amour de celui ou celle qui a su faire jouer la corde sensible. Vous êtes pincés, touchés ! Le soliste rêve déjà de devenir virtuose ! Il feint d'ignorer que le désamour puisse un jour lui mettre le la, le holà.

Au fond de vous, vous sentez et ressentez ce qui vous convient et vous est profitable. Vous pressentez par intuition ou par un sixième sens, le danger ou un heureux événement. Cette réceptivité extrême, cette vibration, cet écho de votre environnement en vous, sont les ondes sismiques de votre envie d'agir et d'aimer. Elles vous motivent, font naître vos idées ou vos désirs sans pouvoir toujours les objectiver autrement qu'affectivement, comme dans l'amitié entre Montaigne et La Boétie : "Parce que c'était lui, parce que c'était moi."

Du temps perdu au temps retrouvé, êtes-vous même comme ce cher Swann, aimez-vous les chambres, les églantines et les madeleines, à l'heure du thé ? Êtes-vous toujours à la recherche du baiser perdu et pas seulement de celui de votre mère !...  Ah! Pauvre Marcel, qui ne put transgresser son désir de tendresse et d'amour maternel que dans l'impuissance et chez qui, la femme aimée qui avait hérité du caractère phallique maternel, ne put jamais être possédée... Pourtant, i big love M.Proust !

Oh ! Bien évidemment prudence en toutes circonstances ! Certains ou certaines abusent ou pourraient abuser de vous. Ils trouvent le chemin de votre cœur dans l'intention de le rebrousser. A vous promettre de vous faire prendre votre pied, celle-là ne pense peut-être qu'à vous le tordre dans les ornières des plaisirs faciles. Elle vous met à l'épreuve, vous tombez dans ses bras mais vous tombez "mâle". De la fleur bleue au bleu à l'âme, vous marquez le coup. Vous l'avez malheureusement dans la peau ! Sa sensualité, sans dessus ni dessous vous met les sens inverses, sens devant derrière. Vous en perdez la tête, vous allez en tous sens, en dépit du bon sens.

L'admiration que vous éprouvez pour un être que vous avez qualifié d'exceptionnel peut vous porter à la dévotion. L'aimer en odeur de sainteté peut vous faire tomber à genoux devant elle. Sa folle piété vous fera peut-être mettre les bras en croix ! De la violence furieuse de sa passion, elle vous fendra le cœur et vous finirez en gibet de potence comme un écorché vif au bois d'amour de son ciel de lit !

Loin de la dialectique du discours amoureux cher à R. Barthes, vous êtes dans la pratique de la maîtresse et de l'esclave. Si dans une relation sado-maso, vous en êtes cinglé et sanglé, elle vous prendra dans ses menottes et vous fouettera les sangs avant de vous cravacher. Vous avez pris la voie des plaisirs fétichistes et des sens interdits. Vous traversez l'extase dans des passages cloutés.

Elle vous stimule et vous éperonne. Vous vous prenez pour un fringant cavalier, vous piaffez, prêt pour la cavalcade. Vous pensez rester ferme sur les étriers, mais le trot est trop enlevé et au premier obstacle, vous faites le grand saut et mordez la poussière. Votre écuyère avait de l'amour une perspective bien trop cavalière. La belle amazone vous a bridé et vous avez fléchi devant ses dérobades.

Vous pouvez pousser de puissants soupirs, vous n'exprimez pas pour autant de vrais cris du cœur. Tout juste, vous situez-vous alors, dans le registre de la relation et de la communication. Vous vous écoutez au lieu de chercher à entendre l'harmonie.

Les sensations charnelles du corps viennent de l'extérieur tandis que les émotions intensément sensibles résident spirituellement dans le cœur. Dans l'existence, c'est ce que nous éprouvons, quand nous avons accueilli intimement l'autre en nous et qu'il est parvenu à nous troubler voire même à nous bouleverser profondément. C'est sa voix qui nous parle et qui entre en résonance avec les confidences des autres, ce sont les pensées bienveillantes, les expériences sociales que nous avons partagées qui nous mettent en symphonie dans leur pluralité polyphonique.

Oh ! Bien évidemment, la concupiscence peut un jour, affoler votre raison au point d'exciter puissamment vos envies. Une grande joie et une grande douleur peuvent aussi être poignantes ou jouissives au point d'en être exquises. Une intense ardeur est souvent dévorante comme la flamme qui exalte le feu. Combien de destinées, fussent-elles royales, s'en sont trouvé ainsi embrasées, renversées et ruinées !

Si vous êtes fougueux et lyriques, vous n'avez pas fini d'être prisonniers de vos émois et de vos emballements. Celle que vous appelez princesse vous fera peut-être don du royaume de sa beauté mais exigera de vous le faste qui sied à son rang. Pour être généreux, il va vous falloir avoir le gousset bien garni. Et même en étant bon prince, il va vous falloir sacrément vous en laisser conter pour croire aux vertus féeriques de la citrouille !

Rieurs : l'humour avec un grand A

3   C'est ainsi ! Que vous l'avouiez ou non, vous êtes tous à la recherche du bonheur et du grand amour. Mais dans la durée, le merveilleux des fictions enchantées ne suffit pas à vous satisfaire pleinement. Vous devez prendre une part active aux événements pour que se réalisent les promesses et vos rêves.

Que vous soyez naïfs et fleur bleue, que vous ayez gardé une âme d'enfant, que vous croyiez aux contes de fées, une optimiste espérance et  le sens de l'humour peut dans nombre de circonstances, vous rendre bien des services.

Rien de tel qu'un un trait d'humour qui dédramatise des réactions hérissées et  instantanées, rien de tel qu'un éclat de rire pour détendre un auditoire, entraîner l'adhésion, exalter l’enthousiasme.

Avant de réagir bruyamment, de pousser des cris du cœur d'approbation ou de réprobation, d'exclamations ou de déception, il vaut mieux être intégré dans son époque et comprendre ses contemporains.

Gardez l'esprit et le cœur ouvert !

CDC 12  "Quelle épique époque opaque !" Alors, mes amis, soyez drôles et fantaisistes, riez ou souriez !

Sensationnel à la une, tragédie ou comédie sur fond de drame ou de romance, votre petit monde s'étale et se ramasse au grand jour ! Le sérieux côtoie le futile et, le meilleur, le pire ! L'esprit étant la chose au monde la mieux partagée, voilà pourquoi, sans doute, en avons-nous, en avez-vous si peu ! Tous égaux dans le rationnement. Nous faisons tous le poids mais c'est un poids chiche.

L'entendement est source de malentendus ! L'intelligence n'est pas forcément au service de sa majesté quand la Pensée est confondue avec l'opinion ! Celle-ci est creuse et de plus en plus creuse, échancrée par d'incessants sondages, rendus publics avec des mots, des mots pour rire ou ne pas dire grand-chose. Rien à se mettre sous la dent ! Ce ne sont que des paroles en l'air, légères et en l'air du temps ou des points de vue sans perspectives ni points de vue ! Donnant, donnant, la bien-pensance est au comptant, content.

D'ailleurs, sauf à dire "au bon vieux temps", généralement, vous et moi nous ne savons pas tirer les leçons du passé. Tandis que le présent sait au contraire nous faire la leçon avec clinquant et suffisance.

*** La jeunesse semble avoir seule, la fraîcheur et l'insolence de la nouveauté, au bénéfice du goût du jour et de la couleur du temps. Avec elle, l'humour se fait tout sucre et tout miel. Il prend allègrement un humour, bon enfant de cœur, pour toutes les petites pommes d'amour, rouges de plaisir sur le grand manège de la vie. Pour le tour gratuit, chacun a le pompon. Et personne n'est en reste pour le joyeux festin comique, chacun a table ouverte ! De la farce à chaque plat !

C'est ainsi ! Pour échapper au catastrophisme, au pathétique et au tragique de la vie, on l'a rendue dérisoire et théâtrale et tenté de la sauver par l'humour. Place aux fous du roi, aux bouffons des médias, à l'ironie et la satire, aux hebdos et aux caricatures ! Histrions, amuseurs publics aux heures de grande écoute, spectacles, pochades et billets d'humeur ou d'humour, ont un même objectif : faire rire sans prêter à rire. Le spectacle est permanent et l'hilarité générale.

Et si, comme l'affirme Rabelais (Gargantua, -Aux Lecteurs-) " le rire est le propre de l'homme", la vie est une série continue de sketches... pour un jour, en mourir de rire ! Faute d'avoir l'esprit dans tous ses états, c'est l'état d'esprit dominant. Qu'il soit de bon ou mauvais goût, l'humour est indiscutablement roi. Les blagueurs font un tabac quand l'ironiste nous pince sans rire !

La croyance suivante pourrait être malicieuse... Pensez-vous qu'il serait possible de guérir de tous les maux par les mots d'esprit et d'engendrer la bonne humeur par la saillie ?... Allons enfants de la patrie ! Comme chez J.Tati, c'est jour de fête ! Pour la gaieté de l'escadron, l'esprit cocardier fait dans le cocasse du comique troupier ! Le grognard est goguenard. On se fend la pipe avant de se la casser. Le poilu se poile, se dilate la rate, se bidonne la bonbonne, se boyaute, se paye une pinte de bon sang et rigole dans la tranchée des jours avant de mourir ou au mieux d'éclater de rire, au champ d'honneur de l'humour patriotique, chauviniste et franchouillard.

Chaque rieur est un transformiste contorsionniste. Il rit comme une baleine à bosse et se gondole. Ayant mis du cœur au ventre, il se tord à ventre déboutonné et se marre à se décrocher la mâchoire. Il se fend la pêche et la poire pour s'en payer une tranche !... Petite et fraîche salade de fruits défendus pour des amants qui croient quand ils s'aiment, être aux anges et au verger du paradis. 

Dans les situations plaisantes et désopilantes, le rire étant contagieux. Le peuple hystérique et braillard rit à gorge déployée et à perdre haleine. Il est convulsé par la gaieté populaire et populiste, il se tord de rire, à en devenir bossu. Une chance, peut-être !... sauf pour le noueux  P. Scarron dont seul le "Roman est comique" !

Quand l'actualité passe et repasse les plats, une pointe de sel lui donne du piquant et un hilarant gag, moutarde la boutade qui monte au nez. Sans atteindre le plus haut comique, le brio ne brille pas plus haut ! Le drôle a toujours le beau rôle et invite le naïf à se rallier ailleurs, du bon côté des railleurs !

Bien sûr, le spirituel persiste et l'esprit est toujours vivace. Heureusement, qu'il existe pour les dindons gloussants de la littérature, autre chose que la farce ou la gaudriole ! En tout cas, faisons attention ! En effet, même, si l'étude des Bucoliques emprunte, au ras des pâquerettes, les fleurs de la rhétorique, l'humour lui, ne devrait plus désormais se pratiquer, au premier degré mais définitivement au second degré !

Vous le savez ! Il n'est d'ailleurs pas coton de filer le parfait humour ! A force d'être trop subtil, l'esprit ne parvient pas toujours à distiller des propos capiteux et enivrants et le spiritueux n'est pas la garantie du spirituel. Un trait d'humour narquois décoché par une flèche peut même provoquer une blessure d'amour propre et mener jusqu'aux larmes, le rire et l'amour.

D'ailleurs, si le rire est communicatif, l'amour ne l'est, hélas, pas forcément. Quand une histoire est amusante et prête parfois, sans intérêt, à rire, on dit qu'elle est impayable mais l'amour, tarifé ou pas, a toujours un prix.

Nous pouvons nous pâmer de rire et d'amour, au point d'en mourir. Nous sommes capables de rire du bout des dents, aimer du bout du cœur, connaître le fou-rire et l'amour fou. Nous sommes enclins à avoir l'humeur et l'humour "canaille- can i love you". Nous avons des mots pour rire mais nous avons souvent, après les petits mots d'amour, de grands maux pour aimer. Maladie d'amour, fièvre d'esprit et du corps, Doux Jésus, n'est-ce pas la Passion ?

Pas un jour sans Amour, pas un jour, sans Humour. L'humour est le mot pour rire de l'amour, il est de bon ton qu'il prenne non pas un R inspiré mais un H aspiré. Car c'est un fait d'égalité, l'amour et l'humour sont, pour ne faire qu'un, alter ego. D'ailleurs, puisque l'Amour de Soi conduit souvent à l'Humour des Autres, l'Amour des Autres ne devrait-il pas conduire à l'Humour de Soi ? Amis, riez de tout, surtout de vous ! Faites l'amour à l'humour !

 Contestataires : des pour et des contre

4  La vie vous en fait voir de toutes les couleurs, au point  certains jours, d'en rire jaune. Au quotidien, les inconvénients ne manquent pas pour contrarier vos activités : vos défauts personnels, les entraves administratives, l'impréparation, les obstacles matériels et les objections de votre entourage.

De l'humour et de la circonspection, il vous en faut donc un plein réservoir quand vous vous agacez de vos propres réactions. Vos hésitations à décider sur le champ, vos atermoiements pour vous engager et votre procrastination à vous lancer dans l'aventure sont des premiers motifs de contrariété. Mais tout bien pesé, il n'y a pas que vous qui fait obstacle, il y a les autres, vos semblables qui s'opposent et vous contredisent.

Souvent, nul besoin de laisser traîner l'oreille ou de deviner leurs pensées, ils vous affrontent ouvertement.

BAL CDC   4 Il faut bien l'admettre, nous sommes tous, au fond de nous, des êtres contradictoires ! Et pourtant qu'on se le dise, nous n'aimons pas beaucoup être contredits ! Un rien nous contrarie ! Nous voilà aussitôt prêts à passer à l'attaque, prêts à la contre-attaque ! Notre vie oscille en contretemps permanents, entre le pour et le contre !

Notre existence obéit à la loi des contrastes et des oppositions. Flûte alors ! Y'a des vies qui pétillent en blanc de blanc, des vies qui se Soulages, en noir c'est noir, des chats de nuit qui font des mines et des minettes et leur grigri qui dansent devant les souris !

Prudence mes amis ! Y'a ceux qui vous approuvent puis qui vous désapprouvent. Y'a ceux qui vous couvent et puis qui vous réprouvent. Y'a tous ceux qui vous mettent dans leurs combines et puis qui vous débinent, en douce ou en pleine trombine. Y'a même ceux qui vous embobinent en sourdine avant de vous tirer à la carabine comme un lapin ou une lapine ! Même Arlequin, le chérubin tire à la chevrotine la douce Colombine, lui préférant comme béguine une Mélusine bien plus coquine !

Puis, y'en a qui composent et d'autres qui s'opposent. Y'en a même qui débattent et puis qui vous combattent en vous cassant les pattes. Y'a des ânes de la chicane, des aliborons qui font le dos rond et des bourricots qui vous courent sur le haricot. Y'a des péquins plutôt mesquins qui vous taquinent et des faquins et des mannequins qui s'enquiquinent et s'acoquinent.

Y'a des despotes à la Pol Pot qui vous empotent et vous compotent. Y'a des coupeurs de cheveux en quatre qui vous prennent à rebrousse-poil ! Y'a des fanatiques barbants, aux idées révolutionnaires qui coupent court sur un ton tranchant et qui vous prennent la tête, d'un coup, d'un seul ! Youkaïdi ! Al Qaïda !

Y'a des pinailleurs de l'extrême. Dans la basse-cour de la pensée, y'a des caqueteurs et des ergoteurs venus de nulle part ou d'ailleurs, qui se disent philosophes ou gens de lettres. Ces contradicteurs discutaillent à contresens, ils "contredansent" d'un pied sur l'autre, trébuchent et clopinent en prenant des raisonnements inverses. Ils s'entortillent dans des arguments tordus aux antonymes approximatifs, ils sont toujours à contre-pied et à casse-pattes.

Y'a ceux qui disent le contraire de ce qu'il pense. Y'a ceux qui prêchent le faux pour savoir le vrai et contrefont à la vérité. Y'a ceux qui "contrebandent" les idées. Y'a ceux qui falsifient ; "bien fol est qui s'y fie !" Par insouciance ou "contrevenance", y'a ceux qui s'en balancent uniquement pour faire contrepoids et ceux qui te contrecarrent pour simplement contrarier.

Y'a même des pinailleurs à contre-voie du raisonnement qui ratent les correspondances. Y'a des chamailleurs mal embarqués mais pleins d'entrain, qui pensent, c'est insensé, être sur les rails du bon sens partagé. Mais en renversant la vapeur, ils se trompent d’aiguillage et déraillent sur les voies de garage des syllogismes et de la déduction !

Généralement, la logique de tous ces contestataires est uniquement binaire ! Ils se repèrent à la jumelle pour s'associer, s'imiter et faire la paire. Ils forment des couples et des duos, habitent parfois des duplex, aiment les duplicata au point de faire des jumeaux ! Les suivre est contre-indiqué. Le choix dans leurs éventualités est comme leur esprit, limité. Le jour ou la nuit, blanc ou noir, bien ou mal, oui ou non, sauf pour quelques cons bénits. Oui ! Oui !

Ceux-là vous approuvent, mais la tête vide de raisonnements et pleine de contradictions, changent d'avis comme de chemises. Avec eux, vous pouvez vous rhabiller ! Ils ont d'autant plus de facilités à fluctuer, qu'ils sont foncièrement indécis, chaloupant et oscillant d'un pied sur l'autre, mi canard, mi flamant rose ! Pourquoi s'ôter un tel plaisir quand, pour patauger, on a ainsi le choix de la mare et de la vase ! Pourquoi ne pas se dédire quand on n'a rien à dire !

Bien sûr, il faut de tout pour faire un monde ! La voie de la contradiction est une voie royale pavée de paradoxes. A la cour des fâcheux aux jugements boiteux, y'a jamais de miracles ! Dans la dynastie des rois médisants, y'a des roturiers de la pensée, des hobereaux terre à terre, des princes de gêne et des comtes à rebours ! Y'a des enchantés qui se font maîtres-chanteurs, y'a des encenseurs qui se font censeurs !

Eurêka ! Si on me cherche, on me trouve disait Archimède ! Qu'on ne me dise pas le contraire, disait un charlatan des sciences ! Et oui ! Foi ou croyances, y'en a qui attestent et d'autres qui contestent. Y'a même flûte ! Quelques pas futes-futes qui réfutent. Y'en a que tout rebute, y'en a qui sont en butte, qui pour un rien vous butent ! Y'en a trop qui discutent, trop qui vous persécutent ! La vie est une dure lutte ! Et si t'es pas dans le coup, t'auras le contrecoup !

C'est malheureusement ainsi ! Y'a partout des cons battant pavillon noir de la contre-offensive rationnelle ! Nous aussi ! Nous sommes en opposition avec les autres quand nous ne sommes pas d'accord avec eux, leurs décisions ou leurs choix ! D'indisciplinés condisciples deviennent des contestataires, terre à terre.

Dans les contre-allées du pouvoir, certains politiques qui sont loin d'être des lumières testent, sans l'ombre d'un doute, notre patience et nos convictions : "Que nenni, je nie et je dénie à l'heure du ni ni !" Oui, ceux-là à grand gestes, protestent en immodestes qui retournent leur veste ! Car à part eux-mêmes, c'est sans conteste, qu'ils vous détestent comme des funestes manifestes et des pestes qui vous infestent !

Mais heureusement, comme les contraires s'attirent et s'accordent, y'en a qui s'aiment pour un oui, pour un non ! Après avoir échangé et pesé le pour et le contre, ils croient se mettre à l'abri de toute contestation en échangeant des consentements mutuels. Comme ils n'ont ni anti dote, ni contre poison, ils sont contre, tout contre, cœur à cœur, à contre-cœurs !

Ah ! Consensus, mon bon, dit-elle, enamourée à son contre-péteur de mari ! Assez de contretemps, prends pour une fois ton temps ! Assez de contre-pied, prends avec moi ton pied ! Assez de controverse, tombons à la renverse ! Assez de délits, cieux ! Assez de contentieux, emmène-moi aux cieux des plaisirs délicieux !

Amis, faites toujours contre mauvaise fortune, bon cœur ! Allez au-delà du moindre contretemps, n'accordez pas d'importance aux contrevérités du contre-amour. Au contraire ! Petits ou grands amoureux, ne contestez pas l'inéluctable du grand amour. Ce serait contre-indiqué et préjudiciable. Par contre, soyez toujours pour !... Surtout, si c'est collés, serrés, tout contre eux ou contre elles !

Ententes : manques et besoins d'amour

5   De l'humour certes, il en faut mais et l'amour dans tout ça ?

Qu'on se dise, la vie a nettement moins de charmes sans sa présence, son assiduité et ses délicieux plaisirs.

L'amour omniprésent entre vous et nous est disponible en vous. Vous le possédez en plénitude dans les beautés et les bontés de l'existence. Il faut juste y croire ou s'en convaincre.

Quand l’entente est au beau fixe, il emplit durablement le cœur de votre compagnon ou de votre compagne. Il les épanouit, les rend souriants et heureux de vivre, au sein d'un foyer confortable, chaque instant d'un quotidien de qualité en partage avec vous. Le meilleur des mondes n'est pas une science-fiction, il se touche du doigt et du bout du cœur.

Rien ne devrait contrarier cet équilibre sentimental ou venir ternir l'éclat brillant d'une si radieuse radieuse félicité. Et pourtant certains jours, un nuage vient assombrir leur pur regard azur et barrer leur front d'une vague inquiétude. Vous devriez les rassurer de toute votre tendresse. Vous pourriez dire...

CDC 55     Ma douce amie, rien ne vous manque. Pourtant, il est des moments de vide dans l'existence. Des moments cafardeux où sans savoir pourquoi, vous ressentez comme une boule au ventre, un creux au cœur, un appel des profondeurs. Ce trouble est indéfinissable. Il vous envahit de sa mélancolie, comme l'ombre du désenchantement. Il vous déchire comme un adieu, il vous tourmente comme une absence. Vous vous enivrez du bouquet des pavots de l'ennui, vous vous fanez dans la décomposition suave des fleurs du mal de vivre.

Ce spleen est votre Sturm und Drang. Il pèse sur vos élans, ralentit vos envols, vous voilà albatros. Vous habitez les trous de ta mémoire, oublieuse des instants de lumière et de bonheur à claire joie. "C'est bien la pire peine, de ne savoir pourquoi, sans amour et sans haine, mon cœur a tant de peine"... Vous frissonnez au soleil.

Vous murmurez plaintive, quelques vers de Musset et de Baudelaire. Vous vous languissez, apitoyée sur votre faiblesse, l'espoir s'échappe, la vie s'enfuit ! Vous relisez  Ossian, vous souffrez avec le jeune Werther. La passion se dérobe, la tristesse envahit votre âme ! Vous vous sentez seule et perdue.

Moi, dans l'ombre de l'amour, je le constate impuissant. Des papillons noirs sortent de mon encrier pour envahir ma page devenue sombre. Mes mots vous effleurent. Vous vous retirez en vous. Le manque semble vous avoir ôté le souvenir des ivresses et l'ardeur de la passion. Loin des yeux, loin du cœur, vous vous sentez défaillante et inexistante.

Mon tendre amour, je ressens cette insuffisance. Pourquoi le monde est-il empli de ce tumulte et avance-t-il au rythme de cette marche funèbre ? Pourquoi cette inquiétude et ce découragement, ce chagrin suspendu ? Il est des énigmes que je n'arrive toujours pas à comprendre !...

J'y réfléchis pourtant... Arrêtons-nous un instant dans l'ombre douce des confidences et prenons, vous et moi, simplement un principe premier, celui de la vie. L'homme la reçoit pour la donner à son tour comme un précieux cadeau, dans un coffret de velours rouge éclatant de sang royal ... En son écrin, l'élan, le souffle, la première étincelle du feu de la création brûle en nos désirs, enflamme nos corps et embrase nos cœurs.

Qu'on le veuille ou non, personne n'échappe à son destin... La nature accomplit dans la complexité son œuvre mystérieuse et alchimique entre l'amour résolu et le hasard aveugle, les besoins et les aspirations, la matière et l'esprit. Vous le savez, c'est ainsi qu'on vient au monde, inconnu dans le plus riche dénuement, doux et ouaté, soyeux et peluché !

De fait, la vie est immanquable et pourtant certains, par manque de chance et de bonne étoile, la manquent lamentablement ! Pour quelles raisons ? Faut-il accuser les maladresses de ceux qui n'en "manquent pas une", comme on le dit familièrement ou constater, les carences de ceux qui manquent de tout, dénués d'opportunités, dépourvus de volonté ! Doit-on alors s'étonner que ceux qui réussissent, eux ne manquent jamais de faire preuve de dédain, en raillant ces gros ballots, en les traitant, à cœur joie, de pauvres ratés !

Apparemment, tout ne serait donc pas si simple ! En effet, il ne suffit pas de recevoir la vie, il faut la faire fructifier et se garder, autant que faire se peut, de manquer de moyens et d'espoir. Mieux vaut un trop perçu qu'un manque à gagner, mieux vaut des largesses que des restrictions. Pour vivre décemment, il est indispensable de posséder, au moins le nécessaire. Faute de quoi, nous aurions beau rêver d'une vie de château, nous ne connaîtrions qu'une vie de bohème. La grande vie rêvée ne serait peut-être que celle d'un patachon dans l'agitation des bâtons de chaise ! Douceur de l'espoir, rudesse du quotidien !

Mon tendre cœur, avec vous, je ne crains pas la pénurie de tendresse ou de câlins, je ne crains que le manque de temps pour que nous vivions pleinement notre tendre affection. Vous le savez, je ne manquerai jamais à ma parole. Je ne redoute que le manque de voix pour vous murmurer mes "je vous aime" et le manque de mémoire pour oublier de vous les dire ou de vous les crier !

Avec vous, je suis au comble de la félicité mais il me faut toujours craindre qu'elle ne vienne un jour à manquer. En amour, nous pouvons manquer d'expérience mais jamais de cœur ni d'esprit. Ainsi, nous ne risquons jamais de souffrir de l'abondance de sentiments ni de la surabondance d'idées. Notre amour est sans fin : en plénitude souvent comme en manque parfois, dans cette quête éperdue d'absolu et d'idéal.

Douteriez-vous de l'avenir et de notre constance ? Redoutez-vous cette indigence de preuves ou ce dénuement dans les manifestations de notre passion charnelle ? Avez-vous oublié que la rose des sables qui fleurit au désert est constituée de tous les baisers que les souffles du vent offrent en rafales à la dune ? Rien ne vous manquera jamais. Je me cristallise tendrement et lentement au plus profond de votre être. Entendez la voix des djinns qui vous murmure mon amour.

Mise en lumière : claire voyance 1/3

6 CDC 64      Redoutez la brume qui s'accumule au-dessus de vos têtes, chassez les doutes qui s'insinuent au cœur de vos relations, méfiez-vous des dangers et des pièges des fausses apparences. Tenez-vous dans la lumière !

L'existence partagée avec les proches a besoin de clarté pour distinguer les instants resplendissants du bonheur, les reflets trompeurs et changeants des impressions fugaces et les clairs-obscurs des ombres portées, hésitantes comme des nuages d'inquiétude.

Vous êtes comme chaque être humain, vous avez besoin de la splendeur du jour, de la promesse de l'aurore, de l'énergie et du feu de la vie. Il vous faut de la netteté et des évidences, de l'illumination et du rayonnement, posséder un esprit éclairé, clairvoyant et pénétrant.

Quand l'amour resplendit, vous en êtes surpris. Vous n'imaginez pas alors, à quel point le bleu des yeux de l'être aimé puisse rivaliser d'éclats et de pureté avec le ciel d'azur !

Vous vous étonnez de ce pouvoir extralucide et vous le lui avouez en puisant dans les exemples du passé.

6   Glasnost !

Ma constante et douce amie, vous m'avez confié que vous voyiez l'intensité de mon affection à travers l'expression de ma tendresse.

Au fond de mes yeux, le jour est clair comme mon cœur. Vous lisez dans mes pensées, vous devinez mes élans. Vous êtes divinement en claire voyance ! Notre amour est cristallin car pour vous, je suis transparent.

Transparent ! Vous souvenez-vous de ce mot en vogue qu'on entendait autrefois dans la bouche de quelques politiciens ou énarques. Je parle du mot médiatiquement magique, du sésame politique russe : "la glasnost", prônée par M. Gorbatchev, au moment de l'accident nucléaire de Tchernobyl, en 1986. Elle inaugurait une politique de transparence de l'information et un souffle de liberté d'expression ! ... Depuis, on a vu les résultats !

A l'époque, en URSS comme en France, les camarades de la perestroïka "glasnotaient" tous azimuts, croyant fonder sur les ruines des utopies dogmatiques et terroristes un nouveau monde économique et social, planifié par le Parti !...

Oui ! Mais pour quels bénéfices ?... "No comment" disaient alors les nombreux déçus... Mais ce n'était rien, selon la propagande officielle, que quelques avis malveillants, proférés par de faux partisans et d'affreux capitalistes libéraux qui les colportaient pour déprécier et dénigrer la grandeur de la belle Union soviétique !

Heureusement ! Ô ma brillante amie, que je ne suis pas pour vous, un slogan dépassé et que notre relation laisse aisément deviner la clarté de nos sentiments. Aujourd'hui, l'emploi du mot glasnost est passé de mode, aujourd'hui, les états et les partis ont tous dans leur programme, un autre sésame, une même promesse : La Transparence !

On la voit partout gravée au fronton des maisons de verre qui étincellent au soleil des démocraties libertaires ou libérées. Dans les médias, au clair de la une, après avoir promis la lune et cru qu'ils l'avaient conquise, quelques vieux lunatiques, astrologues de la politique espèrent nous faire croire à un siècle de spiritualité et de lumière !...

Mais  catastrophe ! Tout est noir comme les énergies fossiles polluantes, noir comme le bois calciné, la tourbe et le charbon après la combustion, noire comme la suie des moteurs diesels se déposant sur l'innocente nature, noirs comme les ourlets laissés par les brûlures sur les âmes sans cœur.. Noir comme le seul travail qui subsiste encore et rapporte un peu. Impossible de tirer le présent comme l'avenir au clair !

Sortant du buisson ardent, l'éblouissante lumière devait éclater, comme le proclamaient les nouveaux Moïse des peuples élus ! Mais en fait de révélation, les dix commandements appliqués sont ceux : du capitalisme et du profit financier, des échanges et de la concurrence sauvage, de la production et des cadences de travail, de la marchandisation des idées et des hommes comme de la suprématie des résultats, de la communication agressive et de l'information truquée. L'arche d'alliance est celle des coalisés de la mondialisation.

Entre vous et moi, heureusement le commerce est amoureux, empli de nos libres échanges. Les bénéfices sont répartis dans notre bien-être au bonheur partagé. Au-delà des apparences que nous offrons aux autres, nous incarnons vous et moi la transparence de l'amour. Les lueurs et les reflets que vous lisez en mes yeux naissent de votre clarté. Elle vous donne votre propre claire voyance.

Mise en lumière : claire voyance    2/3

7 CDC 65     Ombre et lumière.

Ma douce et spirituelle amie, nous vivons en intelligence de cœur et d'esprit, loin de tout obscurantisme. Chez nous, dans la pâleur des opalines, seul le clair peut être obscur.

Notre passion sort comme une eau limpide du rocher de notre foi commune. Elle jaillit pure de la source de nos élans et éclate au grand jour comme autrefois, une vieille évidence chez Monsieur de La Palisse.

Si chez P.Verlaine : " Le ciel "est" par-dessus le toit, si bleu, si calme... ",  il est chez nous, d'un bleu clair azuré, pur et sans voile, ouvert et infini comme l'exquise grâce légère et délicate posée en vous.

Avez-vous remarqué que dans notre société, afin d'avoir désormais l'air distingué et distinctif, chacun doit également posséder un laissez-passer de lumière, seul passeport admis pour un avenir brillant réservé aux esprits éclairés. A ce régime, les extralucides devraient faire fortune et les translucides, faillite !

Mais voyez-vous ma tendre alliée, au risque de vous étonner, je vous affirme que le ciel pur m'ennuie. Moi, je préfère l'inavoué de vos désirs et l'usure du jour enfui. Voyez-vous, ma mie, le bleu myosotis d'un seul de vos regards, les sortilèges de votre cœur et la nuit de vos cheveux sont mes affinités.

Loin de moi, une quelconque attirance pour ces sveltes starlettes pailletées en leurs tissus vaporeux, cachant dans la transparence le désastre de leurs appâts rances. Éphémères étoiles, semeuses d'étincelles et de poudre aux yeux ! ... Moi, le cristal me "glas !... Nost-algie" de Venise, des lagunes de Guardi, de la vie de Bohème, d'un air de Puccini !...

Mais attention ! Dans l'air ambiant des politiques, les promesses de pleine lumière auraient tendance à nous faire du trompe-l’œil. Prenons-garde à la transparence ! A trop laisser passer la lumière, nous risquons dans l'éblouissement de ne plus percevoir la pureté, de ne plus distinguer l'essence-ciel.

Si, c'est entre l'ombre et la lumière que se joue la tragédie, il faut donc toujours du mystère et du silence pour que surgisse la vulnérabilité. Le bruit et la fureur déclenchent la peur et l’effroi, la cacophonie étouffe l'entendement. Par bonheur, nous avons préféré le calme et l'embellie pour nos cœurs fervents et légers.

Ma flamboyante au regard étincelant, pourriez-vous, un seul instant, vivre dans la clarté permanente, en pleine lumière ? Imaginez-vous une vie sans secret, une vie sans intimité, en totale transparence ? N'auriez-vous pas parfois envie de mettre les voiles pour un ailleurs et de passer dans l'ombre, incognito, couleur muraille ?

Oh non ! Inenvisageable ! Parce que, niée serait alors l'adolescence, dénoncé le temps des secrets, violées les limites du dedans et du dehors, livrés les fantasmes originaires, perdue la cohérence narcissique du sujet ! Au pilon, le "huis clos" de Sartre, trahies les énigmes du Sphinx, démystifiés les hiéroglyphes de Champollion, révélés les symboles en spirale du disque de Phaistos, dans l'impasse, les enquêtes de l'inspecteur Wexford, cassé le pot aux roses, traquées les anguilles sous roche, asséchées les bouteilles à l'encre, interdites les arrière-pensées, dévoilées les belles vaporeuses ! Oh non ! Inconcevable !

Plus de cachettes et de sourdines, plus d'apartés et de mots couverts, plus de rires sous cape ou dans la barbe, plus de confidences ou de complots, plus de traître et plus de Judas ! Adieu Jarnac, adieu Ganelon, adieu faux-frères et faux-amis !

Si je mourais un jour, trahi, loin de vous mon amour, comme un célèbre héros shakespearien dans les brumes d'Elseneur, je sais que je n'aurais pas à craindre les spectres de vos faux-semblants ! Oui ! Vous êtes ma claire voyance !

Mise en lumière : claire voyance   3/3

8 CDC 66    Gloire aux laveurs de carreaux !

Mon amour, ma lumineuse, vous, la pure clarté du jour en moi, vous comprenez mieux à présent, pourquoi, je préfère votre claire voyance à ma transparence !

D'ailleurs ce serait folie présomptueuse que celle de tout comprendre et de tout dévoiler dans une relation fusionnelle, hors de tout espace et de toute propriété privée.

La perte du secret supprimerait la confiance entre nous alors que, faut-il le rappeler à nos frères humains, le droit au secret est tout entier contenu dans la Déclaration des Droits de l'Homme qui proclame les libertés individuelles. Nous sommes tous dès l'origine, citoyens de l'amour !

A vous comme à moi, il faut des lieux et des temps pour se voir et parler mais qu'on ne vienne pas nous imposer de tout dire ou de tout montrer. Le trop plein de paroles ou d'images est aussi pathogène que le non-dit.

Regardons autour de nous ! La transparence idéaliste et dogmatique est dangereusement aussi illusoire et persécutante que l'obscurantisme barbare et totalitaire. D'ailleurs, l'utopie est d'autant plus grande que, si la transparence laisse passer la lumière et permet à travers elle de distinguer les objets, elle ne garantit pas pour autant la clarté des objets exposés. Qu'il s'agisse de réalités instituées ou de projets et d'actions instituantes, il est toujours difficile d'être au clair !

Dans le rêve de l'humanité et l'espoir insensé du mieux vivre ensemble en paix et harmonie, ce qui est le plus pur, c'est le plus souvent la perte des illusions !  Généralement, c'est en pure perte que les désillusions laissent à croire au décalage entre l'idéal et le réel afin de se transformer aussitôt en de nouveaux et fols espoirs... Le monde se tiendrait-il du côté de la force obscure ? Est-ce d'elle qu'il tiendrait son espoir de lumière ?

Pour que perdure la transparence des politiques vitreuses, une race d'hommes providentiels est attendue ! Un nouveau peuple élu est peut-être en marche ! Car après le temps des prophètes qui aplanissent le chemin, voici que se lève la race bénie des laveurs de carreaux ! Gloire aux laveurs de carreaux ! Non à l'opacité, oui à la transparence !

Tandis que l'état du monde manque de clarté, de lumière dans ses perspectives et de transparence dans sa communication, moi, je vous contemple et j'admire votre beauté, ma diaphane ! Vous la diffusez en nuances et subtilités. Je vous devine à travers votre mystère diapré. Vous rayonnez en mille éclats. Je m'emploie à ne rien perdre de votre aura. Je décrypte vos pensées, je décode vos intentions, je déchiffre vos secrets. Nul besoin de pleine lumière, de recherche, de précisions. Le flou est plus suggestif que la netteté.

La simplicité de votre grâce naturelle est perceptible et même accessible à celui qui possède la finesse de l'observation et la pudeur des sentiments. Nous nous comprenons. Moi, je pressens vos élans. Nos émois ont la subtilité de la légèreté et tous nos aveux sont tamisés. Nos désirs s'unissent dans la complicité. Vous me transmettez vos intuitions et vous m'irisez les sens. Vous êtes le phare qui luit dans la nuit de ma conscience.

Vous savez être éclatante et m'éblouir sans m'aveugler car vous scintillez et chatoyez. Vous m'illuminez et m'enchantez ! Le temps est votre empire, vous vous tenez dans le privilège inné de l'immédiateté. Vous êtes ma clarté solaire et je suis votre Pierrot lunaire !

 

Mise en lumière : claire voyance   3/3

8 CDC 66    Gloire aux laveurs de carreaux !

Mon amour, ma lumineuse, vous, la pure clarté du jour en moi, vous comprenez mieux à présent, pourquoi, je préfère votre claire voyance à ma transparence !

D'ailleurs ce serait folie présomptueuse que celle de tout comprendre et de tout dévoiler dans une relation fusionnelle, hors de tout espace et de toute propriété privée.

La perte du secret supprimerait la confiance entre nous alors que, faut-il le rappeler à nos frères humains, le droit au secret est tout entier contenu dans la Déclaration des Droits de l'Homme qui proclame les libertés individuelles. Nous sommes tous dès l'origine, citoyens de l'amour !

A vous comme à moi, il faut des lieux et des temps pour se voir et parler mais qu'on ne vienne pas nous imposer de tout dire ou de tout montrer. Le trop plein de paroles ou d'images est aussi pathogène que le non-dit.

Regardons autour de nous ! La transparence idéaliste et dogmatique est dangereusement aussi illusoire et persécutante que l'obscurantisme barbare et totalitaire. D'ailleurs, l'utopie est d'autant plus grande que, si la transparence laisse passer la lumière et permet à travers elle de distinguer les objets, elle ne garantit pas pour autant la clarté des objets exposés. Qu'il s'agisse de réalités instituées ou de projets et d'actions instituantes, il est toujours difficile d'être au clair !

Dans le rêve de l'humanité et l'espoir insensé du mieux vivre ensemble en paix et harmonie, ce qui est le plus pur, c'est le plus souvent la perte des illusions !  Généralement, c'est en pure perte que les désillusions laissent à croire au décalage entre l'idéal et le réel afin de se transformer aussitôt en de nouveaux et fols espoirs... Le monde se tiendrait-il du côté de la force obscure ? Est-ce d'elle qu'il tiendrait son espoir de lumière ?

Pour que perdure la transparence des politiques vitreuses, une race d'hommes providentiels est attendue ! Un nouveau peuple élu est peut-être en marche ! Car après le temps des prophètes qui aplanissent le chemin, voici que se lève la race bénie des laveurs de carreaux ! Gloire aux laveurs de carreaux ! Non à l'opacité, oui à la transparence !

Tandis que l'état du monde manque de clarté, de lumière dans ses perspectives et de transparence dans sa communication, moi, je vous contemple et j'admire votre beauté, ma diaphane ! Vous la diffusez en nuances et subtilités. Je vous devine à travers votre mystère diapré. Vous rayonnez en mille éclats. Je m'emploie à ne rien perdre de votre aura. Je décrypte vos pensées, je décode vos intentions, je déchiffre vos secrets. Nul besoin de pleine lumière, de recherche, de précisions. Le flou est plus suggestif que la netteté.

La simplicité de votre grâce naturelle est perceptible et même accessible à celui qui possède la finesse de l'observation et la pudeur des sentiments. Nous nous comprenons. Moi, je pressens vos élans. Nos émois ont la subtilité de la légèreté et tous nos aveux sont tamisés. Nos désirs s'unissent dans la complicité. Vous me transmettez vos intuitions et vous m'irisez les sens. Vous êtes le phare qui luit dans la nuit de ma conscience.

Vous savez être éclatante et m'éblouir sans m'aveugler car vous scintillez et chatoyez. Vous m'illuminez et m'enchantez ! Le temps est votre empire, vous vous tenez dans le privilège inné de l'immédiateté. Vous êtes ma clarté solaire et je suis votre Pierrot lunaire !

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